CMA CGM navigue sur la croissance externe

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Tous les indicateurs de croissance 2006 de la CMA CGM sont à la hausse: + 28 % pour le nombre d’EVP transportés (5,976 M), + 33 % pour le chiffre d’affaires (6,68 Md€), + 21 % pour les effectifs (11 500 à travers le monde dont 4 000 en France). Seul le résultat net avoue un seul chiffre de progression de 5 % avec 485 M€ dont l’ensemble sera réinvesti, a promis son p.-d.g., Jacques Saadé en tirant le bilan de son dernier exercice.

Après avoir racheté Delmas qui lui a apporté une bonne part de sa croissance 2006 ("l’intégration a été réussie") et lancé une OPA sur Cheng Lie Navigation en mars 2007, le groupe CMA CGM prend goût à la croissance externe. "L’acquisition de petites et moyennes compagnies ciblées est intéressante à réaliser, c’est mieux que se développer soi-même", constate le no 3 du transport maritime conteneurisé. Autre ingrédient de cette stratégie, les partenariats qu’il a récemment multipliés: avec IMB pour la gestion et les réseaux informatiques, avec Veolia pour le transport ferré, dans l’immobilier avec des fonds de participation ou dans la construction de navires puisque l’an dernier, la CMA CGM aura investi dans 28 nouveaux porte-conteneurs, dont 11 en propriété et pris commande de 65 nouveaux super PC (dont 16 de plus de 11 000 EVP), dont 37 en propriété, pour livraison entre 2007 et 2010. De quoi alimenter les nouvelles lignes lancées et le renforcement des services existants.

LE BRÉSIL ET LE VIÊT-NAM, LES BONNES SURPRISES

Le no 3 du conteneur semble être parvenu à son étiage en Chine qui demeure son "pays pivot" (il représenterait 25 % de l’activité selon Jacques Saadé et 30 % selon Farid Salem). Il mise sur Cheng Lie pour passer un nouveau cap sur l’inter-Asie et notamment au Japon où "CMA CGM est absente". "La zone Asie est le premier marché mondial et représente 30 % du transport conteneurs mondial estimé à 130 MEVP, dont 18 MEVP pour la relation Asie/Europe."

Par zone géographique, le Viêt-nam a été très satisfaisant tout comme le Brésil, pays dont Rodolphe Saadé dit "qu’il a le vent en poupe et exporte puissamment (dont un important transport réfrigéré de poulets vers le Moyen-Orient)". L’Amérique du Sud se porte bien. Le Maghreb ouvre ses portes à l’importation et à la privatisation. "Nous sommes les no 1 en Algérie où nous avons beaucoup progressé et où nous étudions avec les autorités une extension du port d’Alger." Le Maroc représente une autre opportunité avec le port de Tanger appelé à devenir un autre Algéciras et la Comanav pour la privatisation de laquelle CMA CGM a fait une offre. "Les sollicitations ne manquent pas en provenance du Maghreb." Pour l’Afrique, Jacques Saadé se montre prudent: "Investir sur les ports africains, ce n’est ni évident, ni facile parfois pas orthodoxe."

Côté déception, l’Inde n’a pas du tout répondu aux espérances. "Pour trois raisons, la complexité de son administration, les facilités portuaires et aucune progression significative du trafic marchandises", note Jacques Saadé. L’Australie et la Nouvelle-Zélande n’ont pas été au niveau de l’année précédente malgré ANL.

UN ANCRAGE DANS 15 TERMINAUX INTERNATIONAUX

Avec les navires et le développement des lignes, deux autres postes se partagent les investissements: les terminaux portuaires et les opérations immobilières. Pour le premier, les concessions et participation ou accords de coopération se sont multipliés. Pas moins de 15 ports internationaux ont vu s’ancrer CMA CGM. Dans l’hexagone, le Terminal de France au Havre avec 20 services réguliers "a trouvé une assise très heureuse". La participation de 30 % dans le terminal à conteneurs de Dunkerque (trois lignes régulières) et la signature de la convention Fos 2XL où le groupe est déjà le premier client de Fos avec 6 services, ont amplifié sa présence. Il a également pris position sur la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. À l’international, CMA CGM a pris, dans un consortium, la concession du second terminal de Tanger au Maroc, dispose d’une concession exclusive d’un centre de transbordement à Malte et de divers accords sur les terminaux de Mobile, Zeebrugge, Um Qsar, Anvers, Chiwan (Chine).

Parallèlement aux ports, CMA CGM joue à fond la carte du transport intermodal. Sa filiale ferroviaire Rail Link a transporté 50 000 EVP l’an dernier. Son alliance avec Veolia Environnement vise l’Europe tandis que le Maroc, l’Algérie, la Chine sont déjà abordés.

Le savoir-faire immobilier de Jacques Saadé est moins connu, mais tout aussi sûr que le maritime. Même si ce secteur n’absorbe que 10 % des investissements (une centaine de millions $), la CMA CGM investit dans la pierre comme dans les navires. "Nous avons décidé d’accompagner notre développement en nous dotant de notre propre patrimoine immobilier." Avec l’aide de fonds immobiliers, les inaugurations d’immeuble prestigieux se succèdent aux quatre coins du monde. Celui du Virginia Beach (États-Unis) a été inauguré en mai 2005, celui d’Istanbul (Turquie) en octobre 2006 et les projets sur Norfolk, Alger et Beyrouth sont en chantier. Tout comme celui, pharaonique, du siège marseillais (voir encadré).

"Le maritime est un secteur cyclique avec des hauts et des bas. Nous avons su traverser ces cycles avec sérénité, et nous sommes très confiants dans notre avenir." Jacques Saadé ne craint pas de l’annoncer aux vues des premiers chiffres, 2007 s’annonce sous les meilleurs auspices.

La CMA CGM au sommet de Marseille

Sur la nouvelle publicité de CMA CGM, un porte-conteneurs embarque les édifices symboles des grandes villes du monde. On reconnaît la tour Eiffel, la statue de la Liberté, le Big-Ben londonien, la muraille de Chine ou les pyramides d’Égypte, un œil attentif distinguera un cèdre du Liban, un clin d’œil, mais, surtout, une immense tour de verre qui n’existe pas encore. La tour CMA CGM, le siège marseillais de la compagnie, ne sera livrée que fin 2009. Mais elle figure déjà dans l’esprit de ses initiateurs au Montparnasse de l’architecture. Une considération que ne désavoue pas Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille, qui lors de la pose de la première pierre du futur siège, le 23 mars, chante le futur “phare d’Alexandrie de Marseille”.

Conçue par Zaha Hadid, la tour de 147 m de hauteur en forme d’étrave est drapée d’une double peau de verre. L’édifice de 33 niveaux, qui aura le poids de 17 tours Eiffel et abritera 2 700 salariés, se présente comme un véritable bijou d’architecture. Il en a aussi le prix. On parle de 220 à 250 M€ (il y a 3 ans, le chiffre de 100 M€ avait été évoqué). “Il a une double façade, c’est pourquoi il coûte aussi cher”, soupire Jacques Saadé qui sait que ce qui est beau est cher. Un restaurant panoramique ouvert au public, le plus grand aquarium privé d’Europe et un Musée maritime feront partie des aménagements particuliers.

La CMA CGM culminera sur des hauteurs inégalées à Marseille. La tour dont le sommet arrivera au niveau de l’esplanade de Notre Dame de la Garde, restera la plus haute de Marseille, les deux autres tours qui seront construites à proximité, sur le quartier d’affaires d’Euroméditerranée, ne se verront pas autorisées à la dépasser, s’est engagé le sénateur-maire de Marseille.

R.V.

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