Après quatre ans de guerre froide avec la Chine, l’accord signé le 14 septembre entre Vale international et l’armateur chinois Cosco Bulk Shipping est plus qu’un contrat. C’est une sorte de partenariat entre un groupe minier brésilien (dont la flotte est bloquée à l’entrée des ports chinois depuis 2011) et la compagnie de transport chinoise la plus influente du pays. Pendant 25 ans, Vale approvisionnera Cosco en minerais de fer, en échange de quoi ce dernier s’engage à construire dix navires de type Valemax et à en acquérir quatre, qui appartiennent et sont actuellement exploités par Vale.
Cet accord s’inscrit dans la continuité d’un long processus de négociation entre Vale et les autorités chinoises. Lorsqu’il y a six ans, Vale décide d’investir dans des navires géants, c’est avant tout pour séduire le marché chinois en lui proposant un minerai aussi compétitif que celui de l’Australie dont les ports sont certes plus proches mais souvent très encombrés. Avec une capacité de 400 000 tpl, ces nouveaux navires permettaient aussi de créer des stocks flottants pour les industries sidérurgiques chinoises. La réalité sera tout autre, puisque la Chine leur fermera ses ports dès le début. Officiellement, le gouvernement chinois doute de la qualité des navires qui ont subi plusieurs incidents dès leurs premières escales. Officieusement, c’est plutôt le résultat d’un lobbying mené par les armateurs chinois, dont Cosco, pour limiter la concurrence. Toujours est-il que depuis leur sortie de chantier en 2011, les navires de Vale n’y ont, à quelques exceptions près, jamais fait escale.
Vale opte pour le transbordement
Pour continuer d’approvisionner ses clients chinois, Vale opte pour le transbordement. Il organise son schéma logistique autour d’une plate-forme située à Subic Bay qui lui permet de transborder ses géants vers des navires plus petits à destination des ports chinois. La solution fonctionne mais ne satisfait pas tout à fait le minier brésilien qui a fait construire ses navires pour prendre des parts dans le marché de la sidérurgie asiatique.
L’accord signé entre Vale et Cosco pourrait-il marquer le début d’une reconquête de l’empire du Milieu? Face à ses importants besoins en minerais amplifiés par le contexte actuel de baisse des prix des matières premières (voire encadré), la Chine a tout intérêt à multiplier ses forces d’approvisionnement. Construits pour la Chine et par la Chine, les Valemax et leurs 400 000 t de minerais pourraient peut-être enfin atteindre leur objectif: desservir les sidérurgistes chinois.
Le cours du minerai au plus bas
Le 11 septembre, le cours du minerai est tombé à son plus bas niveau depuis 2009, à 81,90 $/t. Les raisons de cette chute tiennent au fait que l’offre est toujours plus abondante et que la demande chinoise se tasse. Selon Morgan Stanley, ce surplus de la demande est estimé à 79 Mt en 2014. Cet accord de coopération pour le transport de minerai entre Cosco et Vale s’inscrit donc dans un contexte général de baisse des prix des matières premières et notamment du minerai de fer.