Après des années sans marques d'intérêt, Maersk Supply Service passe dans le giron de l'armateur norvégien Dof

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La compagnie maritime norvégienne Dof a conclu un accord pour reprendre Maersk Supply Service et sa flotte de navires de support à l'industrie pétrolière et gazière pour un montant d'1,1 Md$. Une bonne affaire pour la holding d'A.P. Møller qui a cherché à vendre pendant des années sans trouver preneurs. Maersk reprend en revanche la spin-off de MSS positionnée sur l'éolien en mer, secteur en plein essor mais gourmand en capitaux.

Opération d’efficacité. L’armateur norvégien Dof Group, dont est actionnaire le magnat du transport maritime John Fredriksen (Frontline, Golden Ocean), met la main sur la flotte de Maersk Supply Service (MSS) en lien avec ses activités offshore de support à l’industrie gazière et pétrolière, précisément ses 22 remorqueurs de manutention d'ancre (AHTS) de construction récente (huit navires CSV, 13 navires AHTS et un navire câblier).

Maersk conserve de son côté le morceau d’entreprise, spin-off de MSS, récemment réorienté vers l’installation des éoliennes en mer. L’entreprise poursuivra ses activités sous son appellation Maersk Offshore Wind, basée au Danemark avec 40 personnes.

Un gain de plus de 400 M$ en quelques mois

Dans le cadre de cette transaction à 1,1 M$, pour laquelle une nouvelle filiale sera créée (Dof Offshore Holding Denmark), Dof qui a également fait l’objet d'une restructuration complète l'été dernier (dépôt de bilan et retour en bourse) pour colmater une dette de 6,5 M$, paiera 577 M$ en espèces et émettra de nouvelles actions.

L'opération sera financée au moyen d'une facilité de crédit de 500 M$ (fournie par DNB, Danske Bank, Danmarks Skibskredit et Deutsche Bank) et d’une levée de fonds jusqu'à 125 M$. La nouvelle société sera cotée à la bourse d'Oslo (comme la maison-mère). Le closing est prévu au cours du quatrième trimestre.

L'ensemble donnera naissance, selon la direction de l’acquéreur, à l’une des « plus grandes sociétés de services pétroliers cotées à la Bourse d'Oslo, avec une capitalisation boursière combinée d'environ 2,3 Md$ » (à la clôture le 28 juin 2024).
Après acquisition, le groupe, dont les activités principales sont la propriété et la gestion de navires pour la gestion de projets, l'ingénierie sous-marine, l'inspection, l'intervention à distance principalement l'offshore pétrolier et gazier, comptera plus de 5 400 employés et une flotte de 78 navires, dont 65 en propriété.

Maersk Supply Service Holding (MSSH), une filiale de A.P. Møller Holding, détiendra 25 % des actions de Dof à l'issue de l’opération, selon le communiqué, aux côtés d’autres actionnaires à l’instar de John Fredriksen (par l'intermédiaire de sa société Geveran Trading Company), Arne Blystad et Kristian Siem, des personnalités (norvégiennes) connus dans le sérail des affaires maritimes ainsi que des membres de la famille Møgster, les propriétaires historiques.

Manifestement, les actionnaires de Dof (50 % des actions en circulation) ont approuvé, le cours de l'action ayant grimpé de plus de 10 %.
 

Une issue heureuse pour Maersk Supply Service

Basée à Lyngby, au Danemark, MSS (1 400 personnes en mer et 260 personnes à terre) était la dernière entité qui résistait encore à la cession de toutes les activités que le groupe danois de transport et logistique ne considérait plus comme partie intégrante de son périmètre stratégique (conteneurs, services portuaires et logistique terrestre). À savoir toutes ses filiales dans l’énergie (Maersk Tankers, Maersk Oil & Gas et Maersk Drilling). Ces dernières années, les activités maritimes en lien avec l'industrie pétrolière ont été particulièrement chahutées, notamment à partir de la chute brutale des prix du pétrole en 2014. Maersk a dû injecter environ 1,3 M$ dans la compagnie maritime pendant ces années difficiles.

Dans le cadre de la réorientation (récente) de ses activités vers l'éolien flottant en plein essor, mais à forte intensité de capital et d'investissement, Maersk Supply Service avait été cédée en mai 2023 à MSSH pour une valeur de 685 M$. Soit un gain de 415 M$ entre les deux opérations distantes de quelques mois.

Les acteurs du marché s’étaient alors demandé si ses nouveaux projets dans l’éolien étaient une tentative de rendre Maersk Supply Service plus « désirable » en vue de la cession ou correspondaient à un vrai intérêt pour l'éolien offshore (MSS a été mis en vente pendant des années sans trouver preneur).

En août, la société norvégienne, dirigée par son nouveau patron Christian M. Ingerselv, anciennement en charge de Maersk Tankers (également détenu par A.P. Moller Holding), avait annoncé une restructuration de ses activités (installation d'éoliennes offshore et location de navires pour l'industrie offshore) avec réorientation géographique (champ d’intervention réduit) et nouvelle organisation managériale non sans casse : départ de plusieurs dirigeants et le licenciement de 130 employés.

En 2023, Maersk Supply Service a réalisé un bénéfice d'exploitation (Ebitda) de seulement 37 M$ pour un chiffre d'affaires de 423 M$. Mais le résultat net s'est élevé à 43,2 M$ contre 3,7 M$ en 2022.

Maersk Offshore Wind, aux nouvelles affaires

De son côté, Maersk Offshore Wind gage sur une amélioration du marché mondial de l'éolien en mer, portée par les objectifs de l'UE et des États-Unis, qui visent une capacité totale installée d'au moins 90 GW d'ici à 2030, et de plus de 400 GW d'ici à 2050.

« Le déploiement de l'éolien en mer doit s'accélérer pour répondre à ces demandes, et Maersk Offshore Wind peut réduire le temps d'installation d'environ 30 %, ce qui signifie une livraison plus rapide de l'énergie et des coûts d'installation plus faibles, conduisant à une meilleure économie totale de l'installation », fait valoir la direction.

Ancien directeur commercial chez Maersk Supply Service, Michael Reimer Mortensen a été nommé PDG de Maersk Offshore Wind. Pour ce faire, il gage sur son nouveau concept de navire d'installation éolienne offshore (Maersk Wind Installation Vessel, WIV) développé depuis 2018, dont une première unité a été commandée auprès du constructeur singapourien Sembcorp Marine, qui devrait lui être livré début 2025. Et ce, après avoir remporté un premier contrat auprès d’Empire Offshore Wind, la coentreprise entre les compagnies pétrolières Equinor et BP, à la manœuvre sur le parc éolien offshore au large de la côte est-américaine.

Dans le cadre de ce contrat, un accord a été conclu un accord avec Kirby Offshore Wind, une filiale de Kirby Corp., l'un des plus grands exploitants de navires de services offshore aux États-Unis en vertu de la loi américaine Jones Act.

En France, l’entreprise a décroché un contrat pour le transport et la livraison de trois éoliennes destinées au projet Éoliennes Flottantes du Golfe du Lion, au large de Leucate.

Adeline Descamps

 

La sortie de Maersk des secteurs de l'énergie

Septembre 2016 : Maersk annonce son retrait des activités liées à l'énergie

Août 2017 : Maersk Oil est vendu au français Total(pas encore Energies) pour 7,45 Md$

Septembre 2017 : Maersk Tankers est vendu à A.P. Møller Holding pour 1,2 Md$

Août 2018 : Scission et introduction en bourse de Maersk Drilling.

Novembre 2021 : Maersk Drilling est racheté par Noble Drilling pour 3,4 Md$

Mars 2023 : Maersk Supply Service est vendu à A.P. Møller Holding

Juillet 2024 : A.P. Møller Holding vend Maersk Supply Service à Dof Group
 

 

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