Pour les agriculteurs allemands et les ports « céréaliers » de Hambourg et Rostock, de nombreux chiffres et estimations manquent encore. Mais une chose est sûre, l’année 2018 sera plus mauvaise que la précédente. Au point que la ministre fédérale de l’Agriculture, Julia Klöckner, pense à décréter l’état de « catastrophe naturelle », au moins pour les régions du Nord et de l’Est outre-Rhin, touchées par une sécheresse d’une rare intensité. Dans ses dernières estimations, le réseau des banques coopératives Raiffeisen évalue la prochaine récolte, toutes céréales confondues, à 41,5 Mt, soit nettement moins que 2017 qui, avec 45,5 Mt, était déjà considérée comme une très mauvaise année. Dans les Länder côtiers et ceux de l’Est, on évoque des reculs jusqu’à 50 % pour l’orge d’hiver et de 25 % pour le seigle et le blé d’hiver, entre autres. « Toutes les céréales sont touchées », précise le premier rapport sur les récoltes du Syndicat allemand des paysans (DBV) publié début juillet. En termes d’exportations, des tendances s’amorcent déjà même si les données brutes manquent encore pour les confirmer. Déjà en 2017, le port de Hambourg avait vu ses importations de céréales reculer de 5,6 %, à 4 Mt, les exportations reculant de 21,8 %, à 3,4 Mt. Or, au cours de ce premier trimestre, l’effondrement des exportations s’est confirmé, avec un recul de 18,2 %.
Pour Rostock, qui a déjà présenté son bilan du premier semestre 2018, le recul est également sensible. Après un volume d’échanges de céréales de 3,5 Mt en 2016, puis de 2,8 Mt en 2017, Rostock Port affiche des manques à gagner de 400 000 t sur le blé et l’orge et 135 000 t sur le colza de janvier à juin 2018. Cette mauvaise situation générale n’a cependant pas empêché Euroports de lancer, fin 2017, la construction de nouveaux silos céréaliers à Rostock pour une capacité de 160 000 t. « Au niveau national, le bilan de l’année va fortement dépendre de la qualité et du rendement des récoltes dans le Sud et l’Ouest du pays », conclut un courtier hambourgeois, contraint de prendre son mal en patience.