L’étude sur l’hydrogène menée avec le Grand port maritime de Bordeaux se base sur l’hypothèse de la revalorisation d’un hydrogène de source industrielle. Est-ce la solution la plus accessible pour les ports?
Clément Ackermann: C’est une solution facile car l’hydrogène est un co-produit, donc a priori moins cher, mais il ne faut pas sous-estimer pour autant le process de purification nécessaire sur les rejets hydrogène de certains industriels qui peuvent être chargés d’autres molécules et métaux… Tout dépend des industries et de ce qu’elles produisent. Le coût d’installation d’un électrolyseur peut baisser dans les années à venir, mais l’incertitude demeure sur la compétitivité à long terme.
Quelles sont conditions logistiques nécessaires pour donner corps à de l’hydrogène décarboné?
C.A.: L’approvisionnement en électricité d’origine renouvelable, éolien ou solaire, consommera de l’espace. Pour le stockage, tout dépend des usages. On peut stocker sur le site de l’industriel car il détient les autorisations réglementaires nécessaires, puis acheminer par camions Tube Trailer jusqu’aux sites de distribution. Le raccordement au réseau gazier est plus incertain et ne se fera que sur le long terme. Des prospections sont en cours sur la compatibilité des canalisations avec l’hydrogène, sur la nécessité de tuyaux dédiés et d’installations pour mettre l’énergie en pression. Pour la conversion de l’outillage portuaire comme les grues, on en est juste au stade des démonstrateurs. Ce sont pour l’instant des produits de pointe et chers.
Quel est l’horizon pour un déploiement?
C.A.: C’est une filière émergente. Le plus gros électrolyseur installé aujourd’hui ne dispose d’une capacité que de 20 MW. Pour la mobilité, les projets ne sont pas viables sans aides financières publiques. Cela reste compliqué également de lancer des projets car nous avons besoin de monter en compétences. La manipulation de molécule soulève des problématiques de sécurité. Le secteur portuaire doit massifier pour dégager des marges. Il est donc plutôt attentiste. Tout dépendra surtout des directives françaises et européennes à ce sujet. Il peut cependant y avoir un effet filière qui permettrait alors de réduire les coûts et aiderait cette énergie à s’imposer d’ici à 2050.