SNCM: Les syndicats favorables au pré-projet industriel

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Un peu plus de deux mois après la fin de la violente tempête qui a soufflé sur la compagnie, le climat détendu contrastait au siège de la SNCM. Entre Noël et le jour de l’an, l’instant était pourtant sérieux. En effet, Gérard Couturier, responsable régional de Veolia Transport (ex-Connex), présentait aux représentants syndicaux les grandes lignes du projet industriel.

LE FAIT DE LA PRIVATISATION ACCEPTÉ

Déjà abordées lors de réunions bilatérales avec les différentes organisations syndicales (1), ces dernières semblent avoir trouvé plusieurs motifs d’apaisement. Suffisamment pour que Jean-Paul Israël, fer de lance des trois semaines de grève qui ont paralysé la SNCM cet automne, déclare "avoir le sentiment que la future direction a la volonté de progresser" et évoque même une certaine "convivialité" des rapports. Le réalisme, si ce n’est la "realpolitik", semble avoir gagné les syndicalistes après les excès de l’automne.

"C’est vrai que nous avons perdu le combat idéologique pour une compagnie publique, concède le secrétaire de la CGT-Marins. Mais si, aujourd’hui, nous acceptons la privatisation, nous sommes tout de même loin de l’applaudir."

COMPRESSION DE 20 % DE LA MASSE SALARIALE

Quels sont les gages qui ont été donnés aux représentants des personnels pour que ces derniers parlent aujourd’hui "d’un esprit constructif ", là où, il y a quelques semaines, ils dénonçaient le naufrage organisé? D’abord, on les a assurés qu’il n’était pas plus question de licenciements que de plan social "à court et à moyen terme". Certes, la direction prévoit une diminution de 20 % de la masse salariale mais dans un cadre de départs en préretraite, de départs volontaires et de non-renouvellements de CDD. "Ce débat va être ouvert, mais il est hors de question d’aboutir à des licenciements secs. S’il devait y avoir des départs, ils se feraient uniquement sur la base du volontariat", insiste Gérard Couturier, présenté comme le futur président du directoire de la SNCM. Si l’hypothèse de supprimer 400 postes (sur 2 400) agitée en octobre par l’actuel président de la compagnie, Bruno Vergobbi, n’est pas retenue, aucun chiffre n’a été toutefois précisé. La proposition de, le cas échéant, reclasser du personnel au sein du groupe Veolia en Corse et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, a, par contre, été réaffirmée.

LES BÉNÉFICES POUR 2009

Côté économique et financier, Gérard Couturier annonce que le cap de son groupe est de parvenir à l’équilibre économique et au retour des bénéfices pour la compagnie marseillaise à partir de 2009. Après la perte de 30 M€ en 2004, qui devrait se répéter en 2005, la SNCM pourrait donc se renflouer rapidement sans que l’on sache pour autant quelle somme exacte injectera l’État avant la privatisation (2).

Parallèlement, un redéploiement commercial, notamment vers le Maghreb (des velléités de développement sur de nouveaux marchés comme la Libye ou le Moyen-Orient auraient été exprimées), devrait être amorcé. Un temps sérieusement menacée de réduction, la flotte de dix navires est non seulement maintenue, mais, dès l’amélioration de la situation, le principe du renouvellement d’un navire tous les deux à trois ans a été retenu. "Il ne s’agit pas, confie-t-on chez Veolia, de l’étendre mais de la maintenir tout en préparant un nouveau statut du marin qui correspondra à la nouvelle organisation." La volonté du groupe étant, selon son représentant, d’aboutir à la signature d’un pacte social avec les salariés avant la fin février 2006.

LES SYNDICATS FAVORABLES A L’EXCEPTION DU STC

Cet ancien officier de la marine marchande reconverti dans l’ex-filiale du groupe Vivendi sait visiblement mener une barque, même quand elle prend, au départ, des allures de galère. Tous les syndicats, à l’exception du STC qui continue de camper sur le front du refus, ont manifesté un accueil favorable aux propositions patronales. Pour Jean-Paul Israël, "il existe maintenant un projet d’entreprise qui offre des conditions bien plus favorables aux salariés que les plans précédents". Avant d’ajouter, "nous ne nous contenterons pas de ce qu’ils ont écrit. Nous les jugerons aux actes".

Maurice Perrin ne dit pas autre chose au nom de la CGE-CGC: "Nous étions tous ensemble et l’ambiance était plutôt constructive. Il faut continuer et vérifier ensemble la faisabilité du projet." Annonçant que les rencontres avec la direction vont se poursuivre jusqu’au 25 février "pour peaufiner le projet", Camille Abboche, représentant la CFTC, estime avoir "en face des personnes responsables qui connaissent le transport. À première vue, ils veulent utiliser au maximum nos compétences et nos navires. C’est dommage que le Syndicat des travailleurs corses ne soit pas là pour qu’on puisse construire tous ensemble l’avenir de la SNCM."

Ce consensus syndical est renforcé, si besoin était, par des assurances sur "le maintien de délégation de service public sur la Corse" et la confirmation du gouvernement qu’un décret serait pris afin d’exclure le transport maritime des passagers en Méditerranée du champ d’application du RIF. Mise à part la position du STC dont on a pu mesurer le pouvoir dans les derniers conflits, le beau temps préside au nouveau départ de la SNCM.

1) Sauf avec le Syndicat des travailleurs corses, qui, muré dans un irrédentisme anti-privatisation, limite sa participation au CE et au conseil d’administration.

2) Rappelons que le nouveau capital se répartira comme suit: 38 % pour le fonds d’investissement Butler Capital Partners, 28 % pour Veolia Transport (ex-Connex), 25 % pour l’État et 9 % pour les salariés.

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