En juin dernier, le MSC-Divina (140 000 tjb, capacité de 4 345 passagers et 13 570 m2 de voilure latérale) a fait une incursion dans la lagune de Venise. Le 27 juillet, c’est le paquebot Carnival-Sunshine qui frôle le vaporetto le Riva-dei-Sette-Martiri. Les presses italienne et britannique rapportent l’affaire qui est cependant contestée par Carnival (voir encadré).
Helen Kearns, porte-parole du commissaire chargé des transports, explique qu’il revient, en premier lieu, au gouvernement italien de surveiller la navigation dans la lagune et les canaux de Venise. « La sécurité est une priorité absolue pour nous. Nous sommes en contact avec l’autorité portuaire de Venise afin d’obtenir des précisions sur ce qui s’est réellement passé. Nous ne pouvons pas préjuger de la suite. »
Depuis l’échouement hors norme du Costa-Concordia, la Commission européenne s’est sentie obligée de réagir en proposant un durcissement des normes de sécurité: certaines sur une base volontaire, d’autres visant à vérifier sur le terrain la bonne application des règles existantes et les dernières concernant un éventuel renforcement de la stabilité des ferries, voire de celle des paquebots.
« La protection des passagers est essentielle, mais nous devons également protéger l’environnement et le patrimoine culturel et historique de la présence invasive des moyens de transport », a expliqué le commissaire Siim Kallas à EurActiv.
Subsidiarité contre compétence partagée
Ainsi que l’a souligné Helen Kearns, le principe de subsidiarité s’applique même en Italie, État souverain qui laisse construire une tour métallique au bord d’un quai dans le port de Gênes. Lors de son escale inaugurale à Venise en mai 2012, la marraine du Costa-Fascinosa (290 m de long, 35,5 m de large, 3 800 passagers et 1 110 membres d’équipage) est la fille du ministre italien du Tourisme. L’AFP rappelle alors qu’après l’échouement du Costa-Concordia, le gouvernement italien a adopté un décret interdisant aux paquebots de s’approcher trop près des côtes. Ils devraient aussi se voir interdire l’accès au canal de la Giudecca et du bassin de Saint-Marc « lorsqu’une voie de navigation alternative sera disponible ». À la mi-juillet, des centaines de Vénitiens ont protesté contre les escales des grands paquebots (JMM no 4883 du 12 juillet; p. 25).
Cependant, depuis la mise en place du traité de Lisbonne, la Commission européenne dispose d’une compétence « partagée » avec les États membres en ce qui concerne la protection des consommateurs, les transports et en particulier les « mesures qui permettent la sécurité des transports ». Concrètement, les États membres exercent leur compétence « dans la mesure où l’Union européenne n’a pas exercé la sienne ». En matière de navires à passagers, la Commission européenne s’est déjà saisie du dossier. Elle est donc très attendue sur les enseignements qu’elle tirera, notamment du rapport du BEAmer italien concernant l’accident du Costa-Concordia.
Le Carnival-Sunshine n’a pas salué son président
Selon un article et une vidéo publiés par le site du Daily Mail reprenant, en fait, des informations italiennes, le paquebot Carnival Sunshine serait passé, le 27 juillet, à 20 m du quai de la place Saint-Marc et aurait serré de très près un vaporetto. Le yacht de Mickey Arison, actionnaire principal du groupe Carnival, était mouillé non loin. Le quotidien Nuova Venezia voit dans cette manœuvre une sorte de salut au grand patron. Mais Carnival, les garde-côtes italiens, l’association des pilotes de Venise et des passagers du paquebot contestent formellement cette vision des choses. Carnival précise que le paquebot est passé à 70 m au moins du vaporetto, conformément aux règles de navigation locales. L’autorité portuaire confirme ce point. En outre, le paquebot était assisté par deux remorqueurs.
Il n’est peut-être pas trop tard pour faire parvenir à la Commission européenne les transcriptions du Voice Data Recorder du paquebot, boîte noire qui ne pouvait qu’être en bon état de fonctionnement…
