Le premier démonstrateur de capture de CO2 à bord d’un navire est à l’initiative de K-Line, l’un des trois principaux groupes de transport maritime au Japon, et de son partenaire industriel, Mitsubishi Heavy Industries, pour la livraison de la « mini usine ». La première phase de test sur le vraquier Corona Utility, exploité pour transporter du charbon pour le compte Tohoku Electric Power, a été plutôt concluante. Il a notamment été possible de séparer et capter le CO2 rejeté par les gaz d’échappement des moteurs et l’équipage du navire a procédé en toute autonomie à l’exploitation et à la maintenance de l’installation. La pureté de 99,9 % du CO2 capté le rend apte à la valorisation. Les partenaires visent notamment des applications pour la production d’engrais ou de méthanol voire la récupération assistée du pétrole (en anglais, enhanced oil recovery ou EOR), qui consiste à augmenter la quantité de pétrole brut extraite à partir d’un gisement.
L’équipementier finlandais Wärtsilä et la compagnie maritime norvégienne Solvang ASA avaient annoncé fin 2021 leur intention de développer d’ici 2023 un pilote à grande échelle sur l’un des transporteurs d’éthylène de Solvang, le Clipper Eos d’une capacité de 21 000 m3. Wärtsilä a récemment annoncé sa première commande pour son système d’épuration prêt pour le captage et le stockage du carbone. Le fabricant néerlandais de scrubbers, Value Maritime, est plus avancé encore, ayant installé son dispositif sur une douzaine de navires.
La société de classification ABS a accordé une AiP au système de capture du carbone à bord d’un pétrolier de Stena Bulk, partenaire du consortium dont sont également membres Alfa Laval et Deltamarin. Le projet, d’une durée de deux ans, prévoit trois phases, dont la première a été achevée en 2022. Il s’agit désormais d’éprouver le concept à terre avant son intégration sur le MR de Stena et les essais en mer. Le projet vise à piéger au moins 30 % CO2 en valeur absolue, soit environ 1 000 kg par heure à un coût limité à 150 € par tonne de CO2 ou moins afin de permettre son déploiement commercial.
« Les caractéristiques des navires tels que la taille, le poids, la puissance ou encore l’espace de chargement font partie des critères qui influenceront le type de système. Tout ne peut pas être piégé, et plus le taux de capture est élevé, plus le coût et l’énergie seront conséquents », indique le courtier Gibson. Un cadre réglementaire international unifié reste à créer et des infrastructures à terre à construire. « Le stockage du CO2 à bord dans des cuves adaptées et le déchargement au port constituent des défis techniques qui doivent encore être résolus », reconnait la société de classification ABS.