Greensand : l’injection de CO2 en Mer du Nord ouvre la voie au transport maritime de CO2 liquéfié

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Avec les deux projets danois Bifrost, dont TotalEnergies est l’opérateur majoritaire, et Greensand conduit par Ineos et Wintershall DEA, 13 Mt de CO2 pourraient être injectés annuellement dans la mer du Nord, où les projets basés sur la technologie du capture et stockage de CO2 se multiplient. Plus avancé, Northern Lights doit démarrer en 2024.

Il sera peut-être une vitrine de promotion pour la capture et stockage de CO2 (CCS, carbon capture storage en anglais CCS), cette technologie qui permet de capter le CO2 là où il est généré – des centrales électriques d'origine fossile ou sur des sites industriels (sidérurgie, cimenterie, raffinage, chimie, pétrochimie…) –, pour être transporté vers des sites d’enfouissement ultimes.

Porté par le géant britannique de la chimie Ineos et l'énergéticien allemand Wintershall DEA, à la tête d’un consortium d’une vingtaine de sociétés, le projet Greensand est sans doute le plus abouti à cette échelle à se concrétiser dans l’Union européenne, responsable de plus ou moins 3 à 4 milliards de tonnes de gaz à effet de serre. « Il est la première chaîne de valeur complète », a fait valoir Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. C'est aussi une réussite européenne en matière de coopération transfrontalière ».

La cheffe de l’exécutif européen fait référence à une des particularités du projet : le carbone sera capté en Belgique (bientôt en Allemagne également), transporté par la route au port d’Anvers où il sera chargé dans des conteneurs-citernes construits sur mesure pour le transport maritime puis acheminé par la mer jusqu'à la plateforme Nini, dans la partie danoise de la mer du Nord, qui loge déjà de nombreux gazoducs et réservoirs géologiques vides après des décennies d'exploitation pétrogazière.

 Le CO2 sera transféré sur un jack-up où il sera maintenu à une pression de 20 bars et à une température de 7° C. Il pourra alors être injecté dans un réservoir à 1 800 m de profondeur.

En phase pilote

Le site aura la possibilité de stocker à horizon 2025/2026 jusqu'à 1,5 Mt de CO2 par an en puis 8 Mt de CO2/an en 2030. Cela correspond à plus de 13 % des émissions annuelles de CO2 du Danemark, expliquent les porteurs du projet.

Le projet se trouve actuellement dans la phase de validation du concept. Si elle est concluante, le CO2 sera transporté sur des navires spécialement conçus à cet effet. Les partenaires de Greensand prévoient de prendre une décision finale d’investissement (FID) au premier semestre 2024.

La technologie convainc de plus en plus. Les experts climat de l'ONU (Giec), ont estimé pour la première fois, dans leur dernier rapport de référence, que le monde devra recourir au captage et stockage du CO2, quelque 40 milliards de tonnes de CO2 étant émis chaque année au niveau mondial.

Elle fait pourtant débat. Appréhendé dans son cycle de vie complet incluant les émissions tout au long du processus, le process de captage et stockage du CO2 émettrait l'équivalent de 21 % du gaz capturé, soutient pourtant le think tank australien IEEFA.

Lire aussi : Effervescence autour du transport maritime de CO2 liquéfié

TotalEnergies, partie prenante dans quatres projets

À proximité, TotalEnergies a obtenu en février l’autorisation du gouvernement danois pour évaluer le potentiel de stockage de CO2 dans ses eaux territoriales. Ces droits portent sur une surface de 2 118 km2 et recouvrent les champs gaziers de Harald, actuellement opérés par le groupe français.

Le projet Bifrost, dont TotalEnergies sera l’opérateur (80 %) aux côtés de l’entreprise publique Nordsøfonden (20 %), est susceptible, à terme, d'assurer le transport et le stockage de plus de 5 Mt de CO2/an.

Le groupe français est impliquée dans quatre projets de ce type, tous en mer du Nord : outre le projet danois, le Northern Lights en Norvège, le NEP au Royaume-Uni et Aramis aux Pays-Bas (qui vise pour 2030 une capacité allant jusqu'à 8 Mt/an).

Northern Lights, plus avancé

Le très médiatique Northern Lights, lancé en 2020, doit démarrer en 2024 avec un potentiel de stockage dans des couches géologiques à 2 600 m sous la mer jusqu'à 5 Mt à terme. La coentreprise portée avec ses homologues norvégien Equinor et anglo-néerlandais Shell, a commandé, en octobre 2021, ses deux premiers navires de transport de CO2, d’une plus grande capacité que les navires actuels (d'environ 3 600 m³), au constructeur chinois Dalian, marquant ainsi la première phase du développement de ce projet.

D’une capacité de 7 500 m3, les navires transporteront le CO2 capté en Europe jusqu'au terminal de réception de Northern Lights à Øygarden, dans l'ouest de la Norvège. De là, le CO2 sera transporté par un pipeline jusqu’à son stockage permanent. Le terminal aura la capacité de stocker jusqu'à 1,5 Mt de CO2 par an dans un premier temps.  

En août dernier, le consortium a signé un premier accord commercial avec le fabricant norvégien d'engrais et d’ammoniac Yara. Le CO2 sera capté sur le site de Yara Sluiskil, son usine d'ammoniac et d'engrais située aux Pays-Bas. À partir de début 2025, 800 000 t de CO2 par an seront ainsi captées, comprimées et liquéfiées aux Pays-Bas, puis acheminées jusqu'au site de Northern Lights.

Adeline Descamps

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