Quels ports profitent vraiment de la reprise des trafics

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Dans un contexte de montée d’actes dits anti-commerciaux, les ports tiennent leur rang dans la chaîne d’approvisionnement mondiale sans manifester pour l’instant de signes de faiblesse. Pour compter une vingtaine de ports parmi les 100 leaders mondiaux des ports de conteneurs, tout le monde a les yeux rivés sur le vaste empire chinois, qui manifestement continue d’expédier et de recevoir.

Ningbo, star portuaire

C’est ce qu’indiquent du moins les données agrégées à l’issue du premier trimestre 2018. Les ports chinois avaient représenté, en 2017, un peu plus de 5 milliards de tonnes de marchandises diverses et quelque 170 millions de conteneurs transportés. Ils ont totalisé, sur les trois premiers mois de 2018, 3,09 Mdt (dont 896,3 Mt en trafic domestique, en l’occurrence stable), soit un accroissement du 3,5 % par rapport aux 2,99 milliards affichés en 2017, à période comparable.

Avec 256,3 Mt fin mars (+ 5,5 %), Ningbo-Zhoushan, idéalement positionné au croisement de l’Asie du Sud et de l’Asie-Pacifique, réédite son coup de maître de l’an dernier: déboulonner de sa stèle Shanghai (en 2017, Ningbo a franchi pour la première fois dans l’histoire portuaire le cap du milliard de tonnes). Shanghai, qui garde toutefois le lead sur le conteneur (double de celui de Ningbo), a sous-performé au premier trimestre (– 2,6 %) avec 161,4 Mt.

Tangshan, qui était l’an dernier le port de l’Empire du milieu ayant enregistré la plus forte croissance (+ 31 %) pour les conteneurs, était en croissance de 2,8 % (140,1 Mt). Parmi les autres faits marquants, la hausse de la ville portuaire au Nord-Est de Hong Kong, Guangzhou (139,6 Mt, + 11 %), laquelle s’était déjà distinguée l’an dernier. Qingdao, déjà distancé en 2017 par ses homologues, continue de décevoir avec un trafic proche de zéro (127,9 Mt).

Sur les terminaux à conteneurs, la Chine avait traité, à l’issue du trimestre, 57,1 MEVP (+ 6,4 %), dont près de 10 M à l’actif de Shanghai (+ 4 %). Mais ce sont Ningbo-Zhoushan (6,5 MEVP) et Guangzhou (4,9 MEVP) qui brillent avec une envolée, à quelques dixièmes près, des 10 %. Shenzhen sort également du lot avec 6 MEVP, mieux de 6 % par rapport au premier trimestre 2017.

Le terminal opéré par Cosco Shipping, n° 1 chinois et le 5e groupe mondial de transport et de logistique maritimes, a clôturé le trimestre sur un volume de 22,7 MEVP manutentionnés, soit près de 3 millions de plus que l’an passé à période comparable. L’opérateur chinois doit surtout ce supplément d’activité a ses terminaux étrangers*, qui ne représentent que 5,9 MEVP du total mais 36 % de croissance. Naturellement, y est pour beaucoup la trajectoire du port grec du Pirée, (+ 20 %) dont il détient la totalité du capital, et ainsi la gestion des activités de transports (conteneurs et passagers) jusqu’en 2052.

Los Angeles – Long Beach, résultats mitigés

Seuls ports parmi les 20 premiers à ne pas être situés à une extrémité ou sur le trajet des routes Asie-Europe, les deux ports adjacents de Los Angeles et Long Beach (16,8 MEVP en 2017, + 8 %), présentaient des résultats mitigés fin avril. En cumul annuel, le premier (2,8 MEVP) accusait une baisse de 4,7 % par rapport à la même période il y a un an. À Long Beach, les trafics avaient engrangé fin avril 17,2 % de croissance pour atteindre 2,5 MEVP.

« Les importations et les exportations dépassent nos attentes jusqu’à présent », a déclaré Mario Cordero, le directeur exécutif du port de Long Beach, dans un communiqué. « Une partie de notre croissance semble être le résultat des tensions commerciales alors que les expéditeurs impatients se précipitent vers les marchés étrangers ». Des propos qui rejoignent l’analyse de la société américaine Panjiva estimant « qu’un assouplissement des expéditions en provenance de Chine n’était pas directement lié aux tarifs douaniers mais plutôt aux craintes que des tarifs puissent être appliqués ».

Les maîtres du range Nord

Sur le range Nord Europe, où règnent en maîtres incontestés Rotterdam, Anvers et Hambourg avec au moins les 3/4 du trafic maritime européen, la satisfaction est de mise. Du moins dans le port flamand (223 Mt, 10,4 MEVP) qui a achevé le premier trimestre sur un trafic de 58,33 Mt, en hausse de 7 %, et une progression de plus de 10 % en nombre de boîtes (2,74 MEVP). Si le conteneur reste un aiguillon de la croissance anversoise… il est aussi la limite de sa capacité opérationnelle, bientôt franchie. Tant et si bien que « la capacité de traitement du trafic conteneurs devra être accrue bien plus tôt que prévu », a déclaré Jacques Vandermeiren, directeur général de l’administration portuaire d’Anvers, à l’occasion de la publication des résultats.

L’autorité du port scaldien attribue ses résultats à la reprise des transbordements qui avaient « temporairement chuté en raison d’une pénurie de main-d’œuvre portuaire ». Le volume de conteneurs échangés avec l’Amérique du Nord a, pour sa part, augmenté de 14,7 % par rapport à un premier trimestre 2017. Les liaisons avec l’Asie ont crû de 7 %.

Avec 118 Mt, le trafic du port de Rotterdam (467 Mt, 13,7 MEVP en 2017) a fléchi, lui, de 1,2 %, décroissance trimestrielle liée aux vracs secs et au pétrole brut, que les conteneurs (+ 6,1 % en nombre de boîtes) et les autres liquides, notamment le GNL (+ 210 %!), ne sont pas parvenues à compenser…

* Actionnaire notamment du Suez Canal Container Terminal, terminal de Port-Saïd en Égypte, mais aussi des entreprises du groupe espagnol Noatum Ports, qui détient les terminaux à conteneurs de Valence, Bilbao, Madrid et Saragosse et du terminal reefer du port de Vado Ligure en Italie

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