Ce mois de novembre devrait voir enfin les lignes bouger sur les quais bordelais. Trois audits – financier, structurel et sur les systèmes d’information –, commandités par la préfecture de Gironde, chargée d’une mission de concertation, seront finalisés, avec d’éventuelles conséquences sur la gouvernance du Grand Port Maritime de Bordeaux. En parallèle, par décision du tribunal de commerce, le 7 novembre, le sort des 47 manutentionnaires de BAT, société en redressement judiciaire, devrait être décidé. De même, fin novembre, lors des Assises de la mer de Brest, l’intervention d’Édouard Philippe est attendue pour confirmer ou infirmer un possible transfert du GPMB aux mains du Conseil régional Nouvelle-Aquitaine.
Les autorités kazakhes misent sur près de 4,5 Mt de marchandises passant par Kouryk d’ici fin 2018, soit trois fois plus que l’an dernier. Cette ancienne république soviétique d’Asie centrale de 18 millions d’habitants compte aujourd’hui réduire sa dépendance aux matières premières en développant le transit commercial à partir de ses deux ports.
Après un automne de tirs nourris sur le port de Bordeaux et de conflits syndicaux, l’urgence s’impose pour tous d’avancer. Parmi la longue liste de griefs: le départ en juillet de l’armateur MSC, l’érosion des trafics au fil de la décennie, des projets de développement qui peinent à se concrétiser tel l’appel d’offre infructueux sur le Verdon, sans compter les heurts sociaux générés par la mise en redressement judiciaire de la société de manutention BAT… Et surtout, au coeur des critiques, assez unanimement partagées entre les collectivités locales, l’Union Maritime et Portuaire de Bordeaux (UMPB) et les syndicalistes CGT du port: le manque de dialogue avec la direction du port et son opacité sur ses positions stratégiques. Plusieurs voix, tant de députés que d’entreprises utilisatrices du port, se sont faites entendre pour dénoncer une « gestion totalement repliée sur elle-même ».
La Région, « prête » si …
Ni la réduction des effectifs du port depuis 2012 – date du rapport critique de la Cour des Comptes –, ni son chiffre d’affaires autour de 46 M€ (2017) avec résultat net positif, ni son trafic, pourtant en hausse ce premier semestre 2018 (Cf.dans ces pages), ne suffisent à apaiser les inquiétudes. Dans ce climat, un possible transfert de l’État à la Région gagne du terrain et trouve de plus en plus d’adeptes pour en faire une issue à cette crise de gouvernance. La Région, elle, se dit prête à condition que l’État offre des garanties sur l’enveloppe annuelle de 14 M€ de dragage et que d’autres collectivités locales s’engagent à ses côtés. Dans le cas où ce transfert entre État et Région venait à se confirmer, il ne serait cependant effectif que fin 2019 ou début 2020.
Si les entreprises adhérentes de l’Union Maritime et Portuaire voient cette régionalisation d’un oeil plutôt favorable « pour arriver à travailler plus finement », les syndicalistes CGT du port, eux, plaident pour le maintien d’une tutelle de l’État. « Le port de Bordeaux n’a pas besoin d’une régionalisation », pose ainsi leur secrétaire général, Cyril Mauran. « Il peut, comme à La Rochelle très bien fonctionné en partenariat seulement avec les acteurs locaux. La situation des trafics à Bordeaux n’est pas aussi catastrophique que nous pouvons l’entendre partout, avec de nouvelles lignes de clinker et de quartz, le développement de la ferraille avec Derichebourg, le démantèlement de navires… Le port de Bordeaux n’est surtout pas mort. En revanche, il nous faut un meneur et une feuille de route dans un état d’esprit de développement ».