Le Japon investit dans le gaz russe

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À l’occasion du sommet du G20 qui s’est tenu à Osaka, la société japonaise Japan Arctic LNG B.V. a signé un accord avec le producteur de gaz russe Novatek pour une prise de participation de 10 % dans son projet gazier Arctic LNG-2 pour un montant de près de 3 Md$. Total avait déjà fait de même en mars, ainsi que la China National Offshore Oil Corp. (CNOOC) et la China National Petroleum Corp. (CNPC), via sa filiale CNODC, en juin. Ce projet, dont la construction n’a pas encore commencé, se situe dans la péninsule de Gydan, à une trentaine de km de Yamal LNG, et il exploitera le gisement onshore d’Utrenneye dont les réserves en gaz à condensats sont estimées à plus de 7 milliards de barils équivalent pétrole. Il prévoit la construction de trois trains de liquéfaction d’une capacité de 6,6 Mt / an installés sur des platesformes pour une production annuelle de 19,8 Mt.

Domiciliée aux Pays-Bas, Japan Arctic LNG B.V. est une filiale de l’entreprise de négoce de matière premières Mitsui & Co, qui possède 25 % des parts, les 75 % restants étant apportés par la Japan Oil, Gas and Metals National Corporation (JOGMEC), institution administrative indépendante née en 2004 qui est chargée de garantir au pays un approvisionnement stable en pétrole, gaz naturel et minerais. Une entité qui normalement ne prend pas de participation supérieure à 50 % dans ce type d’opération et le fait qu’elle déroge à la règle prouve l’importance de cet accord pour le Japon. Son Premier ministre Shinzo Abe a d’ailleurs assisté à la signature du contrat en compagnie de Vladimir Poutine. Son gouvernement poursuit en effet plusieurs objectifs avec cette prise de participation. Tout d’abord diversifier l’approvisionnement en gaz du pays, cet accord comprenant un volet garantissant au Japon la livraison d’environ 2 Mt de gaz par an une fois l’exploitation lancée en 2022-2023. Mais il espère aussi que cela favorisera un autre projet d’investissement japonais en Russie, celui d’un consortium regroupant entre autres Mitsui et Marubeni dans le terminal de transbordement gazier, que les Russes prévoient de construire dans la péninsule du Kamtchatka. Enfin, c’est également pour Tokyo un moyen d’améliorer encore ses relations avec la Russie dans l’optique des discussions sur un éventuel retour au Japon d’une partie des îles Kouriles. Cet accord pourrait-il permettre aux chantiers navals japonais de rafler tout ou partie de la commande de méthaniers brise-glace que Novatek va acquérir pour exporter ce gaz ? Si rien ne permet de l’affirmer, les Coréens s’en inquiètent.

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