Le groupe pétrolier et gazier français entend substituer d'ici 2030 de l'hydrogène d’origine renouvelable (par électrolyse de l'eau, grâce une électricité éolienne ou solaire) à l'hydrogène gris (à base de méthane) auquel il a aujourd’hui recours pour extraire le soufre de ses carburants mais qui émet près de 10 t de CO2 par tonne d'hydrogène lors du réformage du méthane (CH4).
L'ensemble de ses raffineries en Europe sont concernées, notamment à Anvers (Belgique), Leuna (Allemagne) et Zeeland (Pays-Bas). Il était aussi question en septembre dernier des trois sites de Normandie, Donges et Feyzin ainsi que des deux bioraffineries de La Mède et Grandpuits. Mais la major française n'en fait plus mention aujourd'hui.
700 000 t de CO2 évités
Le 7 juin, la major française a annoncé avoir signé un accord de long terme de 15 ans (à compter de 2030) avec le groupe américain Air Products qui lui fournira 70 000 t par an à partir de 2030. Le groupe américain de gaz industriels a commencé à produire de l'hydrogène vert il y a sept ans et a alloué plus de 15 Md$ dans plusieurs projets d'hydrogène bas carbone, « ce qui en fait un fournisseur de premier plan et fiable », justifient les services du groupe français.
« Nous avons toujours cru que si nous rendions l'hydrogène propre disponible à l'échelle commerciale, la demande serait là. Ce contrat valide notre stratégie à long terme. De toute évidence, la demande est là, et elle augmentera considérablement à mesure que nous avançons », souligne Seifi Ghasemi, le PDG d’Air Products.
« C'est une première étape vers l'ojectif du groupe français de réduire de 40 % ses émissions nettes de gaz à effet de serre liées directement à ses opérations Oil & Gas (Scope 1+2) en 2030 par rapport à 2015. Cet hydrogène permettra d’éviter l’émission d’environ 700 000 t de CO2 par an », indique de son côté le communiqué de TotalEnergies.
Coût de production élevé
Aucune donnée commerciale n'a été communiquée, notamment le prix d'achat de l'hydrogène vert, dont on sait qu'il est particulièrement coûteux à produire, beaucoup plus en tout cas que pour l'hydrogène gris, largement utilisé dans le domaine pétrolier.
Parallèlement, TotalEnergies et Air Products se sont entendus sur les termes d'un premier contrat de vente d’électricité (PPA) de 150 MW issus d'un projet solaire au Texas conduit par TotalEnergies.
Adeline Descamps
