Assurance maritime : les primes se sont établies à près de 40 Md$ en 2023

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Le marché de l'assurance maritime a consolidé en 2023 la dynamique positive enclenchée depuis 2019, aidé par un environnement des sinistres relativement modéré. Contre toute attente au vu des tensions géopolitiques et des événements climatiques extrêmes.

« Dans l'ensemble, 2023 aura été une année positive pour les assureurs maritimes, avec un développement du marché observé dans toutes les branches. Le commerce mondial a continué de croître, ce qui a eu un impact positif sur la base des primes mondiales, en particulier pour l'assurance des marchandises. Le prix du pétrole semble s'être stabilisé, ce qui est bon pour le secteur offshore », résume Jun Lin, président du Comité des faits et chiffres de l'IUMI, qui a livré ses données à l'occasion de la conférence annuelle qui fin de se clôturer à Berlin.

Le marché a été aidé par un environnement des sinistres relativement modéré en 2023, aucun événement météorologique majeur ou accident de navire n'ayant eu un impact significatif sur les coûts globaux, malgré quelques incendies onéreux de grands navires, en particulier à bord de porte-conteneurs et de  transporteurs de voitures. Un sujet prégnant pour les assureurs de corps et de marchandises ces dernières années.

Un marché de près de 40 Md$

Tous secteurs confondus, l’assurance maritime a cumulé des primes pour un montant de 38,9 Md$, soit une augmentation de 5,9 % par rapport à l'année précédente. Le développement a été observé dans toutes les branches d'activité, l'assurance corps de navire bénéficiant d'une augmentation de 7,6 %, l'assurance cargo de 6,2 % et le secteur de l'énergie offshore de 4,6 %,

La répartition des primes n'a pas changé de manière significative par rapport à 2022, le fret représentant toujours la part la plus importante (56,9 %), devant l'assurance corps de navire (23,6 %), l'énergie offshore (11,9 %) et la responsabilité civile maritime (7,7 %). Par régions, l'Europe continue de dominer avec 48,5 % des primes mondiales, devant l'Asie/Pacifique (28,1 %), l'Amérique latine (10,9 %), l'Amérique du Nord (7 %) et le reste du monde (5,5 %). Après une longue période de déclin, les primes européennes remontent la pente depuis 2019.

« La hausse continue des volumes et des valeurs du commerce mondial [cargaison, NLDR] couplée à l'augmentation de la valeur des navires [coque, NDLR] ou l'augmentation du prix du pétrole qui induit une plus grande activité dans le segment de l'énergie offshore ont dopé les primes », résume Astrid Seltmann. Pour la vice-présidente de la Commission des faits et chiffres de l'IUMI, la faiblesse des sinistres au cours des dernières années, malgré des accidents isolés graves, a contribué à la bonne tenue générale du secteur.

« Cependant, des navires de plus en plus grands, des accumulations de valeurs croissantes, des changements dans la technologie et les carburants ainsi que dans les routes commerciales modifient la perception des risques ».

Assurance marchandises : 22,1 Md$, + 6,2 %

Sur le front de l'assurance marchandises, la dynamique positive enclenchée il y a quelques années a été confortée. Les primes ont augmenté de 6,2 % par rapport à l'année précédente, totalisant 22,1 Md$. Les ratios de pertes (le total des primes perçues soustrait au montant payé pour les sinistres) se sont améliorés dans de nombreuses régions. Cette situation, associée à des sinistres relativement faibles et stables, a créé un environnement positif pour les souscripteurs de fret.

« Les pertes se sont améliorées au cours des cinq dernières années. Il semble que les transporteurs et les opérateurs se concentrent davantage sur la prévention des pertes, ce qui est bénéfique pour toutes les parties concernées », commente Mike Brews, le président du comité Cargo de l'Union internationale de l'assurance maritime (IUMI).

Toutefois, les changements climatiques qui se matérialisent par manifestations au caractère exceptionnel et parfois dévastateurs (pluies torrentielles, cyclones, incendies XXL…) deviennent un sujet pour toutes les catégories d'assurance. « C'est le secteur maritime qui en subit le plus les conséquences. Les pertes de fret maritime dues à des événements météorologiques extrêmes ne sont plus localisées et les pertes qui en résultent commencent à augmenter. De même, les pertes de conteneurs en mer sont en augmentation », s’inquiète le professionnel.

