Où en est le projet européen Watertruck?

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Alors que 18 barges doivent être construites avant fin de l’année 2018 dans le cadre du projet européen Watertruck+, dont l’objectif est de permettre à terme le transport efficace de marchandises par les voies navigables intérieures à petit gabarit en Europe, un nouvel appel d’offres a été lancé pour la construction d’un pousseur. Selon le cahier des charges, disponible uniquement en néerlandais sur le site web watertruckplus, il s’agit d’un bateau de classe CEMT I, de 12 m de long pour 5,05 m de large, capable de pousser un convoi de 1 200 t. C’est le cabinet d’architecture navale INEC basé à Rotterdam qui a établi les caractéristiques techniques de ce pousseur, dont l’entrée en service est prévue début 2019.

INEC avait été choisi aux termes d’un appel d’offres clôturé en septembre dernier et auquel quatre candidats avaient répondu. Faute de réponse satisfaisante à un précédent appel d’offres pour la conception et la construction de ce pousseur, Watertruck+, société privée de droit belge créée pour piloter le projet*, avait en effet été contraint de dissocier en des marchés distincts. Un autre appel d’offres doit en outre être passé plus tard pour la construction d’un pousseur d’une puissance supérieure.

Barges en cours de construction

Quant aux barges qui opéreront, leur construction est en cours par le chantier hollandais Concordia, la première étant à livrer d’ici l’été. Concordia avait été choisi en novembre 2017 à l’issue d’un appel d’offres auquel 17 entreprises avaient répondu. Le marché, d’un montant total de 9,5 M€, comprend la fabrication de 18 barges, dont 13 autopropulsées. Dans le détail, Concordia va construire 10 barges autopropulsées de classe I, de 38,5 m par 5,05 m pour 2,8 m de tirant d’eau, équipées de propulseurs d’étraves. Quatre d’entre elles seront également équipées de motorisation à l’arrière. Deux barges non motorisées de classe II, de 40 m de long, 6,6 m de large et d’un tirant d’eau de 2,8 m seront en outre réalisées, ainsi que six barges de classe II de 50 m de long, 6,6 m de large et 2,8 m de tirant d’eau, dont trois par des propulseurs d’étrave.

Ces barges seront exploitées sur les canaux des Pays-Bas, de Flandres et du Nord de la France par deux entreprises basées en Belgique: le groupe De Cloedt, spécialisé dans le dragage et la distribution fluviale de granulats, et André Celis, société de matériaux de construction et de recyclage. Elles se sont engagées à cofinancer à hauteur de 50 % a minima la réalisation de 10 barges.

L’organisme public Waterwegen & Zeekanaal (devenu depuis De Vlaamse Waterweg suite à des restructurations entre organismes publics) s’est engagé, pour sa part, à faire transporter 415 000 tonnes de marchandises au cours des sept prochaines années.

Watertruck, un concept innovant?

Transposer sur les fleuves et canaux d’Europe, et surtout sur les plus petits d’entre eux, la simplicité d’usage et la facilité d’adaptation à tous les trafics offerts par le mode routier: telle est l’ambition du concept de Watertruck. Il s’agit pour cela d’utiliser de petites barges, typiquement au gabarit Freycinet, plus connu au niveau européen sous le nom de classe CEMT I, de façon à « aller chercher » les trafics au plus près des chargeurs, et ce grâce à la densité du réseau fluvial de petit gabarit. Ces petites barges, qui peuvent être autopropulsées ou non, sont ensuite assemblées en convoi dès qu’elles rejoignent un fleuve ou un canal de gabarit supérieur.

Contrairement à la pratique traditionnelle, il est prévu que le batelier ne « vive » pas en famille sur le pousseur (l’obligation de vivre à bord est une problématique qui nuit à l’attractivité du métier) mais rentre chez lui chaque soir, plusieurs bateliers se relayant pour les trajets les plus longs.

Aussi, le système de chargement et de déchargement des barges a été séparé de l’ensemble du processus de transport, les transporteurs peuvent ainso charger ou décharger leurs marchandises sans contraintes, en utilisant les barges comme un espace de stockage provisoire. Le micro-pousseur peut, quant à lui, continuer à travailler pendant les opérations de manutention, apportant ainsi une plus grande flexibilité aux opérations logistiques.

L’ensemble répond à plusieurs problématiques auxquelles se heurte à ce jour la navigation fluviale, a fortiori pour les bateaux de petit gabarit: il repond aux difficultés de recrutement puisqu’il s’agit-là d’emplois sédentaires et non plus itinérants. Il peut être une réponse également à la perte de rentabilité dans la mesure où le pousseur peut continuer à être exploité pendant les phases de chargement ou de déchargement de la marchandise. Enfin, il peut pallier à des contraintes de financement: il s’agit ici de flottes industrielles dans lesquelles investissent de gros opérateurs, et non des bateaux appartenant à de petits opérateurs indépendants.

* Dans le cadre du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe 2014 (MIE), qui permet notamment de financer des projets d’infrastructures, le gouvernement flamand a remporté l’appel d’offres lancé par la CE pour la mise en oeuvre du concept de Watertruck. Il a ensuite chargé De Vlaamse Waterweg de piloter le projet, via le « véhicule spécial » Watertruck+, société privée à responsabilité limitée, de droit belge.

Le chiffre-clé

9,5 M€

Le marché des 18 barges en cours de construction dans le cadre du programme Watertruck+ par le chantier hollandais Concordia s’élève à 9,5 M€. Elles seront exploitées sur les canaux des Pays-Bas, de Flandres et du Nord de la France par les groupes belges De Cloedt et André Celis.

Le budget global de Watertruck+ est de 23 M€, dont 11,5 M€ de subventions européennes (via le MIE), 9,5 M€ d’apports privés (exploitants des bateaux) et 2 M€ du gouvernement flamand (coordination du projet, études techniques…)

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