Il ne s’est jamais autant consommé et échangé de céréales dans le monde. Pour autant, les cours des matières premières agricoles ont été emprisonnés dans un cycle baissier ces dernières années. Dans certains pays comme la France, ils ont à peine couvert le coût de revient des exploitants qui vendent leur blé entre 135 et 140 € la tonne en sortie de ferme, un niveau impossible pour dégager un revenu, indique Jean-François Lépy, directeur général des marchés de Soufflet, groupe pesant entre 15 et 20 % des exportations céréalières françaises. Selon l’AGPB (association des producteurs de blé), « 40 % des agriculteurs céréaliers sont dans le rouge tous les ans depuis 2013 ».
Retournement de tendance. Cet été 2018 restera marqué par la fièvre qui s’est emparée des cours du maïs, du blé et du soja, dans un contexte d’hyperréactivité aux « gros titres » liées aux tensions commerciales et aux inquiétudes des opérateurs sur la récolte 2018. Le conseil international des céréales a, plusieurs fois, au courant de l’été, révisé sa prévision de production mondiale de blé pour l’établir autour de 720 Mt, soit « son plus bas niveau en cinq ans ». La barre des 200 euros la tonne sur le marché à terme Euronext a été franchie fin juillet, épousant les oscillations du mercure. Pour rappel, en 2017, le même phénomène s’était produit: après une flambée durant l’été, les prix du blé s’étaient effondrés à la rentrée.