Avec une capacité mondiale de 302 403 EVP, PIL a récemment quitté le cercle des dix premiers transporteurs mondiaux de la ligne régulière, offrant la 10e place à l’israélien ZIM. Avec la vente de deux navires supplémentaires, c’est par le chinois Wan Hai qu’il est maintenant déclassé. Les trois compagnies affichent désormais la même part de marché mondiale.
Avec la compagnie singapourienne PIL, l’on assiste en direct au naufrage lent et progressif d’une des plus grandes compagnies maritimes d'Asie du Sud-Est. En difficulté depuis deux ans, la compagnie maritime de SS Teo-led s’est d’abord retirée du marché transpacifique, puis s’est délestée de participations dans des compagnies (Pacific Direct Line) ou de sociétés (fabrication de conteneurs) et aurait même vendu le bâtiment de 17 étages qui lui servait de siège dans le quartier central des affaires de Singapour. Depuis quelques semaines, elle a franchi un autre cap, traumatisant et plus remarquable au sens premier du terme : la vente de navires. En l’état, l’armement, dont le fondateur vient de décéder, s’est séparé de plusieurs navires de la classe Kota, des porte-conteneurs de 11 923 EVP dont la série comptait initialement une douzaine d’unités construites entre 2017 et 2019.
Les courtiers indiquaient il y a quelques semaines que quatre autres de la série pouvaient faire l’objet de ventes rapidement. C’est chose faite. Le courtier grec Lion Shipbrokers rapporte les ventes des deux sisterships Kota Pemimpin et Kota Petani, ce dernier étant sur le service AC5 depuis mars.
Une issue singapourienne pour PIL ?
Changement dans le classement
Les deux navires, construits en 2018 par le chantier naval chinois Yangzijiang, ont été acquis par Seaspan pour 89 M$. L'armement canadien a acheté plusieurs navires de la compagnie singapourienne de PIL au cours des douze derniers mois. L'opérateur de porte-conteneurs, non exploitant, avait annoncé en février l'acquisition de quatre porte-conteneurs de 12 000 EVP, dont trois construits en 2018 et un en 2017, pour un prix global de 367 M$.
À l'issue de l'opération, la flotte de Seaspan comptait 123 navires d'une capacité de 1,02 MEVP. Il s’agissait alors de la 11e acquisition de porte-conteneurs au cours des cinq derniers mois, qui ajoutait environ 117 000 EVP à sa capacité. Voilà donc la flotte qui s’étoffe de deux navires de plus.
Après ces dernières ventes, PIL dispose désormais d’une capacité de 302 403 EVP selon le classement d’Alphaliner qui répertorie les armements de la ligne régulière selon leur capacité conteneurisée. Deux compagnies se disputent âprement les places : ZIM (318 840 EVP) et la chinoise Wan Hai avec une capacité de 306 643 EVP. Les trois détiennent une part de marché mondiale de 1,3 %.
Un prêt garanti par l'État de 450 M$ pour PIL ?
En sursis
Au chevet de PIL, Heliconia Capital Management, qui fait partie du fonds souverain Temasek Holdings, devrait mettre sur la table entre 400 et 450 M$ en liquidités pour l’aider à apurer ses dettes et garantir sa pérennité. Fin mai, elle a obtenu de treize de ses créanciers, totalisant 97,6 % de sa dette totale, un moratoire sur les paiements du principal de la dette (montant net du capital emprunté) et des intérêts jusqu'au 31 décembre.
Adeline Descamps
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