Transporteurs fluviaux de France (TFF) a adressé une lettre à Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, le 8 avril. Ce courrier, signé par le président du Comité des armateurs fluviaux (CAF), Didier Léandri, et celui de la Chambre nationale de la batellerie artisanale (CNBA), Michel Dourlent, fait suite aux déclarations de la ministre le 3 avril concernant l’écotaxe qu’elle souhaite « remettre à plat afin de voir quelles sont les autres possibilités que nous avons pour dégager des financements pour, en effet, faire les travaux ferroviaires et routiers ». L’absence de mention du mode fluvial par Ségolène Royal conduit TFF à appeler l’attention de la ministre sur « le poids économique et sociétal majeur que revêt le transport fluvial aujourd’hui et plus encore demain et, dans cette perspective, sur les défis qui sont liés au financement des infrastructures ». La ministre reçoit alors une leçon sur les évolutions et les atouts de la voie d’eau par rapport aux autres modes. « Le transport fluvial a conforté depuis 15 ans sa place au sein des chaînes logistiques multimodales, au service de l’économie et de l’aménagement du territoire », précise le courrier. Depuis 1997, le trafic fluvial a progressé de 40 %, consolidant ses trafics historiques, gagnant des parts de marché sur les trafics spécialisés et s’implantant sur le transport de conteneurs. Pour TFF, le transport fluvial contribue plus que tous les autres modes à atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre par le simple jeu du report modal de la route au fleuve. Toutefois, « la croissance des activités fluviales a atteint ses limites et un véritable changement d’échelle des trafics fret ne pourra se faire en l’absence d’une politique volontariste », relève TFF. Aussi, l’association professionnelle réclame à la ministre « la mise en place d’une véritable politique de report modal », en soulignant qu’il ne faut « pas laisser de côté les infrastructures à vocation logistique et à dimension européenne, singulièrement fluviales, tant il est vrai que par sa géographie et par ses talents, la France à une carte maîtresse à jouer dans ce secteur ». L’objectif de cette politique « doit être d’amener les clients industriels et commerciaux à choisir le transport fluvial plutôt que la route pour réaliser leurs acheminements ». Pour cela, indique TFF, il faut les inciter très directement à changer leurs comportements, rendre le fluvial plus compétitif en abaissant ses coûts, grâce notamment à une infrastructure optimisée et imputer au transport routier ses véritables coûts externes (pollution, insécurité, congestion).
Densifier le maillage fluvial
TFF explique ensuite que la compétitivité du transport fluvial dépend de la qualité de l’infrastructure. Ici, les priorités de TFF portent sur « l’aménagement des têtes de bassins à fort potentiel de trafics et à la poursuite de la politique de connexion à grand gabarit des grands bassins de navigation européens » comme Seine-Escaut et son maillon français Seine-Nord Europe, Saône-Moselle ou Saône-Rhône. Cette densification du maillage fluvial « doit s’accompagner d’une meilleure connexion des corridors fluviaux à grand gabarit au réseau Freycinet, d’un accès direct aux ports et de la fiabilisation du réseau ». TFF revient alors à l’écotaxe qui « devait notamment servir au financement des transports plus respectueux de l’environnement, via un abondement de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) ». En 2014, l’écotaxe devait représenter 20 % des ressources de l’AFITF, rappelle TFF. « Son report sine die remet directement en cause les 500 M€ de travaux prévus cette année dans le domaine des infrastructures », continue TFF. Aussi, « indépendamment de l’instrument qui sera mis en œuvre, il est vital de réintroduire un mécanisme financier avec le double objectif d’adresser un signal prix suffisant pour changer les comportements et procurer des ressources pour l’éco-mobilité au premier rang de laquelle doit se trouver le transport fluvial ». Enfin, TFF conclut sa lettre par un appel solennel à la ministre: « Aux côtés du transport routier et du transport ferroviaire, qui relèvent pour l’un d’un mal nécessaire et pour l’autre d’une équation financière impossible, vous avez un projet écologique majeur à porter: le projet fluvial français. »