Les difficultés financières du 10e transporteur mondial de conteneurs continuent d’alimenter les spéculations. Après avoir annoncé en février qu’il abandonnait le marché transpacifique, cédé quelques navires, la société singapourienne vend des participations et des actifs industriels.
Cela fait plusieurs mois que la compagnie de Singapour est au cœur de toutes les conjectures, les analystes traquant le moindre de ses mouvements qui puissent traduire une défaillance. Le 10e transporteur maritime de conteneurs (1,6 % de parts de marché mondiales, 387 443 EVP) est en effet dans une situation délicate.
Selon Alphaliner, PIL aurait cette fois vendu sa participation dans Pacific Direct Line (PDL), compagnie qui exploite cinq unités de 520 à 940 EVP dans les îles du Pacifique Sud. La Singapourienne avait acquis 60 % des parts de PDL en 2006 aux côtés de la famille Ravel, actionnaire historique de PDL, par ailleurs à la tête de Sofrana Unilines, fondée en 1968. L’opération aurait été contractée en fin d’année dernière mais PIL n’a toujours pas confirmé. L'acquéreur serait la Wonderful Company, croit savoir le consultant néerlandais. Cette entreprise détient déjà Neptune Pacific Line (trois navires de 600 à 1 700 EVP, opérant également dans les îles du Pacifique Sud) et est actionnaire à hauteur de 50 % de Pacific Forum Line (PFL), qui opère un porte-conteneur de 980 EVP avec PDL sur la route Australie-Îles du Pacifique.
Désengagement
Ces tractations suivent de près plusieurs ventes repérées par les courtiers. Quatre navires de 11 923 EVP auraient été cédés à la compagnie chinoise Seaspan pour 367 M$. En début de semaine, c’est une autre Chinoise, Wan Hai Lines, qui a annoncé avoir acquis, pour 186,8 M$, deux navires de 11 923 EVP – Kota Panjang et Kota Perwira – qu’elle affrétait déjà à PIL. Wan Hai, liée par un partenariat transpacifique avec PIL et Cosco, met ainsi la main sur des unités d’une taille encore inexistante dans sa flotte.
Les deux unités font partie d'un programme de 12 sisterships, dont le contrat de construction avait été signé en 2015 entre Yangzijiang et PIL. Seaspan a financé, pour sa part, son acquisition via le crédit-bail auprès de trois banques chinoises (ICBC Finance Leasing, Minsheng Financial Leasing et China Construction Bank). Selon le contrat conclu entre l'ICBC et PIL, chaque unité de la série avait alors été évaluée à environ 90 M$. « Le prix unitaire de 93,4 M$ reflète la forte demande pour des tonnages récents et bien équipés », indique Alphaliner. Les 1 400 prises reefers ont sans doute contribué à leur donner de la valeur.
Adeline Descamps
Conteneurs : PIL ou le signe avant-coureur d'une nouvelle étape de la consolidation ?