L’attractivité du canal de Panama pour permettre aux navires méthaniers de relier les bassins Atlantique et Pacifique existe bien dans le milieu du transport maritime de gaz naturel liquéfié (GNL), précise le courtier international Poten & Partners, dans une note d’opinion. L’intérêt pour le canal de Panama élargi est lié « à l’euphorie qui entoure actuellement les perspectives offertes par les futures exportations de GNL des États-Unis à partir de la côte du golfe du Mexique », continue Poten & Partners. Pour les armateurs qui seront partenaires des projets Sabine Pass, Cameron LNG ou Freeport, le trajet depuis les États-Unis vers l’Asie et retour par le canal de Panama prendra 49 jours, soit 26 jours de moins que par Suez. L’élargissement du canal de Panama a d’abord été prévu pour les Post-Panamax de 12 600 EVP, rappelle le courtier, ce qui explique que des interrogations demeurent sur le passage des autres types de navires. La principale d’entre elles porte sur le système de réservation et les conditions des passages dans le canal de Panama pour les navires méthaniers. « Il y aura un espace limité pouvant être réservé pour le transit sur une journée spécifique », précise Poten & Partners. Sachant que, tout type de navire confondu, 12 transits quotidiens seront possibles, ce nombre étant le résultat de la durée de deux heures pour remplir et vider les écluses. « Ces 12 passages peuvent être utilisés en toute combinaison possible dans un sens ou l’autre, voire même tous dans une seule direction, en fonction de la demande de trafic, explique le courtier. Un nouveau concept de service juste-à-temps est aussi prévu: aucun accord de réservation obligatoire ne sera nécessaire. » Cela signifie que les navires pourront arriver très peu de temps avant leur passage programmé plutôt que d’arriver en avance et rester ancré plusieurs heures avant de commencer le transit. Les navires qui se présenteront sans avoir réservé un créneau de passage à l’avance transiteront en fonction des possibilités, selon le principe « premier arrivé, premier servi ». L’autorité du canal de Panama ne garantit aucun calendrier mais s’engage à commencer le transit à la date indiquée et à l’effectuer en totalité dans une fenêtre de 18 heures. Le transit des navires méthaniers devra s’effectuer à la lumière du jour. Aucun autre type de navire, sauf les remorqueurs, ne sera admis avec un méthanier dans les écluses. Le croisement de navires méthaniers sera interdit dans le canal sauf à deux endroits du lac Gatun. Partout ailleurs, l’un devra donc s’ancrer pour laisser passer l’autre. Des équipements d’amarrage spécifiques doivent aussi être prévus sur les navires méthaniers pour passer les écluses du canal de Panama. Un total de 12 lignes d’amarrage est nécessaire et doit pouvoir être déployé de part et d’autre du navire. Les câbles en acier sont interdits.
Déterminer la largeur opérationnelle
Les nouvelles écluses du canal de Panama vont permettre le passage de navires méthaniers de 366 m de long sur 49 m de large et 15,2 m de tirant d’eau. Les armateurs partenaires des projets d’export de GNL américain vers l’Asie ont prévu des navires à membrane de 177 000 m3 (298 m x 46 m x 11 m). Une période d’observation opérationnelle a été décidée pour valider une largeur de 51 m au lieu de 49 m. Si la largeur la plus élevée se révèle possible à l’usage, ce sont une majorité des Q-Flex qui pourront alors transiter par les nouvelles écluses du canal. Même les navires de type Moss de 145 000 m3à 148 000 m3 pourront emprunter cette voie maritime. Pour les navires de type Moss, il se pose toutefois la question de la visibilité vers l’avant à cause de la hauteur des réservoirs sphériques. Ce point pourrait entraîner des coûts supplémentaires pour le passage de ces navires. Au final, seuls les Q-Max avec leur tirant d’eau de 53 m à 55 m seront trop grands pour emprunter les nouvelles écluses du canal de Panama.