Aucun obstacle important pour le projet de transporteur d'hydrogène liquéfié « à la française »

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LH2 Suiso Frontier

Le Suiso Frontier est le nom d'un transporteur d'hydrogène liquéfié pilote, fruit d'une collaboration japonaise. Il est censé préfiguré des navires d’une capacité voisine de celle des méthaniers actuels.

GTT, TotalEnergies, LMG Marin et Bureau Veritas avancent sur le navire de transport d’hydrogène liquéfié « à la française », qui avait été présenté en avril 2023. Le projet a reçu deux approbations de principe (AiP), validant l'adaptation de la technologie de GTT à l'hydrogène ainsi que la conception préliminaire d'un navire de grande capacité.    

À l’occasion de la septième édition du salon de la filière hydrogène, le spécialiste des systèmes de confinement de gaz GTT, TotalEnergies, l'architecte naval LMG Marin et la société de classification Bureau Veritas, ont fait état des avancées sur leur projet commun (annoncé en avril 2023) visant à développer un transporteur d’hydrogène liquéfié. Le navire a obtenu deux approbations de principe (AiP) auprès de Bureau Veritas.

La première concerne la conception d'un système de confinement à membrane cryogénique pour l'hydrogène liquéfié (expertise GTT). La seconde porte sur la conception préliminaire d'un navire d’une capacité de 150 000 m3.

Le stockage et le transport de l’hydrogène, à l’état gazeux, répondent à autant de contraintes que pour le GNL. Du fait de sa faible densité volumique d'énergie, pour le stocker, transporter et distribuer, l'hydrogène doit être soit liquéfié à pression atmosphérique mais à une température extrêmement basse (- 253 °C), soit être comprimé à très haute pression (700 bars), mais avec des risques de fuite, de corrosion et d’explosion.

Nouveau marché

Le marché de la décarbonation ouvre la voie à de nouveaux marchés, qui étaient jusqu’à présent marginaux car réduits à des niches (transport de CO2 liquéfié) ou pas encore couverts comme pour l’hydrogène.

Dans ce projet porté par quatre groupes français, TotalEnergies, qui y voit une opportunité pour évaluer le potentiel de transport à grande échelle de l'hydrogène, a spécifié les codes de design et les dimensions et capacité du navire et déterminé le mode de propulsion.

GTT – 80 % de parts de marché mondial des systèmes assurant le transport en toute sécurité des gaz liquéfiés –, a adapté sa technologie à membranes aux contraintes liées à l'hydrogène liquéfié. Un nouveau marché porteur pour l’entreprise qui part avec une expertise d’avance. La société française est par ailleurs engagée avec Shell, l’autre grand acteur du GNL, dans un projet de développement d'un navire de LH2 pilote de taille moyenne.

L'architecte naval LMG Marin, concepteur de l’un des tout premiers navires à l’hydrogène au monde (l’Hydra), a élaboré le design du navire en tenant compte du système de confinement à membranes et de la taille (parmi les plus grands).

Bureau Veritas, qui a délivré les AiP, a pris en charge les points qui relèvent d’une société de classification, à savoir l'évaluation des risques et de la conformité de la conception aux exigences réglementaires.

Impasses techniques

À condition qu'il soit vert, produit sans générer d’émissions de CO2, l’hydrogène est considéré par de nombreux pays comme un des principaux piliers de la transition écologique et énergétique en cours.

Il répond tant à la problématique de décarbonation de l'industrie (sidérurgie, pétrochimie, engrais ou la cimenterie) en permettant à ces secteurs de s’affranchir du pétrole, du charbon et du gaz, qu'à la mobilité lourde, y compris certains segments du transport maritime.

L’hydrogène ne constitue pas une énergie primaire directement disponible comme le charbon ou le pétrole. Mais comme vecteur d’énergie, il a de grandes qualités, notamment sa grande densité massique d'énergie (1 kg d’hydrogène contient autant d’énergie qu’environ 3 kg de pétrole) et sa capacité à produire de l’électricité (par électrolyse ou pile à combustible). En tant qu’intermédiaire énergétique, il peut aussi être recombiné avec le CO2 afin de produire du méthane vert (Power-to-Gas) ou des hydrocarbures liquides.

Mis à part les problèmes réglementaires, certaines impasses techniques empêchent encore à la filière de décoller sur le plan industriel. Il faudra notamment pour cela que l'électrolyse soit rentabilisée par rapport à la production vapo-réformage (à partir de gaz) qui sert aujourd’hui à produire de l’hydrogène. Lourdement émettrice de CO2.

Adeline Descamps

 

La France a doublé sa capacité de production d'hydrogène bas carbone mais reste loin de ses objectifs

La France est actuellement capable de produire 12 t d'hydrogène décarboné par jour, avec une capacité d'électrolyse installée de 30 mégawatts (MW), contre seulement 13 MW début 2023, a indiqué l'association France Hydrogène au premier jour du salon Hyvolution qui a fermé ses portes le jeudi 1er février. Pour autant, la France reste très loin de son objectif affiché de parvenir à 6,5 gigawatts (GW) de capacité de production installée en 2030.

Les projets industriels de production d'hydrogène par électrolyse qui ont bouclé leur financement en 2023 en France totalisent une capacité de 300 MW (1 400 MW en Suède et 550 MW en Allemagne), soit une capacité de production de 120 t d'hydrogène gazeux par jour.

Parmi les nouvelles installations figurent deux électrolyseurs Lhyfe, l'un de 5 MW à Buléon dans le Morbihan, et un deuxième de 5 MW à Bessières en Haute-Garonne.

Stratégie hydrogène révisée

Dans le cadre d'une stratégie hydrogène révisée, qui devrait être présentée ce printemps, la France va s'engager à construire quelque 500 km d'infrastructures pour le transport d'hydrogène décarboné, selon GRTGaz.

« On ne décide d'installer des tuyaux que si on a des clients, raison pour laquelle les réseaux de transport seront principalement installés autour de bassins utilisateurs de ce gaz recherché pour permettre la décarbonation des industries lourdes », a indiqué Anthony Mazzenga, le directeur de développement de l'opérateur du réseau de gaz lors d’une présentation sur le salon.

Le premier réseau de transport d'hydrogène par canalisation MozaHyc, entre la Moselle et la Sarre, est destiné à relier l'aciériste allemand SHS à des producteurs d'hydrogène basés en Allemagne et en France (Saint-Avold). D'une centaine de kilomètres au total, dont 70 km côté français, le projet est basé sur la reconversion de canalisations de gaz naturel (méthane) qui ne sont plus utilisées.

« Ce sera la première décision finale d'investissement de GRTGaz en 2024 », a avancé le groupe, aussi engagé sur le pipeline Bar-Mar visant à relier Barcelone à Marseille, dont l’itinéraire devrait être confirmé cette année. À ce stade, le montant de l’investissement et la date de mise en service ne sont pas évoqués.

 


 

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