Deux premiers navires y ont accosté, une grue s’y est installée. L’anse Saint-Marc, le dernier quai du port de La Pallice, vient d’entrer en fonctionnement.
Le projet a débuté en 2007, quand le port a lancé un appel à projet pour la création d’un nouveau terre-plein et d’un quai en eau profonde. C’est la société EVA, créée à parts égales par la Sica Atlantique et Maritime Kühn, qui l’a alors emporté, avec l’obtention d’une autorisation d’occupation temporaire conclue avec le Grand port maritime de La Rochelle. Le quai vient d’être achevé. Utilisé comme terminal pour des vracs solides, il est doté d’une grue pour le déchargement des navires, grue que le port a transférée à EVA dans le cadre de la réforme nationale portuaire. Une seconde grue est annoncée pour la fin 2013. Le terre-plein lui-même s’étend sur 11 ha entièrement gagnés sur la mer. Les deux premiers bateaux qui s’y sont amarrés ont débarqué de l’engrais et des tourteaux de tournesol, ce qui correspond précisément au type de vracs qui passeront par le nouveau quai: matériaux de construction et produits destinés à l’alimentation animale. L’anse Saint-Marc donnera aussi de nouvelles capacités de stockage à la Sica et à ses filiales. Le trafic de tourteau a en effet été multiplié par quatre entre 2008 et 2010 et devrait encore faire un nouveau bond cette année. Viendront ensuite du clinker et du liant hydraulique destinés à la cimenterie Holcim qui prendra place sur le terre-plein (voir encadré). Côté Sica, on étudie aussi la possibilité de recharger les navires qui viendront débarquer sur l’anse Saint-Marc avec des céréales. « Le but est d’éviter les transports à vide, indique Stéphane Bodescot, son directeur adjoint, et d’avoir une fréquence régulière de navires à décharger et recharger. »
À terme, le nouveau quai devrait voir passer 1,4 Mt de marchandises, dont plus de la moitié pour la seule unité Holcim. Sur les 11 ha de terre-plein, 4,5 seront occupés par l’usine de clinker. Il en reste donc 6,5 disponibles, dont 3 sont encore en cours d’aménagement. Leur destination finale n’est pas encore précisée. EVA prévoit d’investir encore 5 M€ dans les trois prochaines années pour finir d’aménager le nouveau site.
Holcim, un projet controversé
Le projet Holcim suscite l’opposition des riverains des quartiers proches et des voisins de l’île de Ré. Ils protestent contre les « nuisances environnementales » et les « risques de pollution » que représente pour eux l’activité cimentière, et aussi contre la cheminée de l’usine Holcim à laquelle ils reprochent d’être inesthétique. « Cette opposition n’est pas légitime », regrette Francis Grimaud, le directeur général d’EVA. « Le projet est carré, sérieux. Aujourd’hui, les industriels ne font pas n’importe quoi et les craintes exprimées ne sont pas justifiées. »
Pour réduire les émissions de poussière lors du déchargement, EVA a fait l’acquisition d’une trémie spéciale équipée d’une barrière filtrante et prévoit d’en acheter une seconde quand Holcim sera en pleine activité. La bande transporteuse qui viendra compléter les équipements sera elle aussi protégée des émissions de poussière par une capote.
Francis Grimaud rappelle l’enjeu économique que représentent Holcim et le port dans son ensemble. L’usine permettra de créer une vingtaine d’emplois directs, et bien davantage en emplois indirects. Quant au port, il estime que, dans la région, 15 000 emplois sont aujourd’hui liés à son activité.