Istanbul ne laissera pas tomber Haydarpasha, le grand port de commerce de la rive anatolienne qui fait face à l’Europe, au palais de Topkapi et aux grandes mosquées. Pour une raison simple, le port de commerce d’Haydarpasha, idéalement situé à l’entrée sud du Bosphore fut, est et restera toujours une plaque tournante entre deux continents (Europe, Asie) et trois mers (la mer de Marmara, la mer Noire et la Méditerranée). Pour une ville qui doit sa création et sa survie à l’activité maritime, cela compte.
Ainsi, avec chaque année 6 millions de tonnes (Mt) de marchandises traitées, 750 000 conteneurs et 1 400 navires de commerce à quai (cargos et porte-conteneurs), Haydarpasha est le 4e port de commerce de Turquie et le 2e d’Istanbul derrière le port neuf de Ambarli, à l’extrémité ouest de la ville, sur la rive européenne. Celui-là même qui attire désormais l’essentiel des navires qui mouillent par dizaines devant Istanbul.
« Marmaray project »
Certes il n’est donc plus le plus important des rivages de la mer de Marmara mais il reste toutefois le plus emblématique et n’a pas dit son dernier mot. À Haydarpasha l’on n’a pas vu se croiser toutes les richesses d’Asie et d’Europe depuis plus de deux mille ans, l’on n’est pas connecté par le rail depuis plus d’un siècle à tous les sites industriels du pays et toutes les villes d’Anatolie pour larguer si vite les amarres. Avec près de 3 000 mètres de quais, 5 bassins, 35 ha de terre-plein, 6 engins de levage de 40 tonnes, un terminal frigorifique et un terminal céréalier (34 000 tonnes par an), le port a des choses à faire valoir. Sa destinée passe par le rail.
La récente mise en service de la ligne Marmaray qui relie sous la mer les deux rives d’Istanbul et qui doit connecter dès l’année prochaine ce nouveau réseau interurbain à des trains grande vitesse, va permettre au fret d’Haydarpasha de bénéficier d’une connexion par le rail et de nuit à travers le Bosphore, et ce pour la première fois de sa longue histoire.
Par ailleurs, avec la remise en service de la vieille gare en bordure de quai, connecté au réseau « grande vitesse », l’activité ferries et passagers du port (360 ferries, 65 000 poids-lourds et 60 000 véhicules par an) devrait être dopée. On s’attend en effet à une augmentation de 40 % du nombre de passagers arrivant par le train dans cette zone.
Et l’on évoque aussi et déjà le retour des grands paquebots sur la rive asiatique et si attractive d’Istanbul… Avec 10 m de tirant d’eau et certains quais accessibles pour des navires de 460 m, Haydarpasha pourrait être l’un de ces très rares port de commerce, sis plein coeur d’une grande ville, à concilier quai à quai, des activités industriels, commerciales, touristiques et culturels. Face à l’Ouest et dans le soleil couchant qui inonde la pierre sable et rose d’Haydarpasha les vieux stambouliotes qui viennent prendre l’air le long des quais vous diront qu’ici, il en a toujours été ainsi.