Un an et demi après l’introduction de la fameuse réforme portuaire qui devrait redessiner les contours du panorama portuaire, l’heure est au bilan. La « cure de la mer » mise en place par le ministre des Infrastructures et des Transports, Graziano Delrio, a fonctionné. Si de nombreux patrons des autorités portuaires se plaignent de leur manque d’autonomie économique, tous estiment que le regroupement de certains ports, qui a entraîné une diminution du nombre d’autorités, est une « bonne chose » permettant de rationnaliser les investissements et de développer les autoroutes de la mer. « Le réseau des autoroutes de la mer représente 772 liaisons hebdomadaires à partir des ports italiens, 2 millions de mètres linéaires de soutes, soit l’équivalent de 2 000 km, 70 % des navires RoRo sont gérés par des armateurs italiens et les autoroutes de la mer permettent de transporter 84 MEVP de marchandises contre 109 M sur les navires cellulaires », estime Ennio Cascetta, l’administrateur délégué du groupe Ram Logistique, infrastructure et Transports Spa. Reste le vaste chapitre remise en ordre des infrastructures et développement des ressources pour permettre aux ports d’accueillir les géants de la mer, un point sensible dont la solution passe par la mise en place d’un énorme réseau de partenariat pour rassembler des fonds.
Trieste performe sur les conteneurs
Côté résultats, la situation est inégale d’un bout à l’autre du pays. À Savone-Vado Ligure, l’autorité portuaire enregistre une baisse de 5,8 % de son volume de trafic de marchandises. À côté de Rome, le port de Civitavecchia note à l’inverse une augmentation de 7 % de son volume. Le scénario est identique à Trieste. Dans les détails, le port ligure de Vado affiche un bilan en demi-teintes. Les vracs liquides et les vracs solides ont grimpé de 8 % tandis que le compartiment conteneur a le drapeau en berne, le volume de trafic ayant chuté de 39,6 %. À Civitavecchia, les spécialités portuaires tiennent la barre. Au chapitre RoRo, le volume de trafic a progressé (3 % à 4,9 Mt) comme celui des conteneurs (+ 45 %).
Les autoroutes de la mer fonctionnent
La tendance est identique à Livourne, les chiffres soulignant une hausse de 16,2 % du RoRo grâce à la mise en place d’une politique de développement des autoroutes de la mer. Ce système marche bien à Civitavecchia qui annonce une poussée vers le haut du transport de voitures vers l’Amérique du Nord. En ce qui concerne les produits pétroliers, le port du Latium n’est pas très compétitif, les travaux pour la construction d’un quai à part et d’un centre de stockage étant loin d’être terminés. À Trieste, tête de liste au hit-parade des ports italiens dans le secteur des liquides, le volume de trafic de vracs liquides a augmenté de 70 %. Au chapitre conteneurs, Trieste domine encore le marché italien. L’an dernier, le port a enregistré un volume de trafic de 1,3 MEVP soit une augmentation de 26,6 % par rapport à 2016. À Livourne, les choses vont moins bien, « le manque de profondeur à l’entrée du port et la forme étroite des points d’accès compliquant les opérations des navires de grande dimension », estime l’autorité portuaire.
En ce qui concerne le transport de marchandises par voie ferrée, Trieste s’est inséré dans la lutte contre la pollution environnementale en développant ce secteur. La remise en ordre des infrastructures et la construction de nouveaux raccords ont permis d’augmenter ce type de transport. Pour le reste, le volume de vracs liquides a baissé de 16,1 % par rapport à 2016 contrairement à celui des vracs solides qui gagne 2,4 %.
Du côté du secteur des passagers, là aussi, la situation apparaît inégale. À Savone, les données soulignent une baisse de 7,3 % du trafic croisiériste et de 20,6 % au niveau de ferry-boat. À Civitavecchia, le nombre de croisiéristes a diminué de 6 % alors que celui de passagers utilisant les lignes maritimes a augmenté de 4 %. À Livourne, le scénario est plus ou moins identique.
Une réforme portuaire en 2016
Le décret sur la réforme portuaire italienne a été approuvé à l’été 2016. Il a réduit le nombre d’autorités portuaires, assoupli des organismes parallèles et allégé la bureaucratie. Son objectif: renforcer la compétitivité des ports italiens. Le nombre d’autorités portuaires passe de vingt-quatre à quinze avec le regroupement de certains ports. Le tout vise la mise en place d’un système portuaire plus compétitif et plus stratégique.