Le 23 décembre, Poten & Partners, courtier international et conseiller commercial pour les industries de transport maritime, a publié une courte étude sur les possibilités offertes par l’agrandissement des écluses du canal de Panama pour la flotte mondiale des méthaniers. Ces opportunités apparaissent seulement maintenant et n’ont joué aucun rôle dans la décision de faire passer les écluses à une largeur de 55 m au lieu de 33 m auparavant, expliquent en introduction les experts du courtier. Elles sont en lien avec les projets d’exportation du gaz américain en cours de réalisation le long des côtes du golfe du Mexique. Depuis 2007, les États-Unis sont devenus producteurs excédentaires de gaz grâce au développement de la fracturation hydraulique pour extraire cette matière première (gaz dit de schiste). Pour rallier l’Extrême-Orient, emprunter le canal de Panama réduit la durée du voyage de 26 jours par rapport au passage par le canal de Suez. À partir de fin 2015, les nouvelles écluses du canal de Panama pourront laisser passer des navires de 366 m de long, 49 m de large et 15,2 m de tirant d’eau. Les experts du courtier soulignent que l’Autorité du canal du Panama (ACP) pourrait envisager d’étendre la largeur maximale autorisée de 49 m à 51 m « assez rapidement, après une période d’observation des passages des navires aux nouvelles écluses ». Sachant que l’ACP a déjà fait progresser cette largeur de 48 m à 49 m. Si une telle évolution est décidée, le canal de Panama ne resterait inaccessible qu’aux navires méthaniers les plus grands, soit les Qmax dont la largeur oscille entre 53 m et 55 m. Tous les autres méthaniers, soit 90 % de la flotte mondiale dédiée au transport de GNL au lieu de 7 % actuellement, pourraient franchir les nouvelles écluses, précise le courtier.
Règles et procédures spécifiques
D’un point de vue technique, le passage de méthaniers par le canal de Panama suppose la mise au point de règles et de procédures spécifiques sur lesquelles travaille la Society of International Gaz Tanker and Terminal Operators (Sigtto). La combustion de gaz pourrait être interdite lors du franchissement des écluses, note Poten & Partners, mais la décision finale appartient à l’ACP. Pour le courtier, les compagnies vont devoir réfléchir à la construction de navires méthaniers spécifiquement adaptés au passage par le canal de Panama. Cela représenterait sans doute un coût moindre que l’adaptation de navires existants. Les méthaniers à réservoirs sphériques présentent notamment une mauvaise visibilité vers l’avant, rendant compliqué les manœuvres lors du passage des écluses du canal. Ces navires à réservoirs sphériques devraient alors être accompagnés de remorqueurs et de pilotes, sources de frais supplémentaires pour les compagnies. Or, analyse le courtier, l’autre intérêt de passer par le canal de Panama réside dans des frais de péage moindres que ceux de Suez. L’Égypte a fondé ses tarifs sur le tonnage alors que l’ACP a retenu le volume, ce qui avantage les navires méthaniers, selon Poten & Partners. Enfin, les navires dédiés au transport de GNL vont devoir trouver une place dans la programmation globale de passage du canal de Panama, largement réservée par les armements à conteneurs pour leurs navires de ligne. L’ACP pourrait dédier un jour de passage par semaine aux méthaniers. Une autre solution serait de prévoir deux créneaux le matin et le soir dans chaque direction pour les méthaniers, soit quatre passages par jour au total. « Les navires méthaniers ne devraient pas bénéficier de priorité même s’ils devraient être autorisés à franchir la voie rapidement après leur présentation sans subir de trop long temps d’attente à l’ancre », conclut Poten & Partners.