L’armement Tirrenia pourrait bien couler sous ce nom et refaire surface en plusieurs morceaux. Au cours de l’été, la procédure de privatisation lancée depuis 2009 a subitement fait « machine arrière ». Le 12 août, le tribunal des faillites de Rome a décidé la nomination d’un administrateur judiciaire et la mise sous tutelle de la compagnie. Le ministre des transports, Altero Matteoli, a convoqué une réunion avec les syndicats le 6 septembre. Alors que les syndicats ont lancé un mot d’ordre de grève pour les 30 et 31 août, ce mouvement a été suspendu aux décisions qui sortiront de cette table ronde entre les partenaires sociaux.
L’insolvabilité décidée par le tribunal de Rome est d’autant plus surprenante que, le 28 juillet, dans le cadre de la procédure de privatisation, Fintecna, actionnaire à 100 % de Tirrenia, a attribué l’adjudication au consortium Mediterranea Holding. Cette dernière est détenue à hauteur de 37 % par la Région Sicile, le reste du capital se partage entre l’armement TT Lines, Salvatore Lauro, Isolemar, Nicola Coccia et la famille Busi-Ferruzzi. Le consortium a proposé 25 M€ pour la reprise ainsi que le règlement des dettes à hauteur de 520 M€. Selon des sites internet italiens, la dette totale de Tirrenia serait estimée aux alentours de 620 M€.
Le tribunal des faillites de Rome a déclaré la société insolvable. Dans ses motivations, il évoque un « état de crise financière grave ». Tirrenia est désormais sous administration judiciaire.
Le dossier aurait pu se terminer ici, mais c’est faire abstraction des capacités du gouvernement italien. En arguant que le repreneur n’a pas signé le contrat en temps et en heure, le gouvernement de Sylvio Berlusconi a clos la privatisation. En effet, dans un texte publié par Fintecna le 5 août, l’actionnaire unique de Tirrenia indique ne pas avoir pu faire procéder à la signature du contrat avec Mediterranea Holding et demande le placement de la société sous administration judiciaire. L’unique candidat à la reprise n’entend pas en rester là. La Région Sicile étudie les possibilités d’engager un recours contre cette décision. Mariage de la carpe et du lapin, les syndicats s’inscrivent dans cette démarche. Le secrétaire général du syndicat UIL Trasporti, Giuseppe Caronia, craint de voir Tirrenia sombrer et refaire surface sous la forme de plusieurs sociétés. « Nous n’avons rien contre la cession de cet armement mais en une seule pièce. La cession par appartements aurait un effet néfaste sur les services et le personnel », a continué le syn- dicaliste. D’autres repreneurs, à l’image de Moby Lines, seraient aussi candidat à ce dossier.