Plusieurs constats ont mené à cette création. D’une part, l’acheminement des produits forestiers, pour lesquels La Rochelle occupe le premier rang national, est en pleine évolution. Si le volume des grumes se réduit d’année en année, les produits transformés, eux, se font plus présents et vont certainement être de plus en plus conteneurisés. « Nous devons proposer un système logistique plus adapté », plaide Julien Durand, responsable de la mission stratégie, développement et aménagement au port de La Rochelle. Et la pâte à papier pourrait elle aussi évoluer dans le même sens.
Le cognac prend la mer
Un autre produit potentiellement intéressé par cette ligne Feeder est le cognac, exporté actuellement vers l’Amérique du Nord et l’Asie à partir des ports du Havre, Anvers et Rotterdam. Les grandes maisons de cognac sont toutes actuellement en train de travailler la dimension écologique de leur image. Nul doute que réduire l’empreinte carbone de leurs expéditions en utilisant la mer plutôt que la route pourrait les séduire.
Même s’il s’agit de niches, Julien Durand rappelle aussi qu’il existe des demandes pour certaines céréales en conteneurs, par exemple des orges destinées à des brasseries. La Socomac s’est d’ailleurs équipée d’outils de chargement de conteneurs. Et l’escale à Brest est motivée par des exportations de poudre de lait vers l’Asie à partir d’une grosse unité de production installée en Bretagne.
« Tout le monde est interressé »
Des études de marché ont été réalisées auprès des chargeurs, des transitaires, des armateurs, et notamment des armements chinois. Navitrans, qui avait déjà réfléchi à une ligne feeder entre Brest et Le Havre, a repris son projet en l’articulant avec la demande rochelaise. « Tout le monde est intéressé », souligne Rodolphe Tortora, p.-d.g. de Navitrans, « mais personne ne souhaite s’engager ». L’association avec le port permet de partager les risques. Ce dernier se dit confiant quant à la pérennité de cette nouvelle ligne feeder. « Nous sommes prêts à perdre sur les premières escales, pour laisser le temps de changer les habitudes logistiques, souligne Julien Durand. Mais nous avons de bonnes perspectives. »
L’originalité de la ligne réside dans son ouverture à tout type de marchandises en conteneur. L’association avec Navitrans permet de proposer un acheminement door to door. « Ce que nous recherchons, indique Rodolphe Tortora, ce sont les transports de niche. » Sa société assure ainsi pour Areva le transport de l’uranium nigérian.
« Il s’agit de la première phase d’un projet plus vaste, indique encore Julien Durand. Pourquoi ne pas relier ensuite d’autres ports de la façade atlantique, mettre en place des connexions vers le sud et se raccorder aux grands ports européens? »