En 2002, Marseille projetait d’entrer dans le top 10 des ports européens avec 90 Mt de marchandises, 5 MEVP et 4 millions de passagers. Aujourd’hui le port, qui atteint péniblement les 80 Mt pour 1,1 MEVP, élabore sa feuille de route pour les cinq prochaines années. Le projet stratégique 2014-2018, en cours d’examen par les instances de gouvernance du Grand port maritime de Marseille (GPMM), se veut plus réaliste. Le 17 octobre, le conseil de développement portuaire de Marseille-Fos s’est réuni pour examiner le projet stratégique de l’établissement pour les cinq prochaines années avant que le conseil de surveillance ne se prononce à son tour, à la fin du mois, sur les grandes orientations du GPMM.
Dans un document d’une vingtaine de pages, le port de Marseille Fos dévoile les axes de sa politique d’aménagement et de développement des trafics. Le plan détaillé diffusé aux acteurs de la place portuaire présente des objectifs revus à la baisse. Le trafic conteneurisé, selon les estimations du port, devrait se situer autour d’1,5 MEVP en 2018, soit une progression de 400 000 EVP.
D’ici cinq ans le port, qui annonce un relèvement de ses tarifs de 2 % par an, mise sur 1,9 million de passagers grâce au développement de la croisière, les lignes régulières demeurant stables. « […] Le business plan du port repose sur des objectifs volontaristes dans les activités à fort potentiel de croissance: conteneurs massifiés (à Fos) et leur desserte multimodale, conteneurs non massifiés (Mourepiane) et leur desserte ferroviaire, croisière et réparation navale, transition énergétique (logistique, GNL, vracs solides) », indique le document de synthèse.
Le GPMM affiche son « soutien aux filières traditionnelles, en particulier les activités industrielles liées aux hydrocarbures et à la pétrochimie, et les dessertes passagers et ro-pax ».
Côtés investissements, le document annonce la réalisation de grands travaux d’aménagement: réhabilitation de la forme 10, chantier de transport combiné à Mourepiane et élargissement de la passe Nord (le commissaire enquêteur ayant donné un avis favorable).
Sur la période 2014-2018, une enveloppe de 90 M€ sera allouée à l’entretien des espaces portuaires. Conforté dans son rôle d’aménageur depuis la réforme, le port entend renforcer son effort de concertation entrepris avec les populations et les institutions dans les deux bassins et propose « une charte métropole-port ».
Le projet doit être « concret et donc financé »
Dans le cadre de sa contribution au projet stratégique, l’Union maritime et fluviale (UMF) de Marseille-Fos précise que le port doit « dès à présent s’engager dans un programme de réduction de ses coûts internes afin de dégager de façon pérenne les ressources nécessaires aux investissements indispensables à son développement ». Il serait d’ailleurs question d’un remplacement pour deux départs d’agents.
Les ressources devenant rares, le port sera contraint de faire des choix. L’UMF prône le lancement d’études pour « relever le tirant d’eau du chenal d’accès en darse 2 » (pour accueillir des navires de 16 000 EVP et plus); le « comblement de la rotule », toujours en darse 2, qui prive les manutentionnaires de la capacité à mutualiser leurs portiques over-Panamax (afin d’augmenter les cadences); « d’optimiser la voie fluviale par le percement du canal en fond de darse 2 »; et de doubler la voie ferrée desservant les terminaux conteneurs de Fos.
À l’Est, l’UMF préconise notamment l’élargissement de la passe d’Arenc, la création de gares maritimes internationales et Corse et la restructuration des terre-pleins.
« La capacité d’investissement doit être prise en compte dans le cadre du prochain projet stratégique qui doit être concret et donc financé », fait remarquer l’UMF qui souhaite que les lignes budgétaires dégagées pour chaque projet soient écrites noir sur blanc.