Les conflits internationaux reste problématique lorsque les cargaisons transitent par des zones à haut risque telles que la mer Rouge et la mer Noire sous blocus maritime. « L'accumulation des risques sur un seul navire, dans les ports ou dans d'autres installations à terre reste un problème, mais les assureurs et les souscripteurs en sont beaucoup plus conscients qu'auparavant », reconnait Mike Brews.

Assurance cargo : 22,1 Md$, + 6,2 %

L'assurance cargo a généré 22,1 Md$ pour 2023, soit une amélioration de 6,2 % par rapport à 2022. Toutes les régions sont en croissance, l'Europe, qui représente 39,8 % des primes mondiales et l'Asie (32,2 %). En général, le pouls de ce marché bat au rythme du commerce mondial. Les souscripteurs de fret sont donc soumis à une grande incertitude compte tenu de la situation géopolitique.

Bien que les incendies et les inondations aient eu un impact sur les sinistres, les ratios pour l'Europe en 2023 semblaient plus positifs que ces dernières années. Les indicateurs d'autres régions ont également connu une amélioration depuis 2019. Le segment est toutefois encombré par certain nombre de problèmes récurrents, notamment les incendies de grands navires, les cargaisons mal déclarées, l'accumulation de risques, les événements météorologiques graves et l'instabilité géopolitique.

Assurance Corps de navire : 9,2 Md$, + 7,6 %

Dans la coque, les souscriptions se sont élevées à 9,2 Md$ (+ 7,6 %), dont 51,8 % absorbés par l'Europe, devant l'Asie/Pacifique (35,5 %). Le retour à une activité maritime normale après le Covid a eu un impact positif sur la valeur des navires dans la plupart des catégories et une demande accrue de navires a entraîné une augmentation de la base des primes mondiales. C'est particulièrement vrai pour les navires de soutien offshore, dont la valeur a augmenté de manière significative à la suite de la stabilité du prix du pétrole et de la réactivation des activités offshore. « Les armateurs investissent dans l'agrandissement de leurs flottes avec des navires plus avancés technologiquement pour répondre aux exigences du commerce mondial et, par conséquent, les assureurs de coque ont élargi leurs couvertures pour ces actifs de plus grande valeur », peut-on lire dans le rapport de l'IUMI.

La fréquence et le coût des sinistres, qui a pour la première fois dépassé le niveau d'avant la pandémie, ont connu une légère augmentation l'an dernier par rapport aux dernières années bien qu'ils soient restés à des niveaux prépandémiques. « La situation semble se stabiliser », a indiqué à ce propos Ilias Tsakiris, PDG de Hellenic Hull et président du comité sur la coque à l'IUMI dans une autre table ronde.

Si l'environnement post-pandémique a introduit de nouvelles dynamiques dans le paysage des sinistres, « le secteur réagit bien. Nous continuerons à suivre les fluctuations des sinistres, mais les perspectives sont plus équilibrées pour l'instant. »

En 2024 ?

« Le réacheminement des navires autour de l'Afrique comporte des risques supplémentaires mais, jusqu'à présent, nous n'avons pas constaté de problème important », indiquent les assureurs. Les échéances américaines, le changement climatique, les événements météorologiques extrêmes, la technologie des carburants sans carbone et les cyber-risques tiennent le haut du pavé dans l'inventaire des risques anticipés.

Adeline Descamps

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Retour des primes sur le marché offshore

Les primes mondiales sur le marché de l'énergie offshore ont atteint les 4,6 Md$ en 2023, soit une hausse de 4,6 % par rapport à 2022. Le Royaume-Uni continue de dominer avec les marchés du Lloyd's et de l'IUA qui représentent respectivement 28,2 % et 36,8 % des parts.

La fortune de ce marché repose sur le prix du pétrole, qui semble s'être stabilisé à un niveau relativement sain. Cela a entraîné un regain d'activité qui, à son tour, a conduit à une évolution positive du marché. Les primes avaient atteint leur niveau le plus bas en 2019. La croissance dépendra de la stabilité du prix du pétrole et des décisions de production de l'OPEP+, ainsi que de la capacité du marché de l'assurance, indique l'IUMI.

Sur ce segment, les demandes d'indemnisation ont également été relativement faibles ces dernières années. Cependant, l'année 2023 a été marquée par deux sinistres majeurs et les ratios de sinistralité (Europe) ont commencé à être plus élevés que les années précédentes.

 

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