En raison d’exportations records de sucre et d’une hausse importante des importations, certains ports brésiliens sont fortement congestionnés. Défaillance structurelle ou anecdote conjoncturelle? À Santos, dans le terminal d’exportation de Cosan, le sucre s’amoncelle. Au point que l’entreprise songe à construire en hâte un toit pour protéger ses marchandises. Le rythme de travail est soutenu et les embarquements se font 24 h/24 afin de compenser les retards causés par de fortes pluies et des exportations records. Dans ce port, qui assure les deux tiers des exportations en sucre du pays, de longues files de navires se sont créées, atteignant 119 embarcations début août. À la mi-octobre, les files d’attente étaient estimées à 54 embarcations selon Unimar Agenciamentos Marítimos, et à 96 dans tout le pays (notamment à Paranaguá, second port brésilien exportateur de sucre).
Les importations vont crescendo
Les importations de conteneurs de produits à haute valeur ajoutée, dopées par la valorisation du real, ont également connu une forte croissance. Aujourd’hui, au Tecon Santos (principal terminal du secteur au Brésil), 55 % des conteneurs contiennent des produits importés, tandis que 45 % sont destinés à l’exportation. Historiquement, la proportion a été inversée. Le flux des conteneurs importés dans le port a atteint 645 800 unités durant les neuf premiers mois de l’année 2010, soit une hausse de 20,5 % par rapport à la même période l’année précédente. MultiRio, un des terminaux de conteneurs de Rio de Janeiro, a enregistré une croissance de 46 % des unités importées durant la même période. Autre exemple, celui d’Itajaí (État de Santa Catarina): les importations y ont augmenté de 103 % si l’on compare les trois premiers trimestres 2010 et 2009. « Le change et les incitations fiscales existant à Santa Catarina expliquent cette croissance », déclare le gérant commercial de Portonave, Juliano Perin.
Pour José Roberto Correia Serra, président de la Companhia Docas do Estado de São Paulo (Codesp), il s’agit plus d’une « question circonstancielle » liée aux travaux de dragage que d’un « manque d’infrastructures ». Weber Bahal, secrétaire au commerce extérieur du ministère du Développement, ne partage pas ce point de vue: « Le Brésil a exporté pour 100 M$ en 2005 et pour 200 M$ en 2008. Les questions logistiques sont déjà en train de compromettre l’avenir des exportations et nous devons investir rapidement dans les routes, les chemins de fer et les ports. Nous avons déjà établi les priorités et il y a des investissements en cours qui permettront au Brésil de répondre à ces exigences en quatre ou cinq ans. » De son côté, Renato Ferreira Barco, directeur de la planification de la Codesp, réaffirme l’urgence des travaux à Santos: « Nous allons tripler notre trafic dans les quinze prochaines années. Nous travaillons au dragage du port, mais son accès reste notre principal goulet d’étranglement. Nous devons développer l’utilisation des voies ferrées et construire de nouvelles routes dans la région de Santos. »