La privatisation de CP Carga « découle de l’accord avec la troïka » des créanciers du Portugal (UEBCE-FMI) conclu en 2011, a précisé le gouvernement lors de l’annonce de sa décision en mars. En échange d’une aide internationale de 78 Md€ accordée en 2011, le Portugal a mis en œuvre un plan de rigueur comprenant un vaste programme de privatisations qui a déjà rapporté plus de 9 Md€, dépassant l’objectif initial qui était de 5,5 Md€.
Lisbonne mise sur les engagements de MSC Rail concernant la société de transports ferroviaires: nouvelle ouverture du capital, effacement des dettes de l’entreprise et surtout l’engagement de ne pas modifier unilatéralement les prix du transport. Le passif actuel de CP Carga est évalué à 190 M€ (mars 2015). Concrètement, l’opération permet à MSC de cesser d’être client de la CP-Compagnie de chemins de fer portugais (25 % à 30 % du marché de la CP Carga) pour devenir opérateur. MSC Rail Portugal a été créé en 2012 dans le but de devenir opérateur de transport de marchandise, principalement conteneurisée. En 2014, l’entreprise a géré la circulation de 4 100 trains de marchandises sur le territoire portugais. Mais l’ambition affichée de MSC Rail est de faire concurrence à la société de fret espagnole Renfe, dont le chiffre d’affaires s’élève à 200 M€ par an en moyenne.
Expansion sur l’ensemble de la péninsule Ibérique
Au Portugal, l’entreprise mise sur un retour au bénéfice dès 2017 et affirme ne pas vouloir se cantonner aux transports de conteneurs vers les ports nationaux. Mais pour une expansion sur l’ensemble de la péninsule Ibérique, MSC Rail devra acheter ou louer davantage de locomotives. Seule l’entreprise Takargo dispose de matériel et d’équipes mixtes espagnoles et portugaises. Mediterranean Shiping Company se félicite de l’opération réalisée au Portugal car elle permet un positionnement de MSC sur le fret ferroviaire. « Nous avons réalisé une affaire pionnière, et le modèle portugais pourra être appliqué dans d’autres pays », a déclaré Carlos Vasconcelos, p.-d.g. de MSC RAIL Portugal. Prochaine étape, le choix d’un nouveau nom pour CP Carga, par le biais d’un concours public lancé dans les prochains mois.
Nouveau colis lourd à Strasbourg
Le 25 août, le Port autonome de Strasbourg a reçu, pour la troisième fois en 18 mois, un convoi exceptionnel pour le transport d’une turbine destinée à la Russie. Construite dans les usines General Electric de Belfort, la turbine a d’abord été chargée sur un convoi routier de 109 m de long, « un des plus longs convois ayant jamais roulé en Europe », précise le Port autonome de Strasbourg. D’un poids de 370 t et mesurant 11,4 m de long sur 5,1 m de large, la turbine a ensuite été chargée dans une unité fluviale par le portique du terminal Sud de Strasbourg. La logistique du colis a été confiée, pour la partie fluviale, à Rhenus Logistics Alsace. La barge doit désormais rejoindre le port d’Anvers où elle sera transbordée pour se diriger vers Saint-Pétersbourg avant de rejoindre sa destination finale, Kazan, la capitale de la république du Tatarstan.
Cette opération est la troisième du genre sur les dix-huit derniers mois. Une première turbine a été expédiée aux États-Unis pour y être testée. En juillet, la première turbine commerciale a été expédiée vers la centrale de Bouchain, dans le Nord-Pas-de-Calais, toujours par voie fluviale. Avec cette nouvelle expédition, le Port autonome de Strasbourg confirme sa place dans les colis lourds avec un trafic qui s’est élevé en 2014 à 344 colis manutentionnés.