CMA CGM se réorganise

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Le transfert de 84 postes de travail « marseillais » en Inde est la première conséquence visible d’un plan beaucoup plus vaste. Depuis environ un an, le groupe réfléchit à sa réorganisation, car au fil de ses 36 années d’existence se sont empilés un certain nombre d’organisations et de systèmes informatiques. Le temps est donc venu d’optimiser une organisation qui puisse faire face au développement soutenu du groupe, souligne Thierry Billion. Organisation qui doit distinguer les métiers spécifiques au transport maritime de conteneurs et les fonctions support qui se retrouvent dans toutes les entreprises. Ce sont ces dernières qui ont commencé, il y a quatre ans, à migrer vers l’Inde. CMA CGM n’étant pas une pionnière en la matière. Déjà en octobre 2000, Mærsk Europe s’apprêtait à transférer des postes de travail administratif en Inde. En octobre 1998, SeaLand a annonçé le regroupement à Cork de la documentation, du juridique, du customer service, de l’informatique et de la finance. La grande différence avec CMA CGM vient du fait que le siège social est à Marseille et doit y rester, en y concentrant les plus fortes capacités d’expertises, souligne le DRH.

Ainsi s’est progressivement élaboré le plan Transformance (pour transformation et performance). Actuellement, 1 400 emplois CMA CGM existent en Inde, répartis sur trois villes pour des raisons de sécurité. Ils devraient être 1 800 à la fin de l’année. L’idée de base étant d’avoir une seule entité, de par exemple 200 personnes plutôt que 20 groupes de dix salariés dispersés dans le monde.

« En période de croissance et avec 2 500 salariés à Marseille, je n’ai aucun problème pour reclasser 84 personnes », estime le DRH. Toute la panoplie des mesures sociales françaises sera mise en jeu: depuis la formation-reconvertion jusqu’à un plan d’accompagnement au départ volontaire. En effet, il se peut que quelques salariés d’un certain âge souhaitent quitter le navire dans de bonnes conditions. Thierry Billion pense même que personne ne souhaitera partir. Les habitudes des clients français de CMA CGM seront inchangées car le customer service reste au Havre avec plus de 300 collaborateurs.

50 à 100 informaticiens de plus en 2015

La réorganisation du groupe passe également par le déploiement d’un système informatique adapté aux besoins du 3e transporteur maritime de conteneurs du monde. Depuis un peu moins d’un an, 68 professionnels de cette activité travaillent avec une trentaine d’informaticiens pour définir les besoins, à partir d’un logiciel de l’éditeur allemand SAP.

En 2015 commencera la mise en œuvre du système. Elle nécessitera le recrutement de 50 à 100 informaticiens, estime le DRH. Toutes les fonctions classiques d’un grand groupe seront intégrées dans ce système. Ce travail en interne marque la baisse de la coopération avec IBM. En effet, il y a six ans environ, CMA CGM et IBM avaient créé une filiale commune spécialisée dans la conception, le déploiement et la gestion des systèmes d’information. Depuis deux ans, cette structure a réduit son périmètre à l’exploitation et l’entretien des serveurs, CMA CGM ayant réinternalisé la conception et maintenant le déploiement. Ce qui illustre bien que l’appréciation du core business est évolutive.

Thierry Billion est intarissable sur les capacités de développement du groupe et sa rapidité de réaction, illustrée notamment par la fin tragique du P3 et le rebond avec l’Ocean 3. Il est vrai que dans le contexte marseillais, voire français, il y a peu d’entreprises aussi favorablement connues que CMA CGM.

JR/JR Saadé: ça continue

Famille, je vous hais. Le 5 novembre, le site internet libanais www.lecommercedulevant.com indiquait avoir lu un communiqué de Mistral, holding de Johnny R. Saadé, selon lequel la cour d’appel de Damas a confirmé le 16 octobre une décision du tribunal de première instance, très défavorable à Jacques R. Saadé. Datée du 11 décembre 2013, la décision de la 13e chambre du tribunal civil de Damas condamnait Jacques Saadé personnellement et en tant que président de CMA CGM à verser à son frère une indemnité de près de 600 M€ plus intérêts. Son épouse et ses trois enfants étant déclarés solidaires de leur époux et père. Depuis la privatisation de la CGM, en 1996, les deux frères s’opposent par tribunaux interposés en France, au Liban et en Syrie.

Toujours selon le site internet libanais, la CMA CGM n’a toujours pas reçu la décision de la cour d’appel mais utilisera toutes les voies de recours possibles, position que le porte-parole de la compagnie nous a confirmée le 12 novembre. Par ailleurs, l’exequatur est impossible en France et au Liban car leurs plus hautes juridictions nationales ont mis un terme définitif au conflit familial.

En 2009, CMA CGM a annoncé avoir obtenu la concession du terminal à conteneurs du port de Lattaquié pour au moins dix ans. Il y aurait donc moyen de faire exécuter la décision du tribunal de 1re instance. Et de réfléchir une nouvelle fois aux conséquences des valeurs familiales dans le monde de l’entreprise.

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