« Pour les propriétaires de navires pétroliers, l’année 2015 semble prendre un bon départ. Les taux sont solides et les perspectives apparaissent favorables, au moins pour les six ou douze prochains mois », note Poten & Partners, courtier mondial et conseiller commercial pour les industries spécialisées dans le transport de matières premières, dans une lettre publiée le 30 janvier. Il est probable qu’un nombre important de navires-citernes de grande taille vont être employés comme stockage flottant dans un contexte de contango favorable sur les marchés des contrats à terme avec un prix du pétrole plus élevé dans le futur que le prix au comptant actuel, continue Poten & Partners. Comme ces navires vont quitter le marché spot, les taux devraient connaître un nouvel élan. Si la conjoncture à court terme pour les compagnies apparaît ainsi favorable, il reste une incertitude sur l’équilibre entre l’offre et la demande de pétrole brut dans les mois à venir. Des banques d’investissement, l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ou l’Energy Information Agency (EIA) aux États-Unis fournissent des projections sur cette question, rappelle Poten & Partners. Le souci est que « les prévisions de ces experts en 2015 varient considérablement ». La demande de pétrole est évaluée entre 92,3 millions de barils par jour (Mbpj) et 93,4 Mbpj, soit une différence maximale de 1,1 Mbpj d’un expert à l’autre. L’offre est évaluée entre 93 Mbpj et 94,7 Mbpj, soit une différence maximale de 1,7 Mbpj d’un expert à l’autre. Pour le courtier, la clé de l’équilibre entre l’offre et la demande du pétrole est le niveau de production des pays membres de l’Opep, ce qui permet d’évaluer la quantité de produit nécessaire pour équilibrer le marché. Pour l’instant, l’Opep a annoncé un maintien du niveau de sa production, favorisant ainsi une situation où l’offre est supérieure à la demande. La conséquence est « lerenforcement des stocks moyens en 2015, qui devraient être compris entre 0,6 Mbpj et 1,3 Mbpj ».
Stocker du pétrole coûte cher
Tout excédent de pétrole brut produit mais non consommé finit par être stocké, soit à terre, soit dans des navires. « Stocker du pétrole à terre (0,50 $/baril/ mois) est moins onéreux que dans des navires (1 $/baril/ mois), explique Poten & Partners. Plusieurs éléments suggèrent que le stockage terrestre a atteint des niveaux records et ses capacités maximales. » Dans ces conditions, les sociétés commerciales ont commencé à utiliser des VLCC pour du stockage flottant. « Lorsque le stockage à terre est au maximum de ses capacités et que la constitution de stock de pétrole se poursuit à un niveau compris entre 0,6 Mbpj et 1,3 Mbpj, il faut l’équivalent d’un VLCC tous les deux à quatre jours pour stocker l’excédent de brut produit mais non consommé », avance Poten & Partners. Cela signifie qu’en juin 2015, entre 80 VLCC et 110 VLCC pourraient être immobilisés pour du stockage flottant. « L’absence d’une partie importante de la flotte de navires de grande taille d’un marché déjà serré devrait provoquer une nouvelle croissance des taux », poursuit le courtier. Dans le même temps, pour maintenir un contango favorable et un recours au stockage rentable, les cours du pétrole doivent se maintenir au faible niveau actuel, soit aux alentours de 50 $ le baril. Pour Poten & Partners, cette situation ne devrait pas durer tout au long de 2015. Étant donné que la demande de pétrole reste stable malgré le repli des cours, l’offre excédentaire devra être retirée du marché, tôt ou tard. Une fois prise la décision de réduire la production, les cours du pétrole pourraient repartir à la hausse et supprimer l’intérêt de profiter du contango, donc faire cesser le stockage flottant. Le retour des navires VLCC utilisés comme stockage flottant pourrait alors entraîner une pression à la baisse sur les taux.