L’année 2017 a été un bon cru pour le trafic portuaire de céréales et de farines en Espagne, estimé à 16,5 Mt, en croissance de 9,3 %, dont 78 % de déchargements (12,9 Mt), selon les statistiques de Puertos del Estado. Avec les fourrages et les produits pour l’alimentation animale (8,7 Mt), les trafics atteignent 25,2 Mt (+ 7,2 %).
L’Espagne étant structurellement déficitaire en céréales, le niveau de la récolte détermine chaque année le montant des importations qui se font principalement par navire et, pour le reste, par camion en provenance de France. Or l’offre dépend de la pluviométrie. La forte sécheresse de 2017 a entraîné une baisse dramatique de la récolte, de 35,7 % à 15,5 Mt, pour une consommation nationale de l’ordre de 35 Mt par an environ. Les seules importations de blé ont bondi de 80 % l’année dernière (6,1 Mt), selon les statistiques du ministère de l’Agriculture.
5,1 M€ pour fluidifier
Les ports espagnols ont profité de l’embellie. Tarragone, leader du trafic en Espagne, a cependant enregistré une baisse de 9,4 % pour les céréales l’année dernière, à 2,9 Mt. Le repli s’explique par une concentration excessive et ponctuelle de navires, qui a obligé à détourner des cargaisons vers d’autres ports.
Carthagène se classe au 2e rang, avec 2,3 Mt pour les céréales (+ 21 %) devant Valence: 2 Mt (+ 5,3 %). La Corogne reste le leader de la façade maritime Nord avec un trafic en hausse de 27,3 % (1,4 Mt) pour les céréales. Les bilans d’Algésiras et de Barcelone font valoir des trafics à 1,3 Mt et 0,9 Mt, soit pour le premier un repli de 7,1 % tandis que la ville catalane bondit de 50 %.
Les à-coups du trafic ne dissuadent par les investissements. L’Autorité portuaire de Tarragone (APT) travaille depuis plusieurs années à la création d’un port sec agro à Monzon, près de Huesca, dans la région d’Aragon: le Terminal intermodal de Monzon (AgroTIM). Un service ferroviaire hebdomadaire entre le port et le terminal a été mis en service fin 2017, avec une capacité de 700 t. L’objectif est de libérer de l’espace de stockage, de réduire les flux de poids lourds et de se rapprocher des clients utilisateurs.
À Barcelone, l’opérateur Ergransa, spécialisé dans les céréales et le soja, a lancé fin 2017 un programme d’investissements de 5,1 M€ en vue d’augmenter la capacité et fluidifier la logistique. Au port extérieur de La Corogne, le grand projet en suspens est la liaison ferroviaire avec le réseau (6 km), indispensable pour donner une nouvelle impulsion aux trafics de vracs agroalimentaires. Le gouvernement précédent avait opté pour un financement à 100 % de l’État (ministère de l’Équipement et Adif, gestionnaire du réseau), soit 140 M€. La nouvelle équipe au pouvoir n’a pas encore dit si elle maintiendrait ce schéma.
Perspectives
2017 fut décevante. 2018 se présente différemment. Selon le conseil sectoriel de céréales des Coopératives agroalimentaires d’Espagne, l’offre nationale de céréales de cette année devrait progresser de 53,5 % pour se situer à 23,8 Mt, avec des hausses encore plus prononcées pour le blé tendre (+ 99 %, 7 Mt) et l’orge (+ 67,8 %, 9,4 Mt).