L'an dernier, les livraisons de gaz de Gazprom, qui détient les plus grandes réserves de gaz au monde, n’ont jamais été aussi faibles depuis l'époque soviétique, a avoué le groupe d'État russe.
Pilier de l'économie russe dont l'État est actionnaire à hauteur de 50,2 %, le groupe pétro-gazier a interrompu en 2022 les livraisons de gaz à une grande partie du marché européen en fermant notamment les gazoducs Yamal-Europe et le Nord Stream 1 qui desservent l'Allemagne.
Selon les données du Forum des pays exportateurs de gaz, l'import européen de gaz russe par les pipelines est passé de 140 milliards à 63 milliards de m3, soit une baisse de 55 %.
Seul le gaz naturel liquéfié (GNL) échappe encore aux sanctions et à la désaffection des produits énergétiques russes par l'UE. Bien au contraire, faute d'alternative réelle, les pays européens ont acheté du GNL comme jamais auparavant.
Un bénéfice net en chute de 41,4 %
Pour autant, la suspension des livraisons pèse sur ses résultats financiers. Gazprom a annoncé le 23 mai un bénéfice net de 14,2 Md$, en chute de 41,4 % par rapport à l'année précédente, selon le rapport annuel publié le 23 mai.
L'entreprise cotée à la bourse de Moscou et dirigée par plusieurs proches du président Vladimir Poutine, ne devrait donc pas verser de dividendes à ses actionnaires pour 2022.
Un pic atteint dans les exportations vers la Chine
Si Gazprom a perdu en partie la bataille sur le plan de la valeur, les volumes ont été réorientés en grande partie vers l'Asie. L'an passé, les livraisons de gaz via le gazoduc « Force de Sibérie » à la Chine ont atteint leur pic avec 15,5 milliards de m3.
Il est toutefois moins aisé pour la Russie de rediriger ses exportations pour le gaz que pour le pétrole car les infrastructures et moyens nécessaires, (comme les méthaniers pour le GNL), sont coûteuses ou n'existent pas.
Ainsi, Gazprom envisage notamment de lancer en 2024 le chantier d'un nouveau gazoduc, baptisé « Force de Sibérie 2 », dirigé vers le nord-ouest de la Chine.
A.D