Les fondamentaux prennent l’eau

Article réservé aux abonnés

Bis repetita. Les premiers résultats financiers des armateurs opérant dans le vrac sec ont été publiés ces derniers jours. L’année 2014 s’est achevée sur une note négative. Les marges opérationnelles de différents armateurs sont parfois passées dans le rouge. « Le marché des vracs secs est passé d’une situation mauvaise à une situation pire », a commenté le président de Norden Shipping, Klaus Nyborg. Et pour appuyer ces dires, il suffit de regarder le compte d’exploitation de l’armement danois. Avec une baisse de son chiffre d’affaires de 5 % à 2 038 M$ et un Ebitda en diminution de 228 % pour chuter à − 31,3 M$, il est avéré que la situation financière de l’armement danois est passée dans le rouge. En 2013, la situation a été difficile mais bon nombre d’armateurs ont réussi à conserver des résultats positifs au niveau de l’Ebitda.

La baisse de marges de Norden se décline chez ses concurrents. Ainsi, Jinhui Shipping affiche un chiffre d’affaires en baisse de 32 % à 312 M$ pour un Ebitda de 26,6 M$, en diminution de 71 %. Pour Diana Shipping, armateur coté à la Bourse de New York mais appartenant à des intérêts grecs, la situation est contrastée. Le volume d’affaires global a progressé en 2014 de 7 % à 175,5 M$. L’Ebitda a pour sa part vu ses pertes se doubler. Il est passé d’une perte de 8,6 M$ en 2013 à 18,2 M$. Enfin, c’est Torm Shipping qui dénote dans ce concert de mauvaises nouvelles. L’armement danois affiche une baisse drastique de son chiffre d’affaires sur le marché des vracs secs. Il voit ses revenus perdre 87 % à 27 M$. D’un autre côté, l’Ebitda remonte la pente. En 2013, Torm s’est affiché dans le rouge avec une perte opérationnelle de 21,7 M$ alors qu’en 2014, il enregistre un Ebitda positif à 0,1 M$.

Prévisions négatives

Au vu de ces résultats, il paraît difficile de tirer des enseignements tant les armateurs évoluent sur des marchés différents. Néanmoins, les prévisions pour les prochains mois demeurent négatives. Le marché des vracs secs est guidé par les importations chinoises en minerai et charbon. Deux produits phares dont les prévisions d’importation dans l’empire du Milieu ne sont pas au plus haut. Le gouvernement chinois montre sa volonté de s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique. Le gouvernement de Pékin a demandé aux régions de réduire leur consommation de charbon pour produire de l’électricité. Dans le même temps, Pékin veut favoriser sa production charbonnière domestique. Deux phénomènes qui vont peser sur le marché des frets des vracs secs. Comme à l’habitude, il n’est pas exclu de voir des navires opérant généralement sur ces marchés se retourner vers d’autres filières pour une utilisation meilleure. Seule lumière au bout de ce tunnel, le coût des importations. Le charbon importé en Chine reste à des prix inférieurs au charbon produit localement. Le gouvernement de Pékin a les cartes en main. Soit il décide d’alimenter une partie de sa consommation interne par des importations et sauvera une partie du marché des vracs secs, soit il réduit à sa plus simple expression les stocks de charbon dans les ports et le marché des vracs secs risque de souffrir une année de plus.

Et cette tendance se retrouve dans les chiffres. Au début du mois de février, le Baltic Dry Index est tombé à son plus bas niveau depuis 29 ans. Pour Rui Guo, un analyste du courtier britannique Icap Shipping, cité par Ship&Bunker, « les Chinois refusent les trafics pendant le Nouvel an. L’activité va redémarrer lentement après mais il ne faut pas s’attendre à un pic d’activité ». Et le premier effet de la détérioration de ce marché ne s’est pas fait attendre. En février, trois armateurs ont déposé un dossier de mise sous protection judiciaire. Le Sud-Coréen Daebo International a annoncé avoir déposé une demande le 6 février. Auparavant Winland Ocean Shipping, compagnie basée à Hong Kong, a aussi entamé une procédure auprès des autorités américaines. Au Danemark, Copenship s’est placée sous protection judiciaire. L’armement Shagang Shipping de Hong Kong est dans la même situation.

Pour chaque armateur, les conditions de marché avec la Chine jouent un rôle mais la surcapacité endémique du secteur et l’entrée en service de navires ces dernières années ont eu raison des comptes d’exploitation. « Seuls les armateurs ayant procédé depuis quelques années à une diversification arrivent encore à s’en sortir », expliquent les analystes.

Compagnies

Shipping

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15