Ces blés de l’Est qui rebattent les cartes

Article réservé aux abonnés

Les exportations de céréales ont été sacrément bousculées ces dernières années. Les récoltes françaises ont énormément varié d’une campagne à l’autre: moissons record en 2015, catastrophiques l’été suivant, moyennes en 2017, pas mieux cette année. Depuis trois ans, les quantités et la qualité des blés français déçoivent. Les clients traditionnels, comme ceux d’Afrique de l’Ouest, font la moue et n’hésitent plus à aller chercher ailleurs ce dont ils ont besoin. Certains ont profité de ces défaillances pour occuper le terrain. Ainsi, les blés de la mer Noire, russes et ukrainiens notamment, sont désormais très convoités. D’autant que ces nouveaux compétiteurs ont bien évolué et affichent une qualité satisfaisante. Il y a encore une dizaine d’années, les lots de céréales étaient alors souvent peu homogènes, un défaut rédhibitoire pour les minotiers. Les marchandises ne convenaient pas à la panification, étaient souvent déclassées, passant à l’alimentation animale. Un autre problème récurrent était celui des grains piqués par les punaises, impropres là encore à la panification.

Révolution agricole

Depuis, les choses ont changé. Les taux de protéine s’établissent autour de 12,5 %, nettement au-dessus des 12 % nécessaires pour que la farine puisse être transformée en pain. Cet indicateur s’impose comme une norme sur le marché mondial des blés panifiables, que les origines françaises peinent parfois à atteindre.

Plusieurs facteurs jouent en faveur de ces compétiteurs. Le réchauffement climatique a rendu leurs hivers moins rigoureux, leurs printemps plus humides, favorisant ainsi les cultures de céréales d’hiver et de printemps. L’agriculture russe, autrefois puissante, est sortie peu à peu du marasme dans lequel l’avait précipitée la dissolution du bloc soviétique.

Les terres condamnées à l’abandon par la fin de l’expérience collective des kolkhozes ont été remises en culture. « Les défauts qui caractérisaient les blés de la mer Noire il y a dix ans ont été corrigés par la mise en place d’une filière de collecte et d’exportation bien structurée, avec des démarches de contrôle qualité et de tri », confirme Simon Aimar, directeur de l’activité céréales à la Sica Atlantique de La Rochelle.

En Ukraine, les exportations de céréales représentent ainsi 25 % des ressources en devises. Quant à la Russie, elle a très nettement fait de son agriculture une arme de conquête de nouveaux marchés.

« La récente dévaluation des monnaies locales a fortement contribué à la compétitivité des exploitations, favorisant leurs investissements », observe Jean-François Lépy, directeur général des marchés du groupe Soufflet. L’Ukraine et la Roumanie ont en outre bénéficié d’investissements des acteurs d’Europe de l’Ouest dans le foncier, le matériel, les infrastructures, la logistique et l’ingénierie. La richesse agronomique des sols a fait le reste. Les rendements sont en forte progression depuis 10 ans. Ainsi l’Ukraine a-t-elle vu ses exports maritimes passer de 25 à 50 Mt/an en une décennie.

« C’est un cercle vertueux au détriment des céréaliers de l’Ouest européen, souligne Jean-François Lépy. La compétitivité des exploitations européennes et françaises est devenue un sujet majeur ». La France exporte la moitié de sa production…

Céréales

Marchés

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15