Après les effets de la fermeture de la Raffinerie des Flandres en 2009 et 2010 et la perte des trafics de pétrole brut, c’est au tour des vracs solides de venir jouer un mauvais tour au port nordiste. La décision de fermer la centrale thermique de Kingsnorth, appartenant au groupe E.On., a lourdement pesé sur les trafics annuels présentés le 14 janvier par la présidente du directoire du port, Christine Cabau Whoerel. Au final, le trafic 2013 du port perd 8,5 % à 43,6 Mt. Une baisse attribuée à la diminution des vracs globalement. La situation dans les vracs solides a été particulièrement tendue cette année. Après la décision de l’arrêt de la centrale thermique d’E.On. qui a fait perdre 34 % au trafic de charbon, les minerais n’ont pas pu compenser cette diminution. La remise en état du haut fourneau 2 d’Arcelor Mittal et le niveau élevé des stocks de minerais ont plombé le premier trimestre. Le rebond constaté au second semestre n’a pas réussi à rattraper le retard et les minerais ont fini dans le rouge avec une baisse de 1 % à 12 Mt. Dans ce courant des vracs solides, les petits vracs ont essuyé un repli et seules les céréales ont enregistré une bonne performance sur l’année calendaire. Avec 1,5 Mt, en hausse de 47 %, ce poste place Dunkerque dans une bonne position. Le port a reçu au cours de l’année le premier navire à charger pour la Chine, dont les importations de céréales depuis d’autres origines que ses provenances traditionnelles (États-Unis et Australie) se modifient.
Du côté des vracs liquides, la situation n’est guère meilleure avec une baisse de 11 % à 6,1 Mt. Depuis l’arrêt complet de la raffinerie, le pétrole brut a déserté le port de Dunkerque et même si les produits raffinés se maintiennent, les chiffres n’atteignent pas le niveau de ceux de l’an passé. En outre, depuis la fermeture de l’usine de diester, les trafics de vracs liquides n’ont guère brillé.
« Performance » des diverses
Dernier courant, les marchandises diverses ont copié sur les autres en perdant 3 % à 11,9 Mt. Si les résultats sur les vracs inquiètent, la situation des marchandises diverses est plutôt un signe de satisfaction pour la direction du port malgré la tendance négative. Cette diminution des diverses est principalement liée aux chiffres réalisés par le roulier. « En 2012, les difficultés de SeaFrance à Calais ont reporté sur nos installations une partie du trafic. Nous avions atteint plus de 13 Mt. Maintenant, si nous comparons les résultats obtenus en 2013 par rapport à ceux de 2011 et de 2010, années sans phénomènes majeurs, nous sommes en progression », analyse la présidente du directoire. La « performance » des diverses tient surtout aux conteneurs. Tant en tonnage qu’en termes d’EVP, les conteneurs sont en hausse de 12 % à 292 000 EVP. Une hausse qui se répartit presqu’équitablement entre les entrées et les sorties. Autre sujet de satisfaction pour la direction du port, la bonne tenue des trafics de boîtes pleines qui pèsent 165 000 EVP, en hausse de 13 %. Sur les deux dernières années, la part des boîtes pleines entre pour plus de 56 % avec une très faible hausse pour 2013. Cette bonne année des trafics conteneurisés tient autant aux lignes intercontinentales qu’aux trafics intra-européens. Au cours de l’année passée, le port a consolidé sa position de port de transbordement pour les produits frais. Avec la ligne de CMA CGM depuis le Maroc et la ligne sur Saint-Petersbourg, Dunkerque Port se place comme un choix logistique pour ce type de filière. En novembre, ce fut au tour de l’armement Unifeeder de choisir Dunkerque. Un choix que le port voit comme un atout dans sa desserte des pays de la Baltique. Quant aux lignes intercontinentales, l’arrivée de navires de 3 500 EVP pour la desserte de l’Afrique de l’Ouest a consolidé la position de Dunkerque dans ce trafic.
Au final, après avoir été un grand port industriel, Dunkerque se positionne sur tous les fronts, depuis les vracs industriels jusqu’à la logistique. Les résultats de 2013 confirment cette tendance. En 2014, la présidente du directoire table sur une progression des trafics conteneurisés, un maintien des vracs solides et, avec l’ouverture du pipeline pour Rubis, une bonne tenue des vracs liquides. En 2013, Dunkerque Port a livré, « avec un peu d’avance », s’amuse Christine Cabau Whoerel, les travaux sur le terminal méthanier à Dunkerque LNG. « Le calendrier est tenu et son entrée en service est toujours programmée pour la fin de 2015. »
Trois projets à l’ordre du jour
En 2014, le port a décidé de passer par une première étape de renforcement de l’infrastructure existante sur le port Ouest. Trois projets sont à l’ordre du jour: l’agrandissement du cercle d’évitage, l’extension de 500 m du quai du terminal à conteneurs et la création d’un appontement Nord pour le QPO (quai à pondéreux ouest). Des investissements qui globalement s’élèvent à 111 M€ répartis en 20 M€ pour le cercle d’évitage, 74 M€ pour le terminal à conteneurs et 17 M€ sur le quai minéralier. Pour le cercle d’évitage, la décision est validée. Les travaux vont pouvoir commencer dans les prochains mois. Sur le terminal des Flandres, « nous sommes en discussion avec l’opérateur ». Outre l’allongement du quai, l’opérateur du terminal, le groupe CMA CGM, doit mettre en place de nouveaux équipements. « C’est un sujet que nous abordons régulièrement lors de nos discussions et nous n’avons rien arrêté ». Quant au QPO, l’objectif est de faire de ce terminal un poste de transbordement pour les pays d’Europe du Nord.