Le projet stratégique 2014-2019 du port de Bordeaux est toujours en cours d’élaboration sur fond de revendications de la communauté portuaire. Un pas de plus a été franchi, le 27 octobre, lors du Conseil de développement qui s’est déroulé « sans couac », selon Patrick Moatti, coprésident de l’Union maritime et portuaire de Bordeaux (UMPB) et président du conseil de développement. « L’objet de ce conseil était la validation de la politique tarifaire – qui a été entérinée – et non celle du projet stratégique qui est programmée lors du prochain conseil le 10 juin (à moins qu’un conseil de développement ne soit convoqué exceptionnellement avant cette date). Le projet stratégique du port n’en a pas moins été évoqué. Globalement, le port et la communauté portuaire adhèrent sur les mêmes enjeux ». Cependant, la communauté portuaire escompte bien faire entendre sa voix lors des groupes de travail consacrés à la finalisation du plan stratégique qui va réunir, en novembre, des représentants de l’UMPB, des armateurs notamment des trafics conteneurs et du port de Bordeaux. « Le projet d’un terminal unique conteneurs sur le Verdon ne doit pas faire oublier qu’aujourd’hui, 90 % de l’activité du port se fait sur les terminaux de Bassens et Ambés. L’investissement, c’est aussi vers ces terminaux qu’il faut les porter », précise Patrick Moatti.
Rattraper le retard sur l’entretien du chenal
L’accessibilité nautique apparaît comme l’une des préoccupations majeures des entreprises utilisatrices du port. « Avec le dragage de la passe Ouest ou la nouvelle drague Anita-Conti, beaucoup de points ont progressé. Nous sommes inquiets cependant de voir que, dans les années à venir, le remboursement de l’État sur le dragage va en décroissant. Or, sur Bassens, la moyenne actuelle de tirant d’eau est encore inférieure à 10 m. Il faut retrouver au moins 10,50 m comme base permanente et atteindre au mieux les 11,5 m de tirant d’eau, ce qui nous permettrait de retrouver des trafics vracs que l’on faisait avant 2007 », indique Julien Bas, coprésident de l’UMPB. Réclamant par exemple depuis deux ans la fluidification de la circulation routière à l’entrée du port de Bassens, la communauté portuaire place comme priorité l’amélioration des dessertes routières tout comme l’aménagement – toujours à Bassens – de terre-pleins et la mise « aux canons de la logistique actuelle » de certains bâtiments de stockage.
« Le Verdon, pour l’instant c’est une faisabilité incantatoire. Il ne faut pas oublier que les 7 800 emplois du port, aujourd’hui, c’est nous. Dans le projet stratégique, on veut retrouver des projets liés à la fiabilité des équipements et la productivité des trafics qui, eux, existent bel et bien actuellement », précisent les représentants de l’UMPB. Ils reconnaissent cependant les efforts positifs du port faits pour l’amélioration des postes à quai des pétroliers, « un climat social aujourd’hui apaisé » sur le plan de la manutention avec l’embauche de personnels dockers, la rénovation de grues, et « un contexte positif pour reconstruire et développer des projets ».
Le port se veut rassurant
Face à ces revendications, le port de Bordeaux se veut rassurant. « Le premier sujet de notre plan stratégique, c’est l’amélioration des accès nautiques, ce qui est conforme à leurs attentes. On la met parmi nos priorités en prévoyant un budget de 20 M€ à 25 M€ par an dans le plan stratégique et uniquement pour le dragage », assure Christophe Masson, directeur général du Grand port maritime de Bordeaux. « Quant aux baisses des aides de l’État sur le dragage, on s’y prépare. » Concernant le projet de terminal conteneurs sur le Verdon, dont les montants d’investissements ne sont pas encore définis (mis à part le Conseil général de Gironde qui a acté une contribution d’1,7 M€), Christophe Masson relativise de même: « Au Verdon, les quais sont prêts, la voie ferrée existe. L’outillage et la manutention, eux, sont à la charge du nouvel exploitant, Europorte. Au final, le Verdon demande très peu d’investissements. »
Travaux à Grattequina
De nombreux chantiers, qui s’inscrivent dans les orientations à venir du port, sont d’ores et déjà en cours. Sur le nouveau terminal de Grattequina, qui sera spécialisé dans le trafic granulats et de colis lourds, la deuxième phase de travaux vient de débuter. Une centaine de tubes nécessaires aux fondations du futur appontement, qui permettra de supporter des colis de 350 t, ont été réceptionnés par navire. La pose des pieux réalisée par Bouygues Travaux Publics devrait durer jusqu’en février 2015. L’ensemble du chantier d’appontement aboutira en juin 2015.