Le groupe maritime et logistique italien Grimaldi s’est distingué ces dernières années par ses initiatives particulières, tant dans les domaines de ses services maritimes, que dans ceux des activités portuaires et logistiques. Lors de sa dernière convention Euro-Med annuelle « From Land to Sea », qui s’est tenue en Sardaigne, la direction a une fois de plus démontré que le groupe faisait efficacement face aux contraintes environnementales auxquelles l’industrie du transport maritime est confrontée. L’enjeu: la réduction maximale des émissions de CO2, les moyens nécessaires pour y arriver, les coûts qui s’y rapportent, indispensables à la survie des entreprises. L’armateur Emanuele Grimaldi a bien défini la complexité de la situation. La décarbonisation est en cours d’accélération. La numérisation s’impose, ce qui implique investissements, concentrations et intermodalité. « En ce qui nous concerne, nous nous efforçons de maintenir une longueur d’avance en matière d’adaptations », a-t-il précisé.
Est ainsi annoncée la commande en Chine dans les prochains jours d’une série de six rouliers géants (G5GG – Grimaldi 5th Generation Green ou Grimaldi Hybride roro) assurément révolutionnaires, avec option pour quatre unités supplémentaires. Un investissement de l’ordre de 700 M€. Conçus par les services techniques de l’armement, assistés du bureau Nordic Engineering Knut&Handsen, ces futurs rouliers vont présenter des caractéristiques particulières. Longueur 235, largeur 34 m, tirant d’eau 7,2 m. Capacité 7 300 lm, soit 500 semi-remorques. Une rampe arrière axiale très large (capacité 150 t) donnant accès aux cinq ponts. En ce qui concerne la motorisation, il est prévu d’installer des scrubbers. Sur la liste des innovations figurent: un système de lubrification d’air créant des traînées de bulles sous la coque pour réduire la friction et la consommation de fuel; des panneaux solaires alimentant une installation de batteries au lithium de manière à réduire à zéro toute émission dans les ports (une première dans le shipping); aménagement de la forme de la coque et d’un bulbe hydrodynamique; nouveau système d’hélices; système de propulseurs d’étrave pour améliorer la manœuvrabilité dans les ports; l’utilisation d’un scrubber permettra de réduire de plus de quarante fois les émissions de manière à pouvoir satisfaire à toutes les limitations. Bref, des navires qui transporteront le double des unités précédentes. Ces unités seront d’abord alignées en Méditerranée.
Des navires d’une capacité de 8 000 CEU
Emanuele Grimaldi annonce un autre grand projet qui consiste à construire des ropax géants, qui seront beaucoup plus efficaces et performants sur le plan de l’environnement. À cela s’ajoutent des négociations avec le chantier Fincantieri, pour l’allongement de quatre rouliers et la jumboïsation de deux paquebots (60 M€), les m/v Cruise-Roma et Cruise-Barcelona, qui transporteront alors 3 500 passagers, 50 remorques et 50 voitures de plus. Il faut voir dans cette stratégie une recherche d’économies d’échelle…
Un autre investissement de quelque 7 à 800 M€ est en voie de concrétisation; la livraison d’une série de 10 PCTC, made in China, dont le premier Grande-Baltimore (63 000 Tpl) faisait une première escale à l’Antwerp Euro terminal le 1er octobre dernier. Il s’agit de la première unité d’une série de trois d’une capacité unitaire de 6 700 CEU (car equivalent unit/voitures). Les sept autres, dont la livraison également par le chantier chinois Jingking commencera en 2018, auront une capacité de 8 000 voitures. Au fur et à mesure des livraisons, ces unités remplaceront du tonnage affrété. Les opérations de chargement/déchargement se font via une grande rampe arrière oblique d’une capacité de 150 t et une rampe latérale pour voitures à tribord. La cargaison se répartit sur sept ponts dont quatre amovibles. L’intervention de scrubbers implique – comme pour les autres navires du groupe – une installation de traitement de stérilisation des eaux résiduaires. Cette nouvelle flotte de PCTC est, et sera, alignée dans un service hebdomadaire récent, géré au départ de Naples, qui dessert divers ports de la côte Est des États-Unis, le Canada (Halifax) et le Mexique. Le retour se fait en direct vers la Méditerranée, toutefois tous les douze jours un de ces navires fait escale à Anvers et parfois dans d’autres ports d’Europe du Nord. Par exemple, 2 500 jeeps sont régulièrement déchargées à Anvers. Selon la direction, ce service devrait générer l’année prochaine un trafic de 200 000 voitures, dont 150 000 westbound et 50 000 eastbound. À noter que ces navires chargent également des colis lourds – jusqu’à 5,2 m de hauteur – des projets et autres breakbulk en Italie et en Espagne.
Un premier bilan qu’a dressé Emanuele Grimaldi lors de la conférence est impressionnant. Chaque navire des trois classes (ACL G4, conros géants d’Euro-Med et Short Sea ropax géants) est conçu pour consommer 50 % de moins par t/km transportée que ses prédécesseurs en termes de CO2 et SOX. D’autre part, 11 navires ont été jumboïsés et rénovés, 6 seront prochainement allongés de 30 mètres, de sorte que la réduction en CO2 et SOX pour ces navires est estimée à 30 %.
700
C’est en millions d’euros le montant de l’investissement de six navires rouliers hybrides que le groupe Grimaldi a commandés avec une option sur quatre supplémentaires. Ces navires de cinquième génération doivent être hybrides. Ils présenteront une longueur de 235 m pour une largeur de 34 m, un tirant d’eau de 7,2 m et une capacité de 7 300 m linéaires.
Le canal de Panama enregistre un record
Le canal de Panama a enregistré un record de trafic au cours de son année fiscale, qui s’achève en septembre, a annoncé l’autorité en charge de sa gestion le 17 octobre. Avec 403,8 Mt, le canal de Panama voit son trafic s’accroître de 22,2 %. « Un record qui va au-delà des attentes », a souligné l’administrateur du canal de Panama, Jorge Luis Quijano. Ce sont les porte-conteneurs qui représentent la plus grande part des navires ayant transité par le canal. Au total, ils ont représenté 143 Mt pendant l’année fiscale 2017 dont 89,1 Mt uniquement pour les nouvelles écluses. Viennent ensuite les navires citernes avec 105 Mt, les vraquiers avec 79 Mt et les rouliers avec 47 Mt. Le solde revenant aux navires conventionnels et autres. L’effet canal de Panama a joué son rôle à plein au cours de cette année. Les principaux navires qui ont transité par les différentes écluses du canal ont relié les ports asiatiques avec la côte Est des États-Unis. Ce flux a porté sur 34 %. Les flux croisés entre les côtes nord-américaines et sud-américaines ont représenté, pour leur part, 13 %. Les liaisons entre l’Europe et la côte Ouest de l’Amérique du Sud a pesé 7 %.