Avec Reederei Jaegers, Sogestran s'impose dans le transport fluvial de vracs liquides sur le Rhin

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Crédit photo ©Reederei Jaggers
Avec l'acquisition de la filiale de transport fluvial de vracs liquides de Reederei Jaegers, le groupe havrais effectue une prise de taille. Sogestran met la main sur une des trois grandes références européennes du marché et s’impose comme une des têtes de pont du bassin rhénan avec une flotte de plus de 200 unités.

Sogestran est mentionné parmi les prétendants intéressés à l’ouverture du capital de l’armateur de navire de services Louis-Dreyfus Armateurs (LDA) qui a annoncé en juin dernier la possible ouverture – « de façon minoritaire » –, de son capital sous contrôle familial… Mais en attendant l’issue de ce dossier, qui devrait réserver une annonce choc en début d’année, le groupe havrais (352 M€, près de 1 000 salariés) opère une prise de taille dans son métier historique : le transport fluvial de vracs liquides, secteur dans lequel il a été un des pionniers en France notamment avec ses barges poussées spécifiques à des problématiques de transport (premières barges double coque). C’est donc un retour aux sources pour ce groupe piloté par Pascal Girardet qui a multiplié ces dernières années les incursions dans le transport maritime (industriel et spécialisé), notamment via La Compagnie Maritime Nantaise, armateur, propriétaire et gestionnaire de navires et commissionnaire de transport.

Une opération finalisée début 2025

Sous réserve des autorisations réglementaires d'usage, la compagnie allemande Reederei Jaegers passera dans le giron de la Compagnie fluviale de transport (CFT), division fluviale de Sogestran, dès le premier trimestre 2025. Soit trois ans après avoir engagé une discussion de gré à gré.

Avec cette transaction, le Français met la main sur une des trois références européennes dans le transport de produits pétrochimiques et chimiques opérant sur les voies navigables intérieures européennes. La CFT va ainsi ajouter une centaine de barges-citernes d’une capacité de 250 000 tpl à sa propre flotte. Le groupe familial s’imposera de facto comme une des têtes de pont du bassin rhénan avec plus de 200 unités (automoteurs, pousseurs et barges) et quelque 500 membres d’équipage.

L’armateur fluvial allemand, fondé en 1919 à Francfort mais aujourd’hui basé à Duisbourg, possède des sites à Hambourg, Rotterdam, Vienne, Baar (Suisse), Wecker. Les familles propriétaires, Jaegers et Valentin, actionnaires historiques du groupe Reederei Jaegers, cherchaient à se concentrer sur leurs activités gazières avec la société néerlandaise Chemgas Shipping B.V. (transport fluvial et maritime de gaz liquéfié).

Europe, terrain d'expression de Sogestran

En réaction à la désindustrialisation française, explique Pascal Girardet, le groupe, présent sur la Seine, le Rhône et la Loire, se développe en Europe du Nord, centre névralgique pour le transport fluvial, là où les industriels dans le raffinage, le bio-raffinage, la chimie, la pétrochimie ou la pharmacie, font passer leurs flux logistiques sur les différents fleuves européens et moins par oléoducs comme sur l’axe Seine.

En 2023, 20 % du chiffre d’affaires « fluvial » de Sogestran a été réalisé à cette échelle à travers ses filiales spécialisées : Camaro (conteneurs sur le Rhin), CFT Danube (carburants entre l’Autriche et la Serbie), CFT Luxembourg (biocarburants en Belgique) et ses joint-ventures Asphatrans (transport de bitumes sur le Rhin avec Reederei Jaegers), et LNG Shipping (transport de carburants conventionnels et GNL dans la zone ZARA, Zeebrugge, Anvers, Rotterdam et Amsterdam avec Victrol).

« Les deux groupes familiaux sont partenaires de longue date », rappelle le communiqué, notamment dans le transport de gaz sur le Rhône (via la coentreprise CFT Gaz) et dans le bitume sur le Rhin (Asphatrans, à 50/50 %). En 2016, Sogestran avait opéré le chargement inaugural d’une barge de 6 500 t de bitume, maintenue à 180°C, conçue et construite spécifiquement en partenariat avec l’armateur allemand Jaegers pour naviguer entre la Belgique et les Pays-Bas.

Un chiffre d'affaires où le maritime prend le pas

Le chiffre d’affaires du groupe havrais est à ce jour réparti entre quatre métiers. Celui du transport maritime émerge en surplomb (plus de 50 % des revenus en 2023), tirés par ses activités à forte marge dans la conception et affrètement de navires spécialisés. Le transport fluvial (produits pétrochimiques, colis lourds, conteneurs / Vracs secs), y contribue à près de 30 % contre 12 % pour le transport multimodal et 7 % pour les services aux industries.

Sa dernière grande opération remonte à l’acquisiton de Dubbelman, société hollandaise de transport de conteneurs sur le Rhin en 2021 et à celle de De Poli Tankers, société maritime hollandaise de transport de produits chimiques en vrac, qui deviendra Navquim (flotte de treize transporteurs de produits chimiques). Cette dernière a été cédée en novembre à Christiania shipping, du groupe norvégien Eitzen, qui peut désormais compter sur une flotte de 42 unités, dont 29 transporteurs de produits chimiques et 13 de GPL

Adeline Descamps

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