Les intérêts maritimes s’aiguisent pour les terminaux en Égypte

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La concurrence s’exacerbe en Égypte, qui ambitionne de devenir le hub de transbordement de la Méditerranée orientale. Les plus grands armateurs mondiaux se sont positionnés en août dans un étrange concours de circonstances: Maersk à Port Saïd, CMA CGM et Cosco à Ain Sokhna, MSC à El Dekheila tandis qu’en mai Hapag-Lloyd a investi à Damiette.

6 juin 2022, Le Caire. Au cours d’une réunion avec le premier Ministre Mostafa Mabdouli, les ministres du Secteur public Hesham Tawfik, des Transports Kamel El-Wazir et du Commerce et de l’Industrie Nevine Gamea, le président Abdel Fattah El-Sisi fait part de son impatience, selon la presse égyptienne, et demande à accélérer pour mettre au standard les ports maritimes « afin de tirer le meilleur parti de la situation géographique du pays ». « Les projets doivent s’inscrire dans l’axe du canal de Suez et servir de lien entre l’Est et l’Ouest de manière à maximiser les échanges commerciaux entre les nations du monde », confirmera dans la foulée un communiqué de la présidence égyptienne.

L’Égypte, pont entre l’Afrique du Nord-Est et le Moyen-Orient, veut occuper une place centrale dans le système portuaire méditerranéen, s’imposant en « hub de transbordement ».

L’Égypte dispose de quatre ports à conteneurs le long de la Méditerranée, tous situés dans la région du delta du Nil. À l’ouest, Alexandrie et El Dekheila forment en fait un port jumeau, souvent appelé Alexandrie. À l’est, Damiette et Port Saïd sont situés à l’embouchure nord du canal de Suez tandis que le principal port à conteneurs d’Égypte sur la mer Rouge est Sokhna.

Maersk à Port-Saïd

Août 2022. Les annonces se télescopent. Un très laconique communiqué annonce la signature de deux pré-accords pour le développement d’installations portuaires avec Hutchison Ports, Cosco et CMA CGM, qui pourraient donner lieu à des investissements jusqu’à 800 M$ à Ain Sokhna et à El Dekheila (Alexandrie).

À peine quelques jours plus tard, le numéro deux du transport maritime de conteneurs, Maersk, fait part d’un investissement de 500 M$ pour exploiter un nouveau poste d’amarrage de 1 000 m au Suez Canal Container Terminal (SCCT) à Port Saïd, adjacent à celui existant de 500 m qu’il exploite à Port Saïd Est, où il a obtenu la concession pour 49 ans.

Cette annonce, faite à l’occasion de la visite du président de l’Autorité du Canal de Suez, Osama Rabie, aux Pays-Bas, intervient alors que APM Terminals (groupe Maersk) a achevé la phase II de l’expansion du terminal, portant sa capacité à 5,4 MEVP par an et son tirant d’eau à 17 m.

Mis en service en 2004, le SCCT est désormais capable de traiter les grands porte-conteneurs de plus de 20 000 EVP et se revendique « le seul en Égypte à pouvoir servir simultanément deux très grands porte-conteneurs » avec ses 18 grues STS de grande dimension. Dans le cadre du nouvel investissement, elles seront portées à 30 et le parc sera majoritairement électrifié. APM Terminals en est l’actionnaire majoritaire (55 %) aux côtés de Cosco (20 %), de l’Autorité du Canal de Suez (10,3 %), du secteur privé égyptien (9,7 %) et de la Banque Nationale d’Égypte (5 %).

Hapag-Lloyd et Eurogate à Damiette

À 70 km de là, à Damiette, où le gros-porteur conventionnel chinois Zhen Hua 15 a livré fin juillet trois portiques STS de très grande taille pour le terminal historique, le Damietta Container and Cargo Handling (DCCH), désormais équipé de treize portiques, Hapag-Lloyd et le manutentionnaire allemand Eurogate/Contship ont annoncé la construction d’un nouveau terminal. Ils ont été retenus en tant que concessionnaires pendant 30 ans d’une infrastructure d’une capacité de 3,3 MEVP, dont la mise en service est prévue en 2024. L’installation a reçu en juillet des équipements de grande portée pour prendre en charge les plus grands porte-conteneurs en service alors que les travaux de dragage portent le tirant d’eau à 16,5 m.

Le premier terminal (capacité de 2,5 MEVP) risque ainsi de perdre son principal client, Hapag-Lloyd, dont la part de trafic est estimée à 35 %, devant CMA CGM et MSC. Avec ses deux terminaux, le port bordant le Nil disposera donc d’une capacité de plus de 5 MEVP alors qu’il a traité 1,08 MEVP en 2021.

Hutchison Ports à Sokhna et à El Dekheila

Finalement, Hutchison Ports confirmera la signature des accords de concession avec le gouvernement égyptien qui avait fait l’objet d’une préannonce. Ils portent sur deux nouveaux terminaux à conteneurs à Ain Sokhna et à El Dekheila. Dans le premier, port de la mer Rouge situé à environ 120 km du Caire, le manutentionnaire hongkongais est associé à CMA CGM et Cosco. Dans le second, il retrouve MSC-Til.

L’investissement initial pour les deux projets est estimé à environ 700 M$, ce qui porterait les engagements totaux de Hutchison Ports à plus de 1,5 Md$ en Égypte où il exploite déjà des terminaux à Alexandrie.

Ain Sokhna est appelé à devenir un point névralgique. Il sera un des débouchés, s’il se concrétise, du grand projet de l’Égypte appelé « Canal de Suez sur rails ». Un investissement de 4,5 Md$ sur douze ans qui prévoit la construction d’un réseau ferroviaire de 1 825 km avec trois lignes fret et passagers à grande vitesse.

Adeline Descamps

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