« La Chine devient incontournable dans le GNL avec des importations qui sont passées de 3 Mt à 15 Mt en cinq ans », rappellent les auteurs du rapport BRS dans la partie consacrée au transport maritime de gaz. Les capacités de regazéification de ce pays ont progressé à 34,5 Mt par an avec la mise en service de trois nouveaux terminaux en 2013. D’autres sites devraient être mis en service, soit un ajout de 14 Mt par an en 2014 et 2015. Parallèlement à l’augmentation de la demande chinoise de GNL, les projets de production et donc d’exportation se multiplient, notamment en Russie et en Amérique du Nord, précisent les expert de BRS. Ces derniers mettent en avant le projet Yamal lancé officiellement en décembre 2013. « C’est un projet majeur pour le développement du GNL, un investissement de l’ordre de 30 Md$. Avec trois trains de liquéfaction de 5,5 Mt/ an chacun, cela représente une capacité, à terme, de 16,5 Mt/an, pour laquelle 16 méthaniers brise-glace vont être commandés et quasiment autant de méthaniers classiques », explique le rapport BRS. Au-delà de la performance technologique de la construction en Arctique de trains de liquéfaction, d’installations de stockage, d’infrastructures portuaires, « c’est l’ouverture de nouvelles routes de trafic qui est, en soi, un événement », note BRS. Environ 70 % des 16,5 Mt/an de GNL qui seront produits à Yamal ont été vendus au travers de contrats de long terme, et jusqu’à 3 Mt/an devraient être livrés en Chine. « Pendant huit mois de l’année, la route Ouest, via le canal de Suez, sera utilisée, le GNL étant chargé sur les méthaniers brise-glace à partir de Sabetta avant d’être transféré sur des méthaniers classiques dans un port à définir en zone Europe. » Durant les quatre mois d’été, le passage du Nord-Est devrait être emprunté, raccourcissant la route maritime entre la Russie et l’Asie. « Les méthaniers brise-glace représentent une avancée technologique notable, poursuit le rapport BRS, car ils devront être capables d’être opérés dans des conditions climatiques difficiles avec des températures de l’ordre de − 50 oC et de traverser des zones où l’épaisseur de glace sera supérieure à 1 m. » Le chantier naval Daewoo a été sélectionné pour la construction des premiers méthaniers brise-glace, celui pour les méthaniers classiques n’est pas encore connu. En termes d’investissement pour les navires, l’enveloppe globale s’élève à 8 Md$, relève BRS.
Des méthaniers plus grands
Au total, « avec 110 navires en commande, le carnet des méthaniers dans les chantiers navals se situe à un niveau jamais atteint et représente un peu plus de 30 % de la flotte existante ». Les constructeurs coréens Samsung, Hyundai, Daewoo occupent les trois premières places avec plus de 75 % de part de marché du segment de la construction de ces navires. Le quatrième chantier Hudong-Zhonghua est chinois « et devient par conséquent un acteur majeur de la construction de méthaniers », souligne le rapport BRS. Le Chinois Hudong-Zhonghua a déjà livré six méthaniers de 147 000 m3 entre 2008 et 2012 équipés de turbines à vapeur et de membranes: « Il est entré dans le cercle restreint des chantiers capables de construire ces navires. » Une autre caractéristique de la flotte des méthaniers en commande est « une course à la taille avec une standardisation de l’offre de la part des chantiers avec des navires de plus de 170 000 m3 ». Cette taille devient le standard, estime BRS, pour les nouvelles lignes de trafic qui se dessinent entre l’Amérique du Nord – avec les projets d’exportation en cours aux États-Unis – et l’Asie, que ce soit par la route Pacifique au travers du canal du Panama ou par la route Atlantique au travers de Suez pour atteindre l’Inde. Enfin, l’entrée en vigueur prochaine de l’annexe VI de la convention Marpol sur les zones à émissions réglementées « pousse les armateurs à considérer la propulsion au GNL ». BRS a dénombré huit porte-conteneurs prêts à intégrer une telle propulsion en commande auprès des chantiers. Cette tendance pourrait concerner à terme l’ensemble de la flotte de commerce et accroître la demande de navires souteurs GNL de petite taille. « Le GNL a donc de grandes perspectives […] et représente un potentiel de transport maritime gigantesque pour les années à venir. »