Rien de plus vulgaire qu’un conteneur, cette boîte parallélépipédique en acier ondulé livré dans sa plus simple expression, dont une poignée de fabricants chinois ont la quasi-exclusivité mondiale.
Le concept démocratisé par Malcom McLean dans les années 1950 mais standardisé à l'échelle mondiale trente ans plus tard, consacrant alors l'avénement du roi conteneur sur toutes les mers, n'a pas fait l'objet de beaucoup de révolutions.
Ce bref survol historique occulte par ailleurs les nombreuses problématiques de dimensions qui se sont posées dans le temps pour qu’ils deviennent compatibles avec les entrepôts et chargeables sur différents modes, y compris le transport routier de façon à favoriser le transport combiné rail-route.
On n'aura jamais autant parlé de la boîte que ces dernières années alors qu'elles ont tant manqué, bloquées là où elles n’étaient pas foncièrement nécessaires, sur les quais en raison des restrictions sanitaires.
Peu de fatale révolution dans le design
Mais leur facture a en réalité peu évolué. Le conteneur a toutefois fait l’objet d’annonces ces dernières années, notamment par l'entreprise américaine Staxxon, dont le conteneur pliable est conçu en accordéon, tandis qu'en Inde, Shallow Waterways Shipping a développé un conteneur hexagonal destiné à conteneuriser le fret en vrac.
À l’occasion du salon Sea Asia qui s’est tenu fin avril à Singapour, un conteneur fabriqué en matériaux composites a été présenté par l'entreprise suisse Aeler, un spin-off universitaire.
Capacité d'emport supérieure
La boîte de 20 pieds est présentée comme plus solide que son équivalent en acier, plus « intelligente » dans sa version IoT, mieux isolée et surtout avec une charge utile de 28 t au lieu de 24 t pour un conteneur standard. Ses artisans vantent son design aérodynamique qui permettrait de réduire de 4 % la consommation de carburant et de 20 % les émissions de CO2 grâce à la diminution de l'usage du polypropylène (qui consomme 65 000 t).
Alternative viable aux reefers pour le fret de valeur
« Les variations de température sont considérablement réduites grâce à l'isolation structurelle du conteneur, ce qui le rend éligible pour un large éventail de marchandises sensibles et de grande valeur », indique la société, qui en fait une « alternative viable » aux reefers avec une capacité supplémentaire d’emport de 11 %.
« Grâce à ses parois composites planes, il ne présente ni bosses ni arêtes coupantes pour plus de sécurité dans la manipulation. » Des avertisseurs de sécurité créent une visibilité pour toutes les parties prenantes, assure l'entreprise.
Une tour de contrôle intelligente
Via une tour de contrôle, Aeler est en mesure de suivre le conteneur à tout moment, par exemple, en cas d'ouvertures de portes et de chocs. Mais en l'occurrence, il n'y pas vraiment de facteur différenciant à ce titre. Le smart conteneur en acier existe aussi.
En 2022, Aeler a mené à bien 80 projets pilotes avec de grandes entreprises telles que Procter & Gamble, qui lui permettent de lancer la production de quelques milliers d'unités, fait-elle valoir.
Adeline Descamps