DP World met un terme à un petit emballement médiatique à quelques jours du London Investment Summit, un sommet international sur l'investissement qui s'ouvre le 21 octobre. L'opérateur portuaire émirati, à qui l'on prêtait l'intention d'annuler ses derniers investissements outre-Manche, a finalement confirmé le milliard de livre sterling (1,3 Md$ ou 1,2 Md€) qu'il entend placer dans son terminal de London Gateway.
La semaine dernière, des révélations faisaient état d'un ajournement de ses projets au Royaume-Uni en réaction aux propos tenus par la ministre britannique des Transports, Louise Haigh, dans le cadre de la présentation d'une nouvelle loi sur les droits des marins au travail. La représentante du gouvernement a qualifié P&O Ferries, filiale de DP World, d'« opérateur malhonnête ».
Il s'agit des relents d'une affaire qui a fait des vagues au Royaume-Uni et qui a choqué au-delà, en Europe. Les effets ricochets ont même atteint les côtes françaises. Le licenciement sans préavis et de manière brutale de 800 marins de la compagnie en 2022 pour les remplacer par des équipages étrangers, dans un contexte de durcissement de la concurrence sur le détroit de Calais depuis la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, a débouché dans l'Hexagone sur la loi Le Gac de lutte contre le dumping social. La dérégulation a conduit certaines compagnies à revoir les conditions de travail des personnels navigants pour optimiser leurs coûts et baisser les tarifs.
Couac politique
En réaction aux propos de la ministre, selon Sky News et Bloomberg, DP World aurait décidé de revoir ses plans d'investissement au Royaume-Uni et le président de DP World, Sultan Ahmed ben Sulayem, de ne pas se rendre au sommet sur l'investissement à Londres, où il est attendu en qualité d'invité spécial. DP World a refusé de commenter ces informations.
Au cours du week-end, le ministère des Affaires et du Commerce, qui reconnait avoir « eu une conversation » avec l'opérateur portuaire émirati « à la suite de certains articles de presse », a garanti le maintien des plans d'investissement et la présence du PDG de DP World à Londres.
Le groupe portuaire, qui gère et exploite le terminal de London Gateway (55 % du flux de marchandises du Royaume-Uni) et un autre à Southampton, a prévu de construire deux postes d'amarrage supplémentaires (5 et 6), qui viendront s'ajouter aux quatre existants. Le chantier du dernier, lancé en 2021, a été officiellement inauguré en août. Ce dernier a nécessité un engagement financier de 455 M$ de la part du géant émirati est serait le premier à être entièrement alimenté en électricité.
Le nouvel investissement, qui ajoutera plus d'1 MEVP dès 2027, grâce à un linéaire de quai de plus de 2,5 km de long, devrait porter la capacité nominale du terminal à 3,4 MEVP (contre 2 MEVP actuellement). Il pourra accueillir simultanément six navires de plus de 400 m de long chacun, « et sera doté des grues de quai les plus hautes d'Europe, à la hauteur de Big Ben », indique la direction de DP World. En outre,
Il est par ailleurs envisagé un deuxième terminal ferroviaire et dans l'intention de l'actionnaire d'en faire un hub logistique pour faire contrepoids au « triangle d'or » de la logistique britannique, basé dans les Midlands.
Un sommet très attendu
Le Premier ministre Keir Starmer est très attendu sur les lignes directrices de son gouvernement pour asseoir la croissance du pays et stabiliser le cadre réglementaire et fiscal. Des annonces devraient être faites devant les investisseurs étrangers à l'occasion du sommet qui s'ouvre en début de semaine prochaine.
Le parti conservateur, dans l'opposition, avait réagi en affirmant que le différend tendait à montrer que les « travaillistes ne comprenaient pas le monde des affaires ».
Adeline Descamps