Le 29 juillet restera une date importante dans l’histoire du port d’Anvers. Son principal client, l’armement MSC, y a fait escale avec le dernier né de ses ultra-ULCS, le MSC-Zoé de 19 224 EVP. Profitant de la marée montante, le navire a remonté l’Escaut sans problème et s’est présenté vers 16h en marche arrière, grâce à l’assistance de trois remorqueurs, au quai du MPET (MSC, PSA European Terminal), dans la grande darse à marée Deurganckdok sur la rive gauche. Son tirant d’eau était de 15 m. Le navire est aligné dans le service hebdomadaire Swan de MSC (AE5 pour le partenaire Mærsk Line dans le cadre de l’alliance 2M). Ce service est l’un des trois sur les six loops Asie-Europe qui touchent Anvers. Toutefois, le service Swan y effectue une double escale. La première comme premier port de déchargement. Suivent les escales à Hambourg, où a eu lieu le baptême du navire, et à Bremerhaven. La seconde escale? Anvers, intervenant comme dernier port de chargement en Europe du Nord. Au total, quatre escales hebdomadaires. Au cours de son escale, les manutentions ont porté sur 5 156 EVP. Son second passage, qui est intervenu le 7 août, a donné lieu à des manutentions portant sur 7 300 EVP. Le terminal n’a eu aucune difficulté à traiter ce navire, ses portiques pouvant couvrir 23 EVP en largeur de pontée.
Pour le port scaldien, cette escale revêt une importance particulière. Non seulement il s’agit d’un record en matière de taille (l’ancien était détenu par un porte-conteneurs de 18 200 EVP de Mærsk Line), mais cette évolution démontre que les deux plus grands armements conteneurisés du monde misent sur les aptitudes et spécificités du port scaldien. Le service Swan va évoluer au cours des prochains mois. MSC y alignera six de ces ultra-ULCS, Mærsk Line complétant avec cinq ULCS de 18 200 EVP.
L’ancrage de MSC à Anvers
Au cours de la manifestation organisée à l’occasion de cette grande première, Marc Beerlands, p.-d.g. de MSC pour le Benelux, a mis en évidence l’importance croissante que prend l’ancrage de MSC à Anvers. Outre son implication dans la manutention, l’armement est actif dans les domaines de l’agence, de l’expédition, de la logistique tous modes de transport confondus, sans oublier l’entretien des conteneurs. Sur les six services Europe du Nord-Asie, trois escalent à Anvers, le Condor/AE0, le Lion/AE6 et le Swan/AE5. Dans quelques mois, le déménagement de la darse Delwaide au Deurganckdok sera mené à terme. Le MPET traite déjà 20 % des trafics de MSC. Marc Beerlandt insiste par ailleurs pour que les autorités flamandes déploient tous les efforts nécessaires pour assurer une mobilité maximale dans la région de sorte qu’Anvers puisse desservir l’hinterland dans les meilleures conditions car les volumes de trafics vont prendre des proportions considérables. Et d’insister auprès des autorités compétentes pour que certaines restrictions soient levées en matière de tirant d’eau (la norme actuelle est de 15,50 m, mais un tirant de 16 m serait possible).
Pour le directeur général du port, Eddy Bruyninckx, jamais un approfondissement de l’Escaut comme le dernier n’aura eu un rendement aussi énorme. Le port est désormais mis à l’échelle d’unités de 14 000 EVP à 19 200 EVP, et tout semble indiquer que d’autres développements vont intervenir. Ainsi l’Alliance G6 a-t-elle décidé de diriger un second service asiatique sur Anvers, animé par des navires de 13 000 EVP à 14 000 EVP. Et MSC a annoncé la venue d’un nouveau service: l’Australia Express. La réalisation d’une seconde grande darse à marée Saeftinghedok, rive gauche, trouve toute sa justification.
Quant à la note politique qui a clôturé l’événement, elle a été donnée par le maire d’Anvers, Bart Dewever, qui est également président du parti nationaliste de droite flamand, parti qui contrôle le gouvernement de la Flandre et influence considérablement le gouvernement fédéral belge de centre-droite. Il a rappelé le rôle d’Anvers en tant que ville hanséatique, rôle qui semble toujours d’actualité. Les résultats du port sont jugés très bons et cela devrait se poursuivre, d’où l’impérative nécessité de développer les infrastructures de communication, tandis que cette seconde darse à marée est bien inscrite à l’ordre du jour. Pour ce qui est de la coopération entre ports flamands, que certains milieux tant politiques que privés considèrent comme un moyen de répartir les trafics, le maire d’Anvers a été très clair: Coopération oui, mais « the cargo is king »… c’est la cargaison qui décide où elle va et c’est à Anvers qu’elle vient, a-t-il dit.