Céréales : la production mondiale révisée à la baisse, la Russie en partie responsable

Article réservé aux abonnés

Pour la première fois, un représentant du Kremlin reconnait l'impact de la guerre avec l'Ukraine sur les mauvaises récoltes de céréales. La Russie n'est pas étrangère aux révisions à la baisse des estimations de production mondiale par le ministère américain de l'Agriculture.

Sale temps pour les céréales russes. La récolte dans les régions productrices proches de la frontière a été altérée par la guerre avec l'Ukraine tandis que les conditions météorologiques – gelées printanières, sécheresse prolongée et précipitations intenses –, ont frappé nombreuses autres régions, dont la Sibérie, a indiqué le ministre de l'Agriculture Oksana Lut à l'agence de presse RIA.

Alors que les prévisions misaient sur une récolte de céréales de 132 Mt cette année, elles devraient être révisées à la baisse, a précisé le représentant du gouvernement russe, qui mentionne « d'autre part, l'impossibilité de récolter les cultures dans les régions où des opérations antiterroristes se déploient ». C'est la première fois qu'une personnalité officielle de l'État russe concède les impacts de la guerre et indirectement le pouvoir de nuisance de son voisin. 

La Russie a mis en place ce régime dans les régions de Koursk, la septième région productrice de céréales de Russie, et de ses voisines, Briansk et Belgorod, à la suite d'une incursion ukrainienne le 6 août. Ces trois grandes régions productrices de céréales sont devenues la cible récurrente d'attaques si bien qu'une grande partie du territoire de Koursk est passée sous le contrôle des forces ukrainiennes

Son gouverneur, Alexei Smirnov, avait indiqué en septembre, à l'issue d'une nouvelle attaque, que la récolte des céréales n'avait pas pu être achevée sur une superficie de 160 000 ha. Des dommages estimés à près d'1 Md$.

Au niveau mondial, les estimations de production en baisse

La Russie n'est pas étrangère aux révisions à la baisse des estimations de production mondiale de blé, soja et maïs par le ministère américain de l'Agriculture (USDA). Dans son dernier rapport mensuel Wasde (World agricultural supply and demand estimates), l'USDA prévoit désormais une récolte de blé pour la campagne 2024/2025, débutée en juillet, inférieure de 2,8 Mt à sa précédente projection, publiée en septembre.

Cette revoyure tient compte d'une production moindre d'un million de tonnes en Union européenne et en Russie et des 710 000 t en Inde. L'UE a connu une année marquée par des précipitations nettement supérieures à la moyenne, qui ont affecté les rendements.

La hausse des stocks en début de période et une consommation plus faible de blé qu'anticipé (- 2,4 Mt) ont permis de compenser le coup de rabot. « Ce qui a été retiré en consommation de blé à été ajouté côté maïs [3,5 Mt, NDLR], par un jeu de vases communiquants », a indiqué à Reuters Damien Vercambre, de la maison Inter-Courtage.

Signe inquiétant, la Chine, vorace client sur le marché mondial des matières premières, en particulier pour le maïs et le soja, a beaucoup moins importé de grain jaune. Le rapport Wasde à peine diffusé, les cours se sont délités, en particulier pour le blé, cédant 1,57 % pour le contrat de référence à la Bourse de Chicago. Un phénomène curieux alors que rien dans la publication n'aurait dû provoquer une telle réaction.

En Ukraine, les céréales mieux orientées

L'Ukraine bat la campagne de son côté et fait recette avec ses exportations pour la saison juillet 2024-juin 2025, qui avaient atteint 11,2 Mt au 7 octobre, contre 7,2 Mt peu ou prou à la même époque de la précédente saison, selon les données du ministère de l'Agriculture ukrainien délivrées il y a quelques jours. Sur ce total, le blé a représenté 6,5 Mt pour près de 3 Mt de maïs et plus de 1,4 Mt d'orge.

Le gouvernement ukrainien et les associations agricoles ont convenu de limiter les exportations de blé à 16,2 Mt afin de maintenir un approvisionnement suffisant pour la population locale. Cette mesure ne concerne pas les autres céréales. Jusqu'à présent, les négociants, qui ont exporté 731 000 t de céréales, ont utilisé près de 40 % du quota d'exportation convenu.

La récolte combinée de céréales et d'oléagineux pour 2024 devrait cependant tomber à 77 Mt, dont environ 54 Mt de céréales, selon le ministère. Pour comparaison, les exportations de céréales de l'Ukraine de la campagne de commercialisation 2023/24 ont atteint les 51 Mt, contre 49,2 Mt l'année précédente.

Adeline Descamps

 

Marchés

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15