Depuis plusieurs années, les analystes du marché des vracs secs finissent l’année sur une note positive. Refusant de croire que l’année passée a touché le fond, ils prévoient un rebond pour les prochains mois. En 2015, ils n’ont pas fait exception en annonçant de meilleurs résultats dans les vracs secs. Et comme chaque année, les planchers des taux de fret sont crevés. En janvier, le BDI (Baltic Dry Index) a commencé l’année à 771 points. Dès le 18 février, il est tombé à son plus bas niveau depuis 20 ans avec un indice à 509 points. Et depuis cette date, il n’a qu’à de rares exceptions franchi la barre des 600 points. Dans son rapport mensuel, le Bimco reste assez pessimiste: « Les conditions de marché sont au plus bas et la croissance des volumes pour 2015 est négative. » Prenant en considération qu’un pessimiste est un optimiste disposant de plus d’informations que les autres, le Bimco explique sa position. En effet, depuis le début de 2014, le prix des minerais de fer ont chuté. Les développements opérés par les sociétés de mines ont inondé le marché. Ainsi, en avril, le prix de la tonne de minerais est tombé au plus bas, à 42 $. Dès le mois suivant, le prix est remonté à 60 $/t, ce qui prouve, selon le Bimco, que la demande demeure malgré une baisse de la demande chinoise et du reste du monde. Les perspectives pour les prochains mois dépendent de deux facteurs: l’économie chinoise se fera-t-elle toujours avec une consommation d’acier comme les précédentes années, d’une part, et d’autre part quelles seront les origines des importations? Les aciéries chinoises peuvent opter pour une consommation de minerais locaux ou se fournir sur le marché international.
La Chine au cœur de l’équilibre du marché
Quant au charbon, la situation a été encore plus difficile. La Chine a réduit ses importations et a baissé ses approvisionnements de 38 % à 68 Mt. Les contraintes du transport intérieur chinois ne facilitent pas le marché. Même si les taux de fret maritimes sont au plus bas, l’acheminement intérieur augmente considérablement le prix. D’un autre côté, l’Inde serait plus active sur le marché international avec une hausse de 20 Mt de ses approvisionnements en charbon cette année.
Du côté de l’offre de transport, quelques éléments permettent d’envisager l’avenir sous un ciel plus optimiste. En premier lieu, au cours des premiers mois, la flotte n’a progressé que de 0,5 %. Mieux, note le Bimco, depuis le mois de février, la flotte de vraquiers n’a pas augmenté. La flotte des Capesizes s’est réduite sur les six derniers mois (de novembre à avril). Dans le secteur du Handysize et du Panamax, la capacité est stable. Seul le secteur des Handymax et des Supramax a augmenté, « ce que nous l’avions laissé entendre quelques mois plus tôt ». En effet, si 1 Mtpl ont été démolies, 6 Mtpl ont été livrées, soit un solde positif de 5 Mtpl.
Hausse de la démolition et baisse des commandes
Dans ces conditions, le Bimco a révisé ses perspectives pour la flotte des vraquiers en 2015. Elle devrait augmenter de 3,8 % en 2015, soit un peu moins que prévu il y a trois mois. Mieux, une baisse de la capacité de 30 Mtpl est attendue en 2015. Déjà 17 Mtpl ont été cédées fin mai à des chantiers. Les opérateurs ont pris conscience que le marché bas devait les inciter à démolir leurs navires. Si les démolitions sont à la hausse, les commandes enregistrent aussi des baisses. Selon les derniers relevés de Bimco, 35 nouvelles commandes ont été passées dans les chantiers pour une capacité de 1,8 Mtpl. Elles concernent des Panamax (7), des Handysize (16), des Handymax (12) et aucun Capesize. Pour les prochaines années, les carnets de commande des vraquiers s’établissent à 1 750 navires pour une capacité de 142 Mtpl. En 2013, les carnets de commande ont concerné 1981 navires.
Pour les prochains mois, avec la hausse de 20 Mt de la consommation de charbon en Inde et la baisse de 30 Mt pour la seconde année consécutive, l’avenir reste toujours incertain. Malgré le marché difficile, le Bimco attend un retour des volumes sur le troisième trimestre de cette année. C’est vers le Brésil que les yeux se tournent. L’entrée sur le marché des minerais brésiliens, des céréales et la stabilité du marché du soja devraient éviter de voir un nouveau plongeon des taux de fret. Et pour l’organisation internationale, c’est à l’offre de s’ajuster. Les changements dans la politique industrielle chinoise et les commandes élevées au cours des dernières années ont largement participé au déséquilibre du marché. « Pour les prochains mois, les défis seront toujours présents. La demande reste faible. Du côté de l’offre, nous constatons un mouvement des armateurs pour limiter la hausse de la flotte. Ces actions des armateurs auront un impact dès lors qu’elles rétabliront un meilleur équilibre », conclu le Bimco.