Après des mois de limitations dans les tirants d'eau et les passages quotidiens pour faire face à sa sécheresse aiguë, exacerbée par le phénomène El Niño, l'autorité du canal de Panama lève les barrières.
Alors que le nombre de transits journaliers est fixé à 24 depuis le 16 janvier pour les néo-panamax de 15 000 EVP contre 36 en temps normal, il n'y aura pas de nouvelles restrictions au moins jusqu'en avril-mai quand devra débuter la saison des pluies. Les niveaux d'eau seront alors évalués, a indiqué l'administratrice adjointe du canal de Panama, Ilya Espino, à Reuters.
Si les pluies sont au rendez-vous, le point de passage centraméricain pourrait retrouver ses habitudes, à savoir 36 passages chaque jour. Ou dans le cas contraire, maintenir des limitations, soit en nombre de navires, soit en tirant d'eau.
Les pluies inattendues au cours du dernier trimestre de l'année 2023 avaient déjà permis à l'administrateur du canal de relever le seuil initialement prévu de 20 à 24.
Défi permanent
Les autorités à Panama luttent contre le déficit hydrique depuis plusieurs années mais le changement climatique s'est traduit ces dernières années par une évaporation plus marquée des deux lacs artificiels qui fournissent en eau le système d'écluses, celui d'Alajuela (qui menace la pêche) et du Gatun (trafic maritime), seule source d'eau du pays.
Le système des lacs stocke en effet à la fois l'eau destinée à assurer le bon fonctionnement du canal, à répondre aux besoins de la population dans les districts de Panama, San Miguelito, Arraijan, Chorrera et Colon, à la production électrique et au développement des activités économiques du pays.
La congestion du ckoke point entre Asie et les Amériques s'est nettement améliorée. Selon le système de notification du canal, au 13 février, 36 navires attendaient de pouvoir transiter (contre 65 en décembre et 115 en novembre), dont 11 sans réservations (contre 29 en décembre), pour un temps d'attente moyen de 3,5 jours vers le Nord (contre 23 jours) et de 6,4 jours vers le Sud (contre 16,4 j).
Opportunité d'affaires
Ces derniers mois, les attaques en mer Rouge contre les navires ont incité de nombreux armateurs, a fortiori de porte-conteneurs, à emprunter des itinéraires plus longs à destination et en provenance de l'Asie, ce qui a accru la demande de transit par le Panama, a en outre souligné la représentante du canal. Une demande à laquelle le gestionnaire n'a pas pu répondre.
Selon Ilya Espino, la reconfiguration des flux consécutive aux sanctions visant le pétrole et le gaz russes, qui a redirigé le gaz naturel liquéfié (GNL) américain vers Europe au détriment de l'Asie, a réduit la nécessité pour les méthaniers de passer par le Panama.
En raison des restrictions de transit, l'Autorité du canal de Panama anticipe une perte de 700 M$ sur ses recettes de péage pour l'exercice fiscal en cours qui se termine en septembre. En 2024, le manque à gagner pourrait s'élever à 1 500 navires, selon la direction de l'infrastructure.
Adeline Descamps
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