La campagne 2016-2017 ayant été particulièrement mauvaise, cette progression est d’autant plus spectaculaire. Pour le blé, les principaux clients de Rouen sont l’Algérie (3,4 Mt), du reste premier client des blés français, suivi du Maroc (640 000 t) et Cuba (264 000 t). Pour les orges, le client privilégié de la France, l’Arabie saoudite, est aussi celui du port de Rouen avec un volume de 327 000 t, suivie de la Tunisie (306 000 t) et du Maroc (255 000 t).
Manuel Gaborieau, délégué commercial agro-industrie chez Haropa-port de Rouen, confirme que le marché à l’export sur l’Afrique, l’Asie et la Méditerranée a été une nouvelle fois chahuté par les ports de la mer Noire sur les six premiers mois. « Dans le même temps, en France, nous avons bénéficié d’une bonne qualité et d’une grande quantité de céréales. Les exportateurs français se sont tournés vers d’autres clients, notamment ceux de l’UE et, en particulier, les pays du Benelux… », estime-t-il en analysant les flux. Cette année donc, l’hinterland rouennais a été fortement mobilisé pour servir à l’export des pays tiers quand d’autres zones de production françaises ont trouvé des débouchés de proximité via des acheminements terrestres. À noter que les importations pour cette campagne 2017-2018 ne représentent que 80 000 t contre 235 000 t lors de la précédente campagne. « Depuis l’année dernière, les exportateurs russes se sont aussi positionnés sur l’Afrique de l’Ouest, un partenaire historique de l’Hexagone ».
« Nous travaillons sur plusieurs axes pour conforter la place de Rouen en tant que port majeur pour les céréales. Le premier est maritime avec l’approfondissement des accès maritimes du port de Rouen qui sera finalisé fin 2018. C’est un investissement majeur demandé par nos clients qui va notamment servir l’activité céréalière mais aussi renforcer l’attractivité de Rouen. Le chenal de navigation à nouveau gabarit va permettre d’optimiser encore les volumes », insiste Manuel Gaborieau. « Aujourd’hui, le standard rouennais est un navire de 30 000 t qui charge des céréales pour l’Algérie. Mais le marché se déplace de plus en plus vers des unités de 60 à 70 000 t ». La cible de Rouen, ce sont bien les « panamax » que le port est déjà en mesure d’accueillir mais tout en étant contraint dans son tirant d’eau. « Ils ne sont remplis qu’aux deux tiers. Après travaux, nous passerons d’une moyenne actuelle de 40 000 t par navire à 48 000 t jusqu’à 50 000 t ».
Le port rouennais a également revu sa politique tarifaire, accordant une baisse générale de 1 % des droits de port navire et marchandises à tous les acteurs, mais plus particulièrement pour ceux de la filière céréales, une réduction du droit de port navire de l’ordre de 25 % applicable aux unités d’un volume supérieur à 80 000 m3. « Rouen a été le seul port en France à avoir baissé cette année tous ses droits de port. Nous devons être en position d’accueillir les navires dans de bonnes conditions avec des coûts compétitifs », ajoute le représentant de la place portuaire.
Quant à l’acheminement des céréales vers le port, qui doit être « le plus fluide possible », Rouen investit « sur les accès routiers ou les appontements ». La filière des céréales devrait notamment tirer profit du tronçon ferroviaire Serqueux-Gisors.