La disparition de Richard Talbot le 5 novembre a été subite. La veille au soir, le fondateur de Necotrans a reçu ses collaborateurs pour parler du groupe et des projets d’avenir. Certes, au cours des dernières années, il a lutté contre la maladie, mais en assurant toujours sa présence. « La veille, nous discutions de différents projets ensemble. Rien ne laissait présager un tel événement dans la nuit », nous a confié Grégory Quérel, président-directeur général. Malgré ce deuil, il a fallu pérenniser la société. « Richard Talbot a toujours été un homme qui a su anticiper. Un an plus tôt, il a tout prévu dans un document réalisé par des avocats. » Ce document comporte une centaine de points. Il prévoit notamment les orientations stratégiques du groupe pour l’avenir.
Au final, la transition a été douce. Sophie Talbot, fille unique de Richard, a hérité de l’ensemble du capital de l’entreprise. Elle est devenue présidente de la holding du groupe. Pour Sophie Talbot, la position de la présidente de la holding est nouvelle mais elle est entrée dans le groupe depuis 2002 avec un rôle opérationnel dans une des filiales du groupe. « La société, je la connais depuis toujours, mais de l’intérieur depuis 10 ans. La transition a pu se faire sans heurts », précise Sophie Talbot. La crainte des clients et des fournisseurs s’est rapidement dissipée pour faire place à une confiance dans la nouvelle équipe dirigeante.
Nouvelle équipe
Avant son départ, Richard Talbot a décidé de mettre en place une nouvelle équipe au conseil d’administration. Outre les trois membres de l’entreprise qui siègent actuellement, quatre personnalités indépendantes sont entrées dans cette instance. Pierre-André Wiltzer, ancien ministre, avec une connaissance pointue de l’Afrique, Alain Ducray, qui vient du groupe Lagardère, Pascal Vienot, professeur de finances et administrateur de plusieurs sociétés dont les groupes Bel et FM Logistic, et enfin Philippe Bohn, président Afrique d’EADS et vice-président du groupe Airbus. Des personnalités de haut rang qui viennent compléter les équipes actuelles. Grégory Quérel a été nommé, dès le conseil d’administration du 5 novembre, président-directeur général. Dans le document d’octobre 2012, il est prévu de faire entrer des dirigeants de la société et une partie des équipes. « Nous voulons avoir à nos côtés des personnes qui peuvent nous apporter un plus », continue Grégory Quérel. Une opération financière qui devrait se faire dans le courant de l’année 2014 ou se finaliser dans les premiers mois de 2015.
Le virage opéré depuis le 5 novembre a été pris en douceur pour continuer les opérations en cours. Récemment, Necotrans a pris pied sur le port de Dakar. Une opération que la société mène depuis plusieurs mois et qui s’est poursuivie malgré le décès de Richard Talbot. À la fin du mois de novembre, Necotrans a repris le terminal des vraquiers de Dakar. Il traite des produits comme le charbon, l’attapulgite, la houille ou encore le charbon à l’import. « Notre stratégie actuelle se concentre sur les trafics de niche en Afrique de l’Ouest. C’est une activité que nous avons déjà développée comme par exemple à Lomé où nous traitons 1,5 Mt. Nous constatons une présence accrue des grands groupes miniers en Afrique de l’Ouest. Ce sont des projets qui développent des logistiques sur une autre échelle. Nous regardons cela avec beaucoup d’intérêt. » En effet, au Cameroun et à Pointe Noire, Necotrans dispose de quais pour traiter des trafics pour le marché pétrolier. « Cette activité et cette diversification sur des vracs et la logistique de niche nous conviennent parfaitement et entrent dans notre stratégie », confie Grégory Quérel.
Des aménagements en plusieurs phases
À Dakar, des travaux doivent être entrepris sur les quais. Ils doivent être consolidés avant de pouvoir fonctionner normalement. Necotrans a donc prévu des aménagements en plusieurs phases pour pouvoir commencer ses opérations. Il est actuellement impossible de charger des navires avec une grue depuis les bords du quai. La solution a été trouvée de reporter la force de traction des amarres et le poids de la grue en déplaçant les bollards des amarres. Une solution temporaire qui permettra de traiter rapidement les premiers navires sur une partie du quai pendant que les autres mètres linéaires seront consolidés.
La question d’un retour du groupe dans la conteneurisation n’est pas d’actualité. Avant l’arrivée de DP World sur le port sénégalais, Necotrans a opéré dans les conteneurs comme le groupe Bolloré et Mærsk. « En opérant les navires de Zim, MSC et le bord de Mærsk, nous étions parmi les premiers opérateurs du port. En confiant le terminal à DP World, nous avons perdu cette activité. Quant au second terminal à conteneurs prévu dans le cadre de la concession de DP World, il appartient à ce groupe de s’en charger. » Or, il apparaît de plus en plus que les relations entre l’autorité portuaire dakaroise et le groupe de Dubaï sont tendues. La probabilité de voir le second terminal de Dakar mis en appel d’offres ou négocié de gré à gré apparaît comme une évidence. Une candidature de Necotrans serait-elle possible? « Non », affirme Grégory Quérel. Le directeur général du port de Dakar, Cheikh Kanté, a décidé de mener une opération de spécialisation de ses quais. Il a d’ailleurs confié le terminal roulier au groupe Bolloré, le terminal vraquier à la société Necotrans. Il souhaite spécialiser les quais. Le seul dossier sur lequel l’opérateur logistique et portuaire porte une attention particulière est celui du futur port de Kribi au Cameroun. Ce port en eaux profondes est destiné à recevoir plusieurs terminaux tant pour les vracs, les marchandises conventionnelles que les conteneurs. « Face aux groupes actuels présents dans la manutention des terminaux du golfe de Guinée, le choix est limité. En postulant pour ce port, nous pouvons nous positionner comme une alternative. »